De Wever : “le PS veut traire la vache belge encore dix ans puis nous laisser la carcasse”

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Dans une interview accordée à nos collègues néerlandophones du Trends, Bart De Wever fustige le PS, se rappelant les négociations de 2010 : “Ils veulent traire la vache belge encore pendant dix ans, et nous laisser la carcasse”. Le président de la N-VA saisit également l’occasion pour défendre son programme électoral.

Vous êtes souvent critiqué parce que vous ne souhaitez atteindre l’équilibre budgétaire qu’en 2018 alors que vous dites régulièrement que l’assainissement sous Di Rupo prenait trop de temps.

Bart De Wever: “Pour l’Open VLD nous sommes inhumains parce que nous voulons économiser plus de 12 milliards d’euros d’ici 2019. Mais les libéraux eux-mêmes veulent économiser 15 milliards d’euros. Je voudrais bien savoir comment ils comptent s’y prendre de façon humaine”.

“En 2010, la Belgique avait cinq ans pour courir un marathon. Trois ans ont passé et elle a parcouru dix kilomètres. Suis-je laxiste parce que je dis que les trente derniers kilomètres ne peuvent être franchis sur une période de deux ans ? Ce que nous faisons est conforme à la proposition du Fonds monétaire international (FMI) : un ralentissement de l’assainissement des finances publiques est possible. Le PS n’a pas entendu la seconde partie du message du FMI : à condition que vous indiquiez clairement les réformes que vous allez mettre en oeuvre pour atteindre un équilibre structurel et un excédent”.

Vous optez pour un saut d’index en 2014, mais l’économiste gantois Gert Peersman prétend que le saut d’index se fait aux dépens des travailleurs.

Bart De Wever: “C’est tout simplement faux. Dans notre modèle, 50 pour cent de tous les travailleurs progressent, et tous d’ici 2019 grâce au bonus de travail et la réforme de l’impôt des personnes”.
La population est-elle prête à économiser à tous les niveaux?
Bart De Wever: “Bonne question. Mieux encore : pouvons-nous faire autrement ? Bien sûr que non. Regardez les rythmes de croissance de la sécurité sociale : 45 milliards d’euros de dépenses en 2000 et 75 milliards en 2010. C’est beaucoup plus rapide que la croissance économique et le vieillissement de la population doit encore arriver”.

Trouverez-vous des partenaires pour votre plan socio-économique ? En Wallonie aussi ?

Bart De Wever: “La réponse à cette question dépend de l’électeur francophone. Mais il y a lieu de se montrer sceptiques. Si le PS perd 10 pour cent et que ces voix vont au PTB, je me demande ce qu’il va se passer. Même si on peut aussi retourner la question. Si les partenaires de coalition flamands du PS disent que la Belgique est sur la bonne voie, qu’ils continuent. Mais dans ce cas je voudrais bien savoir comment on atteindra un équilibre budgétaire en 2016 avec un PS pressé par la gauche. Je pense qu’il vaut mieux reléguer le PS dans l’opposition”.

C’est réaliste ?

Bart De Wever: “Je ne suis pas très pessimiste à ce sujet. Je pense qu’il y a des membres du PS qui préfèrent rester dans l’opposition pendant cinq ans. Ceux qui estiment que le gouvernement actuel est trop à droite ne seront pas tentés de rejoindre une nouvelle équipe qui sera de toute façon obligée d’économiser drastiquement”.

Un gouvernement fédéral sans le PS est possible?

Bart De Wever: Historiquement, je note que le PS devient très régionaliste et est demandeur d’une scission des compétences s’il est expulsé du pouvoir fédéral ou si ses intérêts sont menacés. C’était le cas dans les années soixante, et en 1991 avec la nouvelle exportation d’armes. Les partis flamands dans le gouvernement fédéral ne voulaient pas d’exportation d’armes vers l’Arabie saoudite, contrairement aux francophones. Cette compétence avait été régionalisée en dix secondes. Je n’ai jamais surpris le PS en délit d’amour pour la Belgique. Je l’ai noté lors des négociations de 2010″.

Comment cela?

Bart De Wever: “Quand Laurette Onkelinx se mettait à hurler, elle sortait ce qui l’intéresse vraiment. En gros, elle voulait traire la vache belge pendant dix ans et nous pouvions garder la carcasse. Mais Bruxelles et l’argent étaient pour eux. Je l’entends encore crier “C’est le prix de la liberté”.

La Belgique est systématiquement comparée à la zone euro: un nord prospère, un sud peu compétitif.

Bart De Wever: “Aujourd’hui, la Belgique est une maxi-Belgique. En Espagne, les dépenses sociales ont augmenté de 67 pour cent après la mise en circulation de l’euro. Ils ont développé un État-providence au petit bonheur. La crise financière a provoqué la crise de l’euro. Ceux qui gaspillaient ont tout à coup besoin de solidarité. Les Grecs vont très loin, certains calculent même le prix que doit payer l’Allemagne pour les dommages de guerre d’il y a septante ans. Cette solidarité n’est pas demandée en termes économiques, mais en termes émotionnels, ce qui me rappelle quelque chose : celui qui donne, est insulté. Comme Flamand, c’est ce que je vis depuis toujours.

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