France/Arabie saoudite: 18 milliards en accords commerciaux et “ce n’est pas fini”

Mohammed ben Salmane et Emmanuel Macron © AFP

La visite en France du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane s’est conclue mardi avec la signature d’accords commerciaux entre entreprises françaises et saoudiennes pour 18 milliards de dollars et l’espoir de contrats plus importants à venir.

“Ce n’est pas fini”, a assuré à l’AFP Lina Khaled Al maeena, une membre du Majlis Choura, l’assemblée consultative du roi d’Arabie saoudite. “Il y a beaucoup de choses dans les domaines de la culture, du tourisme, des technologies… C’est énorme. Il s’agit de construire les bases pour une collaboration stratégique et ce n’est pas fini”.

Parmi les lettres d’intention, le projet pétrochimique conclu entre le français Total et le saoudien Aramco apparaît comme l’un des plus importants. L’investissement, estimé à environ 5 milliards de dollars, permettra de développer un site à Jubail, dans l’est du pays, où se trouve déjà la plus grosse raffinerie de Total dans le monde.

Le groupe français Saur, spécialisé dans le traitement de l’eau, est aussi déjà présent dans cette ville industrielle démesurée. “Il s’agit de projets d’envergure considérable”, s’enthousiasme Emmanuel Vivant, directeur international de Saur. “On gère des infrastructures considérables, avec des volumes qu’on n’a pas l’habitude de traiter dans le reste du monde : on parle en centaines de milliers de mètres cube, on parle de montants d’investissement en centaines de millions d’euros”.

Pour les chefs d’entreprise français, la visite de Mohammed ben Salmane représentait l’occasion de mieux cerner les opportunités économiques s’ouvrant à eux, depuis que “MBS” a lancé en 2016 un vaste plan de réformes dans son pays. Baptisé “Vision 2030”, ce programme vise à attirer les investissements étrangers pour diversifier l’économie du royaume, encore trop dépendante du pétrole.

Le prince héritier mène ainsi une campagne de séduction auprès des Occidentaux. Mais les protocoles d’accord signés en France ne tiennent pas la comparaison avec les contrats engrangés aux États-Unis, où le prince héritier a passé trois semaines, contre trois jours à Paris.

“On socialise d’abord”

“L’essentiel de l’innovation a lieu aux États-Unis”, a souligné le directeur-général du fonds souverain saoudien (Public Investment Fund, PIF), Yasir Al Rumayyan, devant les patrons français rassemblés au forum d’affaires franco-saoudien. “C’est là que se trouve la créativité qui se répand ensuite dans le reste du monde.”

Nicolas Dufourcq, le directeur général de la banque publique d’investissement Bpifrance, avait pourtant tenté peu avant un plaidoyer pour moderniser l’image de l’Hexagone. “La France est une autre Silicon Valley (…), ce n’est pas seulement un pays d’hôtels, de restaurants et de tourisme, c’est une grande puissance technologique.”

L’essentiel des protocoles paraphés mardi concernent néanmoins des secteurs industriels traditionnels. La société d’équipements et solutions électriques Schneider Electric a signé quatre accords avec des acteurs publics et privés saoudiens, sans donner d’indices sur leurs modalités financières. Veolia a de son côté finalisé une lettre d’intention liée au traitement des eaux usées industrielles avec Aramco et Saudi Arabian Industrial Investments Company (DUSSUR).

Suez et le fonds Five Capital, filiale de la Caisse des dépôts (CDC) mis en place pour financer des investissements français en Arabie Saoudite, vont acquérir une participation majoritaire dans EDCO, une entreprise saoudienne spécialisée dans le recyclage des déchets dangereux.

Five Capital soutient également le groupe de médias numériques français Webedia (Allociné, Purepeople, Jeuxvideo.com…) dans sa prise du contrôle du groupe saoudien de divertissement en ligne Uturn Entertainment. Le montant de cet investissement est d’environ 100 millions de dollars, selon une source proche du dossier.

Uturn espère ainsi devenir le “leader des contenus arabes dans le monde” et son PDG, Kaswara Alkhatib, semble ravi d’avoir trouvé des partenaires français. “J’aime leur façon de travailler, c’est comme nous : on socialise d’abord, on va au restaurant, et ensuite on fait des affaires”, explique-t-il à l’AFP.

Mohammed ben Salmane bouclait mardi une visite officielle de deux jours en France, à teneur culturelle et diplomatique plus qu’économique. Le président français Emmanuel Macron a d’ailleurs déjà annoncé qu’il se rendrait en Arabie saoudite en fin d’année, cette fois pour parapher des contrats.

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