Enquiquineurs de tous les pays

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Le Tea Party bloque le budget américain et les sbires de Berlusconi sabotent le gouvernement italien, tandis que quelques pseudo-idéalistes français combattent l’ouverture des magasins le dimanche. La plaie du moment ? Les fâcheux de tous bords !

Que Républicains et Démocrates ne soient pas d’accord sur la politique à mener aux Etats-Unis n’est pas surprenant et participe de la démocratie. Même la mise en veilleuse de l’administration intervenue mardi, suite à l’absence d’accord sur le budget 2013-2014, n’est pas réellement exceptionnelle : c’est la 17e fois qu’une telle péripétie intervient depuis 1977 (lire aussi l’article “C’est pas moi, c’est lui !”). Il reste que les positions très dures adoptées ces dernières années par l’aile la plus radicale du parti républicain, à savoir le Tea Party, ont des allures de chantage, voire de sabotage, qui laissent pantois. En août 2011 déjà, ce n’est qu’en toute dernière minute que le plafond de la dette publique fut relevé, le pays évitant de justesse de se trouver en état de cessation de paiement. Les marchés financiers s’en étaient vivement inquiétés, Wall Street dévissant lourdement pendant plusieurs jours.

Les intérêts du pays ?
Le Tea Party fait passer son idéologie avant l’intérêt du pays, accusent à juste titre ses opposants. Il y a pire : en Italie, c’est le seul intérêt de Silvio Berlusconi qui prévaut dans son chef, au point de faire tomber le gouvernement. La mauvaise foi et l’aplomb du signore bunga-bunga sont légendaires : jouant les martyrs, il déclare ne pouvoir rester dans un gouvernement avec un parti qui veut l’expulser du Sénat. En omettant bien entendu d’ajouter que cette sanction ferait suite à sa condamnation pour fraude fiscale. Aurait-il donc oublié de modifier la loi en ce sens ? Malencontreuse distraction pour celui qui a dépénalisé les faux en écritures dans les bilans et permis au président du conseil (qu’il était alors) de ne pas se présenter devant les tribunaux. Et tant pis si les taux d’intérêt sur les obligations italiennes repartent à la hausse suite à son coup d’éclat.

Dans le genre enquiquineur à l’état pur, c’est le Comité de liaison intersyndical du commerce de Paris, plus connu sous le signe Clic-P, qui a fait l’actualité ces derniers jours en combattant l’ouverture des magasins le dimanche (lire les pages “7 jours Monde”). Avec pour complice une législation kafkaïenne : les magasins de meubles peuvent ouvrir, pas ceux de bricolage ; pas de problème dans les aéroports, mais pas question dans les gares ; c’est oui pour LVMH, non pour les Galeries Lafayette… Ledit comité affirme défendre une certaine idée de la société et du bien-être, pour le bien des travailleurs, fût-ce contre leur gré. Plus fort que le paternalisme patronal du 19e siècle ! De part et d’autre de l’Atlantique, l’internationale des enquiquineurs et saboteurs n’a peur de rien.

Guy Legrand

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