Coronavirus: “Le meilleur remède pour l’économie mondiale, c’est de créer les conditions de croissance”

La pandémie du coronavirus a précipité le monde dans la récession. Les gouvernements ont pris des mesures extrêmement coûteuses mais l’heure n’est pas à la maîtrise de la dette et à la réduction des déficits, estime Gian Maria Milesi-Ferretti, directeur adjoint au département de recherches du Fonds monétaire international.

“Le meilleur remède” pour l’économie mondiale est de créer les conditions pour la reprise de la croissance, dit-il dans un entretien à l’AFP, exhortant les pays de la zone euro à faire preuve de solidarité commune.

Dans un contexte de crise inédite, dans quelle mesure peut-on se fier aux prévisions économiques du FMI?

L’incertitude est extrême mais nous avons dû fournir un scénario de référence. Nous avons également élaboré un certain nombre d’alternatives dans le rapport où nous examinons les cas où les restrictions (d’activité économique) doivent rester en place pendant une plus longue période cette année, où nous avons une nouvelle vague d’infection, plus tard en 2021. Et bien sûr, les résultats seraient bien pires.

D’une manière générale, les prévisions économiques sont très difficiles à élaborer. Nous savons que nous nous trompons tout le temps. Nous pouvons nous tromper pour de bonnes raisons, mais nous nous trompons tout le temps. (Car) des chocs se produisent, quelque chose vient changer le cours de l’économie.

Dans ce cas précis, l’incertitude provient d’une multitude de sources, en particulier de la nature même de la maladie. Et même les experts les plus compétents ne comprennent pas encore très bien (son évolution).

Les gouvernements ont annoncé des plans d’aide extrêmement coûteux. Faut-il redouter une hausse exponentielle de la dette? Dans quelle mesure cette dette pourrait-elle brider la reprise économique ?

Cela va être extrêmement coûteux mais c’est extrêmement important et nécessaire. C’est un véritable investissement pour que l’économie se rétablisse.(…) Nous devons prendre des mesures efficaces et ciblées. Il ne s’agit pas de gaspiller de l’argent. Mais gardons à l’esprit que la capacité des économies à rembourser la dette dépendra de la rapidité avec laquelle elles se rétabliront.

Si nous organisons les conditions pour que les économies se remettent rapidement de cette crise, les revenus augmenteront, les dépenses d’urgence pourront être réduites.

Si nous laissons les entreprises sombrer, si nous rompons les relations entre les travailleurs et les entreprises, si nous perdons une partie de notre système productif pour sauvegarder 1% du PIB au cours des trois prochains mois, nous ne rendons pas service à l’économie.

Pour l’heure, l’urgence absolue est de contenir la propagation du virus et de limiter ses répercussions économiques.

Le meilleur remède pour l’économie est de nous assurer que les économies seront en mesure de faire face à leurs dettes à l’avenir.

Nous avons (par ailleurs) un monde avec des taux d’intérêt très bas. Il est vrai que le niveau de la dette va augmenter. Mais tant que les taux d’intérêt mondiaux resteront extrêmement bas, le service de la dette sera relativement limité.

La zone euro est celle où vous prévoyez la récession la plus sévère. Etes vous favorable à une forme de mutualisation de la dette pour venir en aide en particulier à l’Italie qui était déjà très fragile avant la pandémie ?

Les débats sur les capacités budgétaires au sein de la zone euro et sur (la mise en place) d’un instrument d’endettement commun sont anciens.

Je pense que nous devons nous préoccuper maintenant d’avoir, en plus d’une réponse nationale forte, une réponse forte au niveau de la zone euro, étant donné que la crise est vraiment exogène. Il s’agit véritablement d’un choc qui n’a rien à voir avec le comportement des pays.

Nous avons eu une très forte réaction de la Banque centrale européenne.

A la fois pour des raisons économiques et pour des raisons sociales, (il faut) penser à l’importance de la solidarité en période de stress. Je pense qu’il est important d’avoir une réponse significative au niveau européen, comme nous l’avons eu au niveau de la Banque centrale européenne.

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