Elections : “N’est-il pas temps d’annoncer un plan B ambitieux et réaliste ?”

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Troisième et dernier volet de notre minisérie à l’aube des élections de dimanche, avec cette fois la carte blanche de Benoît Coppée, patron d’Investsud et de la Foire de Libramont. Pour lui, c’est une preuve de bonne gestion dans une entreprise que d’avoir dans un tiroir un plan B, une stratégie alternative ambitieuse et crédible. Voici son message aux politiques belges, suivi, bien sûr, par l’analyse de Jean Hindriks (UCL, Institut Itinera).

C’est une preuve de bonne gestion dans une entreprise que d’avoir dans un tiroir un plan B, une stratégie alternative ambitieuse et crédible. Quand l’inquiétude monte, il faut la dévoiler… C’est le cas actuellement. Il est urgent de rassurer nos amis européens, nos enfants et nos entreprises. Rassurés, ils le seront, si nous faisons preuve de vision, de réalisme, de sobriété et d’imagination. Nous en prenons la voie, mais allons plus loin, soyons encore plus en “projet” ! Visons le grade, pas la satisfaction ! Et travaillons à ce plan B. Imaginons les présidents des quatre grands partis francophones annoncer avec sobriété et détermination que si la Flandre veut sont indépendance, la Belgique “résiduelle” sera parfaitement viable car Wallons, Bruxellois et germanophones, sont déjà d’accord sur deux grandes réformes :

Un plan accueil et langue… Dans chaque commune, chaque administration, pour servir les habitants et les entreprises, les formulaires, les informations, les explications, tout sera “quadrilingue”… français, anglais, allemand et néerlandais. Cela n’a rien de compliqué, les innovations technologiques le permettent, nos voisins grand-ducaux l’appliquent à leur manière. C’est une démarche ouverte et attractive qui aura un impact économique et humain fort et immédiat. La “terre d’accueil” passe à la vitesse supérieure !

Un plan formation-éducation… Un effort considérable sur la revalorisation de l’enseignement secondaire, les classes d’immersion, l’enseignement technique et professionnel, l’enseignement supérieur et universitaire. Un effort d’encadrement, un effort sur les bâtiments, sur la qualification et l’appui à la recherche fondamentale et appliquée. C’est là qu’il faut investir. C’est là que l’on prépare nos jeunes et nos chercheurs. C’est là que l’on rabote les inégalités et que l’on prépare l’expansion, l’innovation et la création d’emplois dans les voies les plus diverses.

Ce plan B réussira si en parallèle ces mêmes politiques s’accordent pour une période limitées (cinq ans) à adhérer à des mesures d’exceptions : (1) de réelles facilités momentanées pour travailler plus et plus longtemps, (2) le prélèvement d’une contribution (impôt) momentanée strictement “investie” et en toute transparence dans ces deux réformes “phare”. Le chantier de la modernisation de l’administration et des para-régionaux devra aussi être accéléré et simplifié. C’est beaucoup de boulot. Des entrepreneurs peuvent vous y aider !

Au-delà de l’institutionnel et du socio-économique avoir maintenant une large adhésion francophone “bleue, orange, rouge et verte” sur ce plan B et l’appliquer là où c’est déjà possible, redonnera immédiatement aux entrepreneurs et aux jeunes la confiance, le tonus et la vision.

Pour le couple belge, n’est-ce pas le meilleur moyen de redonner du piment et du sel à son amour… le goût d’engendrer dans des draps rafraîchis les nouvelles générations de citoyens du monde ?

L’analyse de Jean Hindriks

Une administration quadrilingue ? “Seul Groen! est assez concret sur ce point en voulant imposer le bilinguisme pour toutes les communes du pays et insiste par ailleurs sur l’importance de personnes bilingues dans les services d’aides aux personnes (hôpitaux, pompiers, etc.). L’objectif est louable mais il se heurte à un problème pratique : pas moins de 143.000 fonctionnaires communaux partiront à la retraite ces 10 prochaines années. En imposant des critères de multilinguisme trop stricts, on risque d’aggraver les problèmes de pénurie de personnel. Par contre, il y a encore énormément de chemin à faire en matière de services administratifs en ligne : seulement 15 % des Belges utilisent des services d’e-gouvernement alors que la moyenne des pays de l’OCDE est de 30 %.

Probabilité de mise en place : quasiment nulle pour ce qui est d’une obligation généralisée d’un quadrilinguisme dans les communes. Ce qui ne doit pas empêcher certaines communes de jouer un rôle d’exemple en soignant leur accueil multilingue.

Coordination : Olivier Fabes

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