Grèce: grève contre la fermeture de la radiotélévision publique et l’austérité

© Reuters

La Grèce tournait au ralenti jeudi matin, après un appel à la grève générale lancé par les deux principaux syndicats du pays pour protester contre la fermeture autoritaire de la radiotélévision publique ERT mardi soir, qui a choqué l’opinion grecque et le reste de l’Europe.

Les transports, les administrations devaient être les plus touchés par le mouvement lancé dans l’urgence, après l’émotion soulevée par l’extinction radicale de tous les écrans des chaînes de télévision et de toutes les stations de radio du service public mardi soir, décidée par le gouvernement du conservateur Antonis Samaras, qui supprime d’un coup 2.700 emplois du secteur public.

Les journalistes sont aussi en grève, ce qui fait qu’aucun journal n’est paru jeudi. Des manifestations devant le siège de l’ERT sont prévues en fin de matinée.

Le Premier ministre, dont le parti Nouvelle Démocratie est le seul de la coalition gouvernementale à soutenir cette fermeture, a défendu la décision mercredi soir en qualifiant l’ERT de “foyer d’opacité et de gaspillage”. “L’ERT des privilèges s’est écroulée (…) on ne ferme pas la télévision publique, une nouvelle station sera créée très prochainement”, a-t-il assuré.

“Nous protégeons l’intérêt public”, “notre projet de loi (qui sera discuté au parlement) visant à la création d’une nouvelle télévision grecque” sera “la réforme la plus radicale et la plus démocratique jamais faite dans le pays”, a-t-il déclaré.

Mais dans un pays dont la récession qui dure depuis six ans a pris les visages d’une véritable dépression économique avec un taux de chômage à 27%, qui explose à 60% chez les moins de 24 ans, opposition et syndicats accusent le gouvernement d’avoir fomenté un “coup d’état” contre le peuple grec, avec cette fermeture autoritaire d’une société très chargée symboliquement.

Dans toute l’Europe, plusieurs organisations professionnelles des médias ont aussi exprimé leur condamnation, tandis que l’embarras était perceptible du côté des autorités des pays européens partenaires.

Les ministres des Affaires étrangères espagnol et français José Manuel Garcia-Margallo et Laurent Fabius ont regretté mercredi à Madrid la fermeture de l’ERT, le ministre espagnol mettant en garde contre “l’austérité comme dogme idéologique”.

“Il faut imaginer dans nos pays ce que signifierait, si j’ai bien compris sans qu’à aucun moment cela ait été évoqué, l’arrêt de la télévision. Vous êtes habitués à brancher vos chaînes et vous vous retrouvez avec un écran noir”, a déclaré le ministre français.

“Pour employer un euphémisme, je ne suis pas sûr que ce soit la bonne façon de faire aimer les décisions politiques”, a ajouté M. Fabius.

La Commission européenne avait auparavant dit prendre note de la décision des autorités grecques de fermer ERT, rappelant toutefois la “place essentielle dans la démocratie européenne” de la télévision publique.

Athènes s’est engagé auprès de ses créanciers, dont l’Union européenne fait justement partie, à supprimer des milliers d’emplois dans le secteur public pour réduire ses déficits.

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