Di Rupo Ier ne convainc pas les DRH

© Reuters

Les mesures adoptées au pas de charge par le gouvernement divisent les responsables en ressources humaines. Ils craignent que le marché du travail perde en flexibilité.

Les réformes décidées par l’équipe Di Rupo se succèdent à un rythme soutenu. Bon nombre de celles-ci ont un impact sur le marché du travail au sens large. Le département droit du travail du cabinet d’avocats Lydian a décidé de prendre le pouls des entreprises belges au sujet d’une série de dispositions sociales emblématiques. Lydian a sondé une centaine de ses clients : grandes et petites entreprises (70 % comptent plus de 50 travailleurs), principalement du secteur des services (80 % du panel). Les directeurs des ressources humaines (DRH) de ces entreprises belges livrent une vision contrastée de ces diverses mesures.

Sociétés de management. Ils sont 47 % à qualifier de “négatives” les nouvelles règles fiscales – qui visent indirectement les sociétés de management – dans le collimateur de John Crombez, secrétaire d’Etat à la Lutte contre la Fraude. “Les DRH considèrent qu’il sera plus difficile à l’avenir de travailler avec des indépendants, analyse Jan Hofkens, managing partner de Lydian et avocat spécialisé en droit du travail. C’est un désavantage en termes de flexibilité.”

Voitures de société. La nouvelle réglementation aura un impact positif sur la flotte de véhicules selon 61 % des sondés. Les modifications fiscales devraient en effet conduire les entreprises à opter pour des véhicules plus petits et moins chers.

Interruptions de carrière. Les limitations au crédit-temps et à l’interruption de carrière sont vues de manière positive par 47 % des DRH, et de manière négative par 34 % d’entre eux. “Les DRH saluent sans doute la volonté de limiter un peu les possibilités de congés, qui déstabilisent parfois l’entreprise”, indique Jan Hofkens.

Délais de préavis. Ces mesures, prises en exécution de l’AIP (Accord Interprofessionnel), sont entrées en vigueur le 1er janvier, et visent à harmoniser les délais de préavis, désormais fixés à 30 jours par année d’ancienneté. “Les DRH sont positifs parce qu’ils aiment la prévisibilité”, commente Jan Hofkens. Interrogés plus en détail, ils sont néanmoins assez négatifs (61 %) sur les délais de préavis des ouvriers, qui sont sortis renforcés du dernier AIP.

Même s’ils s’avèrent assez nuancés, les DRH émettent pas mal de doutes quant aux conséquences que ces mesures auront sur le marché du travail. Des mesures comme celles visant les sociétés de management risquent de peser sur la flexibilité de celui-ci. Quant aux possibilités d’optimiser les salaires, par exemple via une voiture de société attractive, elles se font moins importantes, estiment les DRH. Qui voient l’avenir de manière sombre. Un sur cinq voit les licenciements se multiplier en 2012. Un sur trois estime qu’il recourra plus à l’outsourcing. Et 60 % enterrent les bonus cette année.

Gilles Quoistiaux

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content