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“Etre constructif, y compris en journalisme, cela peut toujours servir”

Face aux flots de nouvelles maussades, voire carrément anxiogènes, pas mal de médias, y compris celui-ci, réfléchissent à la manière de publier des articles davantage centrés sur les solutions plutôt que sur les problèmes. C’est ce qu’on appelle le “journalisme constructif”.

Si vous vivez dans un environnement dans lequel les solutions sont mises en avant, vous êtes bien plus aptes à surmonter les problèmes. A l’inverse, si vous êtes abreuvés de sombres nouvelles sans idées pour y faire face, vous avez toutes les chances de contribuer un peu plus à la morosité ambiante. Cette vérité dépasse le journalisme. Elle vaut aussi en matière financière, où les acteurs obéissent à la psychologie des foules.

Etre positif et constructif, ce n’est pas se voiler la face devant la menace. C’est simplement ne pas s’arrêter au constat que tout va mal… On peut donc, se demander si nous ne sommes pas au bord d’une crise majeure. Mais il faut, parallèlement, s’interroger sur les moyens à mettre en oeuvre pour qu’elle n’éclate pas.

Cela paraît aller de soi. Et pourtant, jusque 2008, en ce compris la crise, cela ne l’était pas. Les autorités monétaires suivaient un tout autre chemin. Le principe qui guidait les banques centrales était celui du ” cleaning up the dust afterwards “. On laissait faire, puis on nettoyait les dégâts. L’idée de base était qu’il était impossible de prévoir l’éclatement d’une bulle et que si les banques centrales parvenaient à maintenir la stabilité des prix, le reste, à savoir la stabilité du système financier, suivait nécessairement. On a donc regardé s’écrouler les marchés et les banques au début des années 2000 et en 2008… Puis, on a empoigné les seaux et les torchons et on a nettoyé.

La pensée positive est en marche. Il est vrai que nous n’avons plus le choix car nous manquons désormais cruellement de matériel de nettoyage s’il fallait intervenir après une explosion.

Aujourd’hui, on semble adopter une démarche un peu plus constructive. Et c’est tant mieux.

En voyant avancer ces dernières semaines les menaces de récession, les banques centrales – américaine et européenne – ont annoncé qu’elles n’allaient pas remonter leur taux dans l’immédiat, ce qui a redonné du tonus au marché des actions. En voyant chauffer le marché immobilier, certaines banques centrales européennes, parmi lesquelles notre BNB, ont annoncé leur détermination à le refroidir en prenant des mesures destinées à restreindre le crédit. Et en voyant la profitabilité des banques européennes stagner à des niveaux bien inférieurs qu’avant la crise (ce qui fragilise l’ensemble du système bancaire), la Banque centrale européenne (BCE) cherche le moyen de réduire d’une manière ou d’une autre le manque à gagner qui résulte de son taux de dépôt négatif, et donc, au final, de supporter les résultats bancaires. Aujourd’hui, en effet, quand une banque dépose son excédent de trésorerie à la BCE, elle ne reçoit pas d’intérêts sur ces dépôts mais elle subit, au contraire, un taux négatif.

Les banques centrales ne sont pas les seules à adopter une démarche plus constructive. La Chine vient, par exemple, de suspendre pour trois mois les tarifs douaniers de 25% qui devaient frapper les importations de voitures et de pièces détachées américaines, histoire d’augmenter les chances de trouver un accord avec Washington.

La pensée positive est donc en marche. Il est vrai que nous n’avons plus le choix car nous manquons désormais cruellement de matériel de nettoyage s’il fallait intervenir après une explosion. Les banques centrales, en Europe et au Japon, ne peuvent plus descendre des taux qui sont déjà à zéro. Les entreprises, les Etats et les ménages – saturés de dettes – ne peuvent plus trop miser sur une nouvelle augmentation de leur endettement pour faire repartir l’économie.

Face à une bombe, il vaut donc mieux essayer d’éteindre la mèche plutôt qu’attendre son explosion. C’est bien plus constructif ou, en tout cas, bien moins destructeur…

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