Trends Tendances

Il y a des limites au sponsoring du ‘non-travail’

La discussion concernant les chômeurs en charge d’un proche malade et qui doivent rester disponibles pour le marché du travail est d’une importance secondaire. Le gouvernement devrait plutôt se demander quelles formes de ‘non-travail’ il souhaite encore sponsoriser.

Jusqu’au début de cette année, les chômeurs en charge d’un proche malade pouvaient être libérés de l’obligation de chercher un travail. En échange, ils percevaient moins d’allocations. Cette mesure a été supprimée le 1er janvier pour des raisons d’économie. Maintenant, le ministre fédéral du Travail Kris Peeters (CD&V) souhaite à nouveau l’adapter: il a l’intention de proposer un nouvel arrangement qui accorde une exemption de disponibilité en cas de soins à prodiguer à un proche. Les chômeurs concernés devront présenter un certificat pour prouver qu’ils doivent bien s’occuper d’un membre de la famille ou d’un enfant gravement malade.

Le plaidoyer de Kris Peeters a entraîné un énième désaccord entre les partenaires de coalition fédérale N-VA et CD&V. Et pour les opposants du gouvernement Michel, la suppression de cette exemption prouve que l’équipe gouvernementale est asociale et impitoyable.

Il est dommage de mettre autant d’énergie politique dans une mesure qui exerce un impact budgétaire aussi limité: 12 millions d’euros pour être précis. C’est un petit montant sur les 80 milliards d’euros de la sécurité sociale. C’est peu aussi par rapport aux dépenses de l’ONEM en chômage, interruption de carrière, prépension, congés thématiques et crédit-temps. Au total, il s’agit de presque 8 milliards d’euros de dépenses par an.

Les coûts de toutes sortes de groupes qui ne travaillent pas ou que l’Etat soutient par un temps partiel – tel que le crédit-temps – a fort augmenté ces dernières années. En 2000, ces dépenses totales de l’ONEM s’élevaient encore à 5,9 milliards d’euros.

Pas de prépension

Ces dépenses du marché du travail passives, comme les appelle l’OCDE, figurent parmi les plus élevées du monde industrialisé. En Belgique, elles se chiffrent à un peu plus de 2% du produit intérieur brut (PIB). Il n’y a qu’en Espagne et en Irlande qu’elles sont plus élevées. Les chiffres de l’OCDE démontrent également qu’en proportion il n’y a aucun pays qui dépense autant en sorties anticipées du marché du travail, la prépension donc.

Cependant, le gouvernement Michel a annoncé et instauré un certain nombre de mesures qui doivent faire baisser les dépenses. Il y a l’allocation d’insertion qui est limitée dans le temps. L’allocation pour les crédit-temps non motivés est supprimée. Les conditions d’indemnités de fin de carrière – le crédit-temps pour les employés plus âgés – se durcissent également: l’âge minimum est rehaussé de 55 à 60 ans. En outre, la prépension est rendue moins attirante.

Enfin, on fait comprendre à la population que la prépension est une forme de chômage et non un passage vers la pension. Aussi est-il normal que les prépensionnés qui n’ont pas encore 60 ans restent disponibles pour le marché du travail.

Compte-carrière

Toutes ces mesures feront baisser lesdites dépenses passives du marché de l’emploi. Cependant, la Belgique est encore loin de la moyenne de l’OCDE: 0,8 % du PIB. En fait, il faudrait réduire les dépenses de l’ONEM de moitié: de 8 milliards à 4 milliards d’euros. Pour atteindre cet objectif, il en faut beaucoup plus et la discussion sur les chômeurs qui s’occupent d’un proche malade est d’une importance secondaire.

Il faut ouvrir le débat et le gouvernement doit faire comprendre que les systèmes comme la prépension finiront par disparaître et qu’il y a des limites au sponsoring du “non-travail”. Cela signifie donc aussi qu’un durcissement plus poussé du temps-crédit et de l’interruption de carrière est inévitable.

Étant donné qu’il y a de plus en plus de raisons pour mettre une carrière sur pause, le système risque de devenir impayable. C’est pourquoi la Belgique devrait évoluer vers un système mixte de crédit-temps et de compte-carrière qui permet d’économiser du temps et de l’argent pendant une carrière. Le gouvernement fédéral désire mettre sur pied un tel compte-carrière mais la tâche ne sera pas simple, car selon les experts du marché de l’emploi, il n’existe pas vraiment de bon exemple dans le monde.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content