Joseph Stiglitz : “L’Union européenne est en train de détruire son avenir”

L'économiste américain Joseph Stiglitz. © Image Globe / PANTELIS SAITAS

L’économiste américain et Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz n’est pas très optimiste sur l’avenir de l’Europe.

Joseph Stiglitz exprime sa préoccupation dans une interview publiée dans le quotidien français Le Monde. Cette interview a eu lieu suite à la sortie, ce 2 septembre, de son nouveau livre La Grande Fracture ( ‘The Great Divide: Unequal Societies and What We Can Do About Them’), disponible en librairie.

Bien que ‘La Grande Fracture’ traite en premier lieu des inégalités économiques aux Etats-Unis, Stiglitz met également en lumière, lors de l’interview avec le journal, l’avenir du ‘Vieux Continent’. Et celui-ci ne paraît pas précisément rose, du moins si l’on en croit le Prix Nobel d’économie de 2001.

Pauvres Grecs

Stiglitz n’est clairement pas optimiste au sujet du troisième plan d’aide à la Grèce: “Ce plan est la garantie que la Grèce va s’enfoncer dans une longue et douloureuse dépression. Je ne suis pas très optimiste.”

L’économiste voit cependant une bonne nouvelle dans l’attitude du Fonds monétaire international (FMI), qui milite pour un allégement de la dette publique. “Cela n’a pourtant pas empêché les créanciers d’Athènes d’adopter un programme d’aide ne disant pas un mot sur le sujet.”

La question de la dette

A la question ‘pourquoi la dette est-elle un sujet aussi sensible en Europe ?’, Stiglitz répond qu’il y a deux raisons. “La première est qu’il y a confusion”, dit Stiglitz. “La dette y est conçue comme un frein à la croissance, alors qu’au contraire, elle est l’assurance de la prospérité future, lorsqu’elle sert à financer des investissements clés. Les Européens l’ont oublié.”

En deuxième lieu, Stiglitz souligne la menace de la politique d’une partie de la droite du Vieux Continent, qui “alimente l’hystérie autour de la dette dans le but d’atteindre l’Etat providence. Leur objectif est simple : réduire le périmètre des Etats.”

“C’est très inquiétant”, déclare l’économiste. “A s’enfermer dans cette vision du monde, l’obsession de l’austérité et la phobie de la dette, l’Union européenne est en train de détruire son avenir”, conclue-t-il. (BO)

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