Comment Theresa May va tenter de ressusciter son accord de Brexit

Theresa May © REUTERS

Theresa May va-t-elle parvenir à ses fins et faire adopter l’accord de divorce qu’elle a conclu avec Bruxelles ? Les partisans du Brexit, qui ont jusqu’ici voté contre, pourraient s’y ranger plutôt que de risquer un report de la sortie, voire pas de sortie du tout, estiment les analystes.

La dirigeante conservatrice a obtenu de faire voter le parlement une troisième fois la semaine prochaine sur ce Traité de retrait, fruit d’âpres négociations avec Bruxelles et destiné à mettre en oeuvre un Brexit en douceur.

Ce texte avait été recalé le 15 janvier, par 432 voix contre 202, puis mardi, par 391 voix contre 242. Des revers humiliants qui font de Mme May la Première ministre cumulant deux des plus grosses défaites de l’histoire du Parlement britannique.

Mais depuis, les députés de Westminster ont voté pour un report d’au moins trois mois de la date du Brexit, prévue le 29 mars, plutôt que de quitter l’UE sans accord. Un délai qui pourrait notamment servir les desseins des partisans d’un nouveau référendum, qui veulent revenir sur la décision de rompre les ponts avec l’UE.

C’est sur cette crainte d’un “Brexit perdu” que compte jouer Mme May pour convaincre les eurosceptiques purs et de durs de son parti et les députés du petit parti unioniste nord-irlandais DUP, son allié au Parlement, qui trouvent son accord trop conciliant avec Bruxelles, de changer d’avis.

Elle a d’ores et déjà commencé à préparer le terrain en lançant, selon la presse britannique, des consultations.

“Parce que certains (députés) pro-Brexit qui n’ont pas soutenu l’accord de Theresa May sont désormais confrontés à la perspective de plus en plus claire d’un report, le gouvernement espère que l’accord de Mme May deviendra à leurs yeux plus intéressant”, souligne Alan Wager, un expert du think tank “UK in a Changing Europe”, interrogé par l’AFP.

L’UE ayant signifié qu’elle ne rouvrirait pas les négociations, “il n’y aura rien d’ajouté ou de retiré (à l’accord, ndlr). La seule chose qui aura changé, c’est que l’échéance du 29 mars se sera rapprochée et que les options sont devenues beaucoup plus évidentes pour ces députés pro-Brexit”, ajoute-t-il.

“Acte d’automutilation”

Usant de la métaphore psychologique, le tabloïd The Sun estime qu’en votant à nouveau contre ce traité, les Brexiters se livreraient à un “acte d’automutilation catastrophique”.

“Trop nombreux sont (les députés eurosceptiques) à attendre quelque chose de mieux” que cet accord, ajoute ce journal pro-Brexit dans un éditorial. “Mais ça ne viendra pas”, poursuit-il en faisant du traité “la seule option viable”.

Le vice-Premier ministre britannique David Lidington n’a pas manqué vendredi d’appuyer là où ça fait mal en relevant qu’un rejet de l’accord de divorce lors du vote qui aura lieu d’ici à mercredi, avant le sommet européen des 21 et 22 mars à Bruxelles, pourrait parfaitement entraîner un report du Brexit d’un an ou plus.

“C’est pourquoi j’espère que les députés de tous les partis réfléchiront, au cours du week-end, sur la voie à suivre”, a-t-il déclaré sur la BBC.

Cette stratégie consistant à jouer sur les peurs des Brexiters a déjà commencé à porter ses fruits : 39 députés conservateurs ont changé d’avis et voté pour le texte mardi, après l’avoir rejeté une première fois le 15 janvier. Theresa May compte bien en voir davantage la semaine prochaine.

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