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Faut-il s’inspirer de Donald Trump ?

Ces derniers jours, Punch Powertrain, une très belle entreprise du pays qui dispose d’un quartier général à Saint-Trond, de sites en Europe et en Chine, a dû sabrer dans ses effectifs. Ce spécialiste des boîtes de vitesses pour les véhicules électriques et hybrides, qui a notamment comme grand client le groupe chinois Geely, la maison mère de Volvo, va licencier 172 ouvriers et 16 employés de son site limbourgeois. En cause, le ralentissement de la croissance du marché automobile en Chine et en Europe.

Voilà une preuve, parmi d’autres, que la guerre commerciale qui fait rage entre Washington et Pékin nous touche directement. La stratégie commerciale de Donald Trump n’est bonne pour personne et est inefficace pour tous : en jouant sur les tarifs douaniers, le président américain ne forcera pas la Chine à acheter davantage de produits américains. Il rendra simplement plus cher aux consommateurs américains les produits chinois qu’ils achetaient déjà. Et ralentit la croissance mondiale.

Cependant, dans la politique économique américaine, un autre élément est nettement moins négatif, même si l’on en parle beaucoup moins. A rebours de toutes les anciennes théories économiques, les Etats-Unis ont en effet montré qu’il était astucieux de soutenir, par des incitants fiscaux et une politique monétaire très souple, une économie qui a pourtant déjà atteint le plein emploi.

Un soutien qui était considéré par les économistes classiques comme une hérésie. Normalement, lorsqu’une économie tourne à plein régime, on rehausse les taux afin d’éviter la surchauffe et on essaie d’équilibrer le budget. C’est cependant l’inverse qui a été pratiqué outre-Atlantique. Et il faut l’avouer, cette politique non conformiste a des conséquences très positives, ramenant sur le marché du travail des personnes qui l’avait déserté depuis un certain temps, et forçant les entreprises à se creuser les méninges pour accroître leur productivité. Les firmes américaines doivent en effet répondre à une demande qui ne fait que progresser (au deuxième trimestre, la consommation intérieure américaine a augmenté de… 4,7% ! ) alors qu’elles sont confrontées à des problèmes de recrutement.

Rendons à César ce qui appartient à César : c’est Janet Yellen, l’ancienne présidente de la Fed, qui avait ébauché cette ” théorie de la surchauffe “. C’est elle qui avait suggéré de continuer à soutenir malgré tout la croissance économique avec une politique monétaire accommodante, même si l’économie semblait être en bonne santé, afin de remettre au travail une série d’Américains qui ne travaillaient plus. Donald Trump, avec ces incitants fiscaux bénéfiques aux entreprises, a été dans le même sens.

La stratégie a donc fonctionné. Oubliée, la crainte d’une ” stagnation séculaire “, qui était le thème à la mode voici trois ans. Les Etats-Unis connaissent une croissance forte (3,2% au premier trimestre, 2% au deuxième). Ils vivent 11 années de hausse ininterrompue. Certes, la machine fatigue un peu désormais, et on semble en fin de cycle, mais les Américains ont réussi entre-temps à gonfler la cylindrée de leur moteur économique : ils sont en effet parvenus à augmenter leur croissance potentielle, c’est-à-dire la croissance qu’aurait l’économie américaine si elle utilisait ses facteurs de production (le capital, la technologie, le travail) de manière optimale. En Europe, au contraire, la croissance potentielle est en baisse depuis la crise de 2008 et stagne aux alentours de 1 à 1,5%.

La vie des économistes sous Donald Trump s’apparente donc à celle des ” Jedi “. Comme dans Star Wars, il existe un côté obscur et un côté lumineux à la politique américaine. S’il est juste de condamner le côté obscur, nous ferions bien de nous inspirer du côté lumineux, et de penser, comme les Etats-Unis, à la croissance avant de nous inquiéter du budget. Car aucune récession n’a jamais permis de remettre les finances publiques en ordre…

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