Coup de frein à la croissance chinoise en pleine guerre commerciale

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Au plus bas depuis 27 ans: l’économie chinoise a fortement ralenti au troisième trimestre au moment où la guerre commerciale avec Washington s’intensifiait, et ce malgré les efforts de Pékin pour stabiliser la conjoncture.

La croissance du PIB est tombée à 6% sur un an au dernier trimestre, a annoncé vendredi le Bureau national des statistiques (BNS), un résultat conforme aux prédictions d’analystes sondés par l’AFP.

Au deuxième trimestre, la croissance du produit intérieur brut s’était établie à 6,2%.

“Il faut avoir à l’esprit que (…) l’économie subit une pression baissière de plus en plus forte”, a reconnu devant la presse le porte-parole du BNS, Mao Shengyong.

Et M. Mao d’évoquer “un environnement difficile” tant en Chine qu’à l’étranger.

Le 1er septembre, de nouvelles surtaxes supplémentaires sont entrées en vigueur aux Etats-Unis portant sur des milliards de dollars de marchandises chinoises importées annuellement. Elles sont venues s’ajouter à celles qui pénalisaient déjà une grande partie des échanges commerciaux entre la Chine et les Etats-Unis, menaçant la croissance mondiale.

Conséquence, les exportations, l’un des piliers de l’économie chinoise, devraient rester faibles ces prochains mois, prévient l’économiste d’Oxford Economics, Tommy Wu.

– “Menace sur la croissance” –

La semaine dernière, négociateurs chinois et américains, qui se retrouvaient à Washington pour des pourparlers, sont convenus d’un accord de principe pour tenter de mettre fin à leur bras de fer commercial.

Les détails ne sont pas connus mais Pékin s’est engagé notamment à acheter davantage de produits agricoles en provenance des Etats-Unis.

Cette mesure est réclamée de longue date par le président américain Donald Trump. A l’approche de la campagne présidentielle, elle pourrait bénéficier à une partie de son électorat potentiel, les agriculteurs.

En échange, la Chine a échappé à de nouvelles surtaxes douanières qui auraient dû entrer en vigueur cette semaine. Mais aucune décision n’a été prise sur les surtaxes douanières de 15% qui doivent s’appliquer en décembre aux Etats-Unis sur des produits chinois de grande consommation.

L’accord de principe entre les deux puissances est une “trêve temporaire mais, à défaut d’une annulation des surtaxes douanières, la menace sur la croissance demeure”, fait remarquer l’économiste Michael Taylor de l’agence de notation financière Moody’s.

Mardi, le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour la Chine pour l’ensemble de 2019 à 6,1% (contre 6,2% selon les prévisions précédentes).

Ce chiffre resterait toutefois dans la fourchette de croissance visée par Pékin cette année (contre 6,6% en 2018).

– Un rebond? –

Le tableau n’est cependant pas entièrement sombre pour l’économie chinoise.

“Au cours des trois premiers trimestres, l’économie a maintenu une stabilité d’ensemble”, a relevé M. Mao.

La production industrielle et les ventes de détail sont reparties à la hausse le mois dernier, selon le BNS.

La production industrielle a progressé en septembre de 5,8% sur un an (contre 4,4% en août). Les ventes de détail, baromètre de la consommation des ménages, ont augmenté de 7,8% (contre 7,5% le mois précédent).

Mais “cela n’indique pas une reprise généralisée de la consommation”, relativise l’économiste Raymond Yeung de la banque ANZ.

“Malgré un mois de septembre plus robuste, la pression sur l’activité devrait s’intensifier au cours des prochains mois”, estime Julian Evans-Pritchard, analyste du cabinet Capital Economics.

Signe de l’essoufflement de l’économie, l’investissement en capital fixe a poursuivi son repli: sa croissance depuis le début de l’année s’affichait fin septembre à 5,4%, contre 5,5% à fin août.

Dans ce contexte, le gouvernement a appelé mercredi à redoubler d’efforts pour réduire la pression sur les entreprises.

Pour cette année, les baisses d’impôts et de cotisations sociales pour les particuliers et les entreprises ont été chiffrées à plus de 2.000 milliards de yuans (254 milliards d’euros).

Mais la baisse attendue des recettes fiscales signifie “moins de dépenses dans les infrastructures” et “un ralentissement de la construction immobilière”, avertit Julian Evans-Pritchard.

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