Crises laitière et porcine: Borsus réunit les agriculteurs et la distribution

Le ministre fédéral de l'Agriculture, Willy Borsus, à Libramont. © Belga

Le ministre fédéral de l’Agriculture, Willy Borsus, a réuni mardi soir, à leur demande, les organisations agricoles membres de l’Agrofront (FWA, Boerenbond et ABS) ainsi que des représentants de Comeos, la fédération du secteur de la distribution, et du SPF Économie, afin de travailler à des solutions aux graves crises vécues dans les secteurs laitier et porcin, a-t-on appris mercredi.

Alors que les producteurs laitiers français ont obtenu la semaine dernière une hausse du prix du lait de 4 centimes au litre, à 34 centimes, les participants à la réunion ont “convenu de demander une clarification de la portée de l’accord intervenu en France et de préparer ensemble des solutions à court et moyen termes sur lesquelles chacun s’est engagé à travailler en urgence”, précise un communiqué de M. Borsus.

L’intention des parties prenantes est donc de trouver des solutions le plus rapidement possible, par le biais de “propositions précises” dont l’examen interviendra “dans les tout prochains jours”.

Plusieurs États membres touchés par la crise du lait, dont la Belgique et la France, ont obtenu la convocation, le 7 septembre prochain, d’un conseil européen extraordinaire des ministres de l’Agriculture. Cette réunion sera dédiée à la problématique de la chute des prix, singulièrement dans le secteur laitier.

Actuellement, les éleveurs laitiers belges perçoivent environ 25 centimes le litre, ce qui ne leur permet pas de couvrir leurs frais de production.

L’ouverture de la 81e Foire agricole de Libramont, vendredi dernier, avait été marquée par une manifestation d’une centaine de producteurs laitiers en colère.

Dans un communiqué distinct, l’Agrofront dit vouloir travailler en concertation “à une stratégie qui vise à apporter des réponses sur le long terme pour l’ensemble des composantes de l’agriculture européenne”.

L’Agrofront qualifie en outre de “légitimes” les “velléités de manifestation” présentes dans le monde agricole.

Dans une optique de nécessaire “solidarité” entre organisations représentatives des agriculteurs, l’Agrofront invite, dans les 24 heures, des délégations représentatives de la Fugea et du MIG “pour échanger, concerter, et le cas échéant, partager une stratégie commune”.

“L’embargo a amplifié la crise dans le secteur du lait”

Par ailleurs, l’embargo décrété par les autorités russes sur les produits alimentaires de l’Union européenne il y a un an a particulièrement touché les secteurs du lait et de la viande porcine, selon la Fédération wallonne de l’Agriculture (FWA).

“Pour les agriculteurs wallons, il est clair que l’embargo russe est un élément essentiel qui a pesé dans la balance en matière de diminution des prix”, relève Yves Somville, secrétaire général adjoint de la FWA.

Dans le secteur laitier, c’est le marché d’exportation, à savoir principalement le lait en poudre qui a été touché. “On n’exporte pas de produits laitiers frais”, précise M. Somville. “L’embargo russe a tiré les prix vers le bas en raison de la surproduction. Actuellement, le prix, de 0,30 euro le litre, ne couvre pas les coûts de production. Pire, la suppression des quotas européens sur le lait a amplifié le phénomène”, selon M. Somville. “Les Etats membres ont développé des visions différentes de l’évolution du secteur. Par exemple, l’Irlande a lancé un programme ambitieux pour devenir le principal producteur laitier européen. De leur côté, la Finlande, les pays baltes et la Pologne, qui exportaient principalement vers la Russie, se sont retrouvés avec des surplus très importants. Ces pays ont connu une diminution brutale des prix. Tous ces éléments ont joué sur la diminution des prix, d’autant que les protections aux frontières européennes ont été supprimées. Résultat: les distributeurs en profitent, tout comme les importateurs. Les Chinois, par exemple, attendent le moment où le prix est le plus bas pour acheter.”

Pour sortir de l’impasse, “une revendication essentielle à nos yeux est la revalorisation du prix d’intervention”, à savoir un prix plancher garanti par les pouvoirs publics. “Il est actuellement de 0,18 euro, c’est tout à fait insuffisant. Ce prix n’a pas été revalorisé depuis 2009. Cela fragilise surtout les jeunes exploitants qui ne peuvent pas reporter leurs investissements ou qui n’ont pas encore amorti leur matériel.” Par ailleurs, “croire que l’on peut revenir sur la suppression des quotas et que cela aura un impact sur les prix, c’est mentir aux producteurs”, estime Yves Somville, “car les prix ne seraient toujours pas garantis.”

L’autre secteur le plus touché en Wallonie, selon la FWA, est celui de la viande porcine. “Le marché russe était très porteur. Il n’y a pas d’autres choix que de trouver de nouveaux marchés”, selon M. Somville.

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