Goodyear : Arnaud Montebourg déclare la guerre au PDG de Titan

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Le ministre français du Redressement productif Arnaud Montebourg a déclaré la guerre mercredi au patron de la société américaine Titan qui avait raillé les ouvriers d’une usine Goodyear dans le nord de la France, vouée à la fermeture.

Il l’a menacé d’un redoublement des contrôles douaniers sur ses importations de pneus en France. “Vos propos aussi extrémistes qu’insultants témoignent d’une ignorance parfaite de ce qu’est notre pays, la France”, écrit le ministre dans un courrier virulent rendu public mercredi soir. Cette nouvelle missive répondait à une lettre du patron de Titan, Maurice M. Taylor, révélée mercredi par le quotidien français les Echos, qui critiquait violemment les ouvriers de Goodyear et les travailleurs français.

“Soyez assuré de pouvoir compter sur moi pour faire surveiller par les services compétents du gouvernement français avec un zèle redoublé vos pneus d’importation”, a même averti M. Montebourg.

Titan International avait proposé en 2012 de reprendre plus de 500 salariés de l’usine en difficulté à Amiens dans le nord de la France, mais le projet avait ensuite capoté, et la relance du gouvernement en janvier 2013 pour réfléchir à une éventuelle reprise, avait déclenché la lettre de M. Taylor.

“Les salariés discutent pendant trois heures et travaillent pendant trois heures”, “vous pouvez garder les soi-disant ouvriers”: le patron du groupe américain de pneumatiques agricoles n’avait pas mâché ses mots dans son courrier au ministre.

“Goodyear a essayé pendant plus de quatre ans de sauver une partie des emplois à Amiens, qui sont parmi les mieux payés, mais les syndicats et le gouvernement français n’ont rien fait d’autre que de discuter”, a écrit M. Taylor, parlant de “syndicat fou” et insistant sur la responsabilité du gouvernement français dans ce dossier.

Cette lettre à Arnaud Montebourg n’est pas “une lettre à une petite amie, on parle d’affaires”, a admis M. Taylor mercredi dans un entretien à l’AFP aux Etats-Unis.

Il a raconté, en prenant l’accent français, que dans ses missives, Arnaud Montebourg lui demandait de “relancer les négociations”. “Je lui ai dit ‘vous êtes dingue’, ajoutant il n’y a pas de négociations possibles puisque nous sommes les seuls au monde à avoir voulu mettre de l’argent dans l’usine”.

Les ouvriers français, “on ne peut pas les suspendre, on ne peut pas les licencier”, a encore déploré le patron américain ajoutant que “bientôt, en France (il n’y aura plus d’emplois) et tout le monde passera la journée assis dans les cafés à boire du vin rouge”.

Il a même prédit que le fleuron français des pneumatiques, Michelin, risquait lui aussi de ne plus pouvoir survivre en France. Dans sa réponse mercredi, M. Montebourg a rappelé le nombre d’entreprises américaines installées en France et a insisté sur les liens historiques unissant les deux pays, invoquant l’aide du Marquis de La Fayette à l’indépendance américaine ou le débarquement américain en Normandie du 6 juin 1944.

“Puis-je vous rappeler que Titan, l’entreprise que vous dirigez, est 20 fois plus petite que Michelin, notre leader technologique français à rayonnement international, et 35 fois moins rentable”, a encore souligné le ministre.

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