Jean-Luc Crucke : “Il n’y aura pas de plan social à l’aéroport de Charleroi”

Le ministre Jean-Luc Crucke entouré de quelques administrateurs, dont le nouveau président, Gilles Samyn (cravate orange). © Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Un nouveau conseil d’administration a été mis en place à l’aéroport de Charleroi, présidé par Gilles Samyn. C’est le premier pas d’un plan de renflouement et de relance, pour donner un futur à un aéroport mis à genoux par le covid.

“Il n’y a pas eu et il n’y aura pas de plan social”, a précisé Jean-Luc Crucke, ministre de tutelle des aéroports wallon, lors de l’installation d’un nouveau conseil d’administration de Brussels South Charleroi Airport (BSCA), jeudi après-midi 24 juin. Il a voulu rassurer le personnel, un peu nerveux ces dernières semaines. L’ effectif direct de BSCA dépassent les 600 personnes.

Un conseil d’administration très professionnel

Ce nouveau conseil est le premier acte d’une série d’opérations destinées à rétablir les comptes d’un aéroport durement touché par les effets de la pandémie. Il est plus ramassé et plus professionnel, sur le modèle du changement réalisé l’an dernier à l’aéroport de Liège. Outre Gilles Samyn, qui le préside, on y retrouve Bernard Gustin, ancien CEO de Brussels Airlines, comme vice-président (représentant Belgian Airport, actionnaire privé), Stéphane Burton, CEO du groupe Blueberry (Sabena Aerospace et Sabca), nouvelle coqueluche du monde aéronautique belge, et Alain Belot, le directeur financier de la Sowaer (Société wallonne des Aéroports), l’homme des finances des aéroports wallons. La Région reste représentée notamment par Vincent Debruyne, pour Ecolo.

Le conseil va mettre en oeuvre les décisions concoctées par un groupe de travail créé par le ministre Jean-Luc Crucke, qui a été chercher, pour le présider, Gilles Samyn, ancien lieutenant d’Albert Frère, financier reconnu, pour élaborer un dispositif destiné à sortir l’entreprise de l’ornière qui aurait pu lui être fatale.

Un renflouement de 40 millions d’euros

Deux trains de décisions seront lancés. Le premier est le renflouement de l’aéroport, qui a perdu 22 millions l’an dernier et devrait perdre encore cette année. Le montant est de 40 millions d’euros de renflouement, dont un abandon de créance de la Région sur l’aéroport de 10 millions d’euros, sur les redevances dues pour l’exploitation de l’infrastructure aéroportuaire (pistes, aérogare,…), qui appartiennent à la Sowaer (Société wallonne des Aéroport, propriété de la Région). Un premier apport en liquide sera fait par l’actionnaire privé de BSCA, Belgian Airport (groupe italien Save), de 10,8 millions d’euros, qui passera de 27,6 % à 48,32 % du capital, au terme d’une augmentation de capital. Il deviendra premier actionnaire de l’entreprise.

Le solde sera obtenu par deux autres augmentations de capital, fin 2021 et fin 2022, auxquelles souscriront tous les actionnaires (Belgian Airports, Sowaer, Région wallonne, Sambrinvest, Igretec, Sabca). Ce dispositif est suspendu à un accord de la Commission européenne.

Augmenter les recettes, réduire les coûts

Le deuxième volet, simultané, consiste à améliorer le profil financier de l’aéroport, qui est peu ou pas rentable, même avec plus de 8 millions de passagers en 2019. Le conseil d’administration et le CEO de BSCA, Philippe Verdonck, mettront en oeuvre une série de mesures d’amélioration des recettes et de réductions de coûts. Un accord a été signé en ce sens avec le premier client de l’aéroport, Ryanair, qui accepterait de payer plus (il ne paie qu’un euro par passager actuellement), moyennant des engagements de BSCA. Le contenu de l’accord est confidentiel. Les réductions des coût “de l’ordre de 7 à 10 millions d’euros” devraient être organisées, a précisé Gilles Samyn.

“Nous croisons les doigts”

Le nouveau président de BSCA espère revenir à l’équilibre en 2024 et à “un niveau normalisé de rentabilité en 2025” espère Gilles Samyn, qui mise sur 6,5 millions de passagers d’ici deux ans ; “nous croisons les doigts”.

Parmi les sources nouvelles de revenu, il y a potentiellement les longs courriers, une fois que ce trafic reviendra en force en Europe, grâce à l’allongement de la piste en cours, presque achevé, qui pourrait être inauguré en octobre/novembre prochain.

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