Fonctionnaires : la “cible facile” de Di Rupo Ier ?

Le ministre Van Quickenborne veut arriver à un système de pension unique pour les fonctionnaires, les travailleurs et les indépendants. “Ce qu’il veut, c’est qu’à terme, la pension plus élevée des fonctionnaires disparaisse !”, traduit le PTB, qui énumère les 5 menaces qui planent au-dessus des fonctionnaires fédéraux.

Près de 200.000 emplois ont été créés en 10 ans dans le secteur public belge. La hausse des dépenses primaires depuis 2000 est carrément supérieure à la hausse du PIB belge sur la même période, pointe la Banque nationale dans son dernier rapport annuel. Cela ne va pas sans poser de problèmes en matière budgétaire, a mis en garde Luc Coene. Le gouverneur de la BNB estime qu’il faut mettre “un frein” à cette croissance de l’emploi public, soulignant la pression à la hausse sur les salaires que cela engendre.

Les fonctionnaires fédéraux représentent 140.000 des 800.000 fonctionnaires du pays. S’ils travaillent dans les ministères, ils n’ont pas été épargnés par les ministres de Di Rupo Ier, dénonce le Parti du travail de Belgique sur son site Internet : “Ils vont travailler plus longtemps, pour de plus petites pensions. Et certains d’entre eux ont un avenir incertain.” Le PTB les compte par conséquent parmi les “victimes du gouvernement Di Rupo”.

Voici, énumérés par le parti de gauche, les 5 menaces qui planent désormais sur les fonctionnaires fédéraux.

1. Les fonctionnaires fédéraux travailleront plus longtemps

“Les fonctionnaires, comme tout un chacun d’ailleurs, ne peuvent plus prendre leur pension anticipée qu’à 62 ans, au lieu de 60. Et, à partir de 2016, ce ne sera possible qu’après 40 ans de carrière. Celui qui a étudié plus longtemps et n’a commencé à travailler qu’à 24 ans, par exemple, ne pourra pas prendre sa pension avant 64 ans. Et cela, sans compter les éventuelles interruptions de carrière.”

“Ces dernières années, les autorités fédérales ont embauché relativement peu de monde. Et, entre 2008 et 2018, un tiers des fonctionnaires sont arrivés ou arriveront à l’âge de la pension. Le rythme de travail a augmenté. Ils sont donc nombreux à envisager un départ anticipé, car travailler deux ans de plus est particulièrement pénible.”

2. Les fonctionnaires fédéraux auront des pensions réduites

La CGSP, le syndicat des services publics de la FGTB, a fait la comparaison : “Les pensions de fonctionnaires en Belgique (pour ceux qui ont une carrière complète de statutaire) tournent autour de la moyenne de toutes les pensions au sein de l’UE. Les pensions privées, en Belgique, sont par contre en queue du peloton européen.” Traduction : ce ne sont pas les pensions des fonctionnaires qui sont trop élevées, ce sont les pensions privées qui sont trop basses.

Pourquoi cette différence ? “Les pensions des fonctionnaires sont calculées sur le traitement des cinq dernières années de carrière, celles où l’on est le mieux payé. Les pensions privées sont calculées sur la moyenne de toute la carrière.”

Désormais, “les pensions publiques seront calculées sur base de la moyenne des 10 dernières années, et non plus des cinq dernières années. Cela s’applique à tous ceux qui n’ont pas encore 50 ans aujourd’hui. Le service d’études du PTB a calculé que cela équivaut à une perte de revenu de 3 % à 12 % selon les statuts.”

Vincent Van Quickenborne, ministre des Pensions, veut arriver à un système de pension unique pour les fonctionnaires, les travailleurs et les indépendants. “Ce qu’il veut, c’est qu’à terme, la pension plus élevée des fonctionnaires disparaisse”, sous-titre le PTB.

3. Les fonctionnaires fédéraux bénéficieront d’un système d’interruption de carrière moins intéressant

“Aux autorités fédérales, il existe un système d’interruption de carrière assez avantageux. Durant une carrière, on peut travailler six ans à mi-temps et interrompre sa carrière complètement pendant six ans. L’indemnité est moindre que le crédit-temps dans le secteur privé, mais cela donne tout de même la possibilité d’échapper à la pression du travail et/ou de rester un temps à la maison pour s’occuper de ses enfants ou d’un parent malade. Ce sont donc les femmes fonctionnaires qui y ont le plus recours.”

Avec “effet immédiat”, ces “deux fois six ans” ont été ramenés à deux fois cinq ans, pointe le PTB. “Et, d’ici à 2020, ce ne sera plus qu’une seule année en tout. Dès 2012, les périodes d’interruption de carrière ne seront plus assimilées qu’à une seule année pour le calcul de votre carrière. Ceux qui prennent de longues interruptions devront donc travailler plus longtemps.”

Dans un premier temps, la réglementation de départ au-dessus de 55 ans avait été supprimée. “Sous la pression des syndicats, elle sera sans doute réintroduite, avec des conditions moins favorables.”

L’interruption de carrière était à l’origine une mesure qui devait permettre d’engager des chômeurs comme remplaçants, rappelle encore le parti de gauche. Même si l'”obligation de remplacement” a été supprimée depuis de nombreuses années, “un grand nombre de personnes ont, de fait, un contrat de remplacement. Qu’adviendra-t-il de ces gens quand ceux qui ont interrompu leur carrière reviendront travailler, parce que leur crédit-temps est épuisé ou qu’ils ne veulent pas hypothéquer leur future pension ?”

4.Les fonctionnaires fédéraux subiront des économies de moyens

“Le gouvernement veut également intervenir directement dans les budgets du personnel : cette année, il faudra rogner 136 millions, et, les années suivantes, 244 millions. Conséquence directe : moins de personnel, qui doit travailler plus dur.” Les premiers licenciements ont lieu à la Caisse auxiliaire de paiement des allocations de chômage (Capac), dénonce le PTB, et “d’autres services vont suivre”.

De même, “les moyens de fonctionnement (infrastructures, investissements, etc.) doivent diminuer de 107 millions d’euros. Outre le personnel, la population qui fait appel à ses services verra la différence.”

5.Les fonctionnaires fédéraux sont menacés par la scission des services fédéraux

“La scission d’un certain nombre de services fédéraux pend comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête des fonctionnaires. L’accord papillon sur la réforme de l’Etat prévoit qu’au moins 5.000 fonctionnaires fédéraux seront mutés vers les Régions. Aujourd’hui, ils connaissent une grande incertitude quant à leur travail et à leur avenir. Devront-ils déménager ? Si oui, à quelles conditions ? Seront-ils vraiment les bienvenues dans ces services régionaux ?”

Trends.be

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