Cinq jours pour comprendre la politique énergétique américaine (1/5): un pays vraiment dominant

Au cours de ces prochains jours, nous allons voyager dans l’Amérique de l’énergie. Un sujet qui fait rarement la “une” des journaux européens. Pourtant, le bouleversement majeur qui chamboule depuis une dizaine d’années le monde de l’énergie vient des “States”.

La production massive de gaz et de pétrole de schiste a profondément modifié la géostratégie de l’énergie ; il est loin le temps où l’OPEP dictait ses conditions. Mais il serait très réducteur de ne parler que du gaz de schiste.

Le monde énergétique américain est d’une complexité à la mesure de ce grand pays fédéral. Un exemple : le Texas, qui est un état dont le PIB à lui seul avoisine celui du Canada et qui est connu pour être un grand producteur de pétrole, est aussi le quatrième producteur au monde d’électricité éolienne et développe son énergie solaire.

Bientôt le premier exportateur de GNL au monde

Dans un document qui date d’il y a deux ans et qui définit la stratégie de sécurité nationale, la Maison Blanche, déjà occupée alors par Donald Trump, souligne que “pour la première fois depuis des générations, les États-Unis seront un pays dominant sur le plan énergétique”. Les Etats-Unis étaient certes déjà un producteur important de pétrole classique, et un grand consommateur d’énergie. Mais ils occupent désormais une position centrale dans le système énergétique mondial tout à la fois en tant que producteur, consommateur et créateurs de nouvelles technologies (gaz et huile de schiste).

En 2018, les Etats-Unis étaient à la fois premier producteur de pétrole au monde (18% de la production mondiale) et de gaz naturel (comptant pour 21,5% de la production mondiale). Une production consommée en grand partie par les Américains, mais pas seulement.

Le développement du gaz de schiste par exemple est tel que, selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie, le pays sera le premier exportateur mondial de gaz en 2024, devançant le Qatar et l’Australie

Quant à la production américaine de pétrole, toujours selon les projections de l’AIE, elle s’intensifiera elle aussi : les Etats-Unis seront exportateur net de pétrole en 2021 et devraient en 2023 exporter autant de barils que la Russie…

Un effet saisonnier

Au niveau consommation aussi, le mix énergétique des Etats-Unis repose encore en grande partie sur les énergies fossiles : le pétrole (36% de la consommation totale d’énergie américaine) et le gaz naturel (31%), se taille la part du lion, mais la part du charbon (13%) n’est pas anecdotique. Le nucléaire compte pour 8% et les énergie renouvelables (biomasse, éolien, hydro, solaire) pour 11%. A titre de comparaison, la part du renouvelable dans le mix énergétique de l’Union européenne devrait toucher les 20% l’an prochain.

Les États-Unis ont connu la plus forte augmentation de la demande de pétrole et de gaz dans le monde. La consommation de gaz a fait un bond de 10% par rapport à l’année précédente, l’augmentation la plus rapide depuis le début des records de l’AIE en 1971. L’augmentation annuelle de la demande américaine l’an dernier était équivalente à la consommation de gaz actuelle du Royaume-Uni.

Un été plus chaud que la moyenne et un hiver plus froid que la moyenne ont été à l’origine de la moitié environ de l’augmentation de la demande de gaz aux États-Unis, les besoins en gaz augmentant à la fois pour la production d’électricité et pour le chauffage.

Cela a évidemment un impact sur les émissions de CO2, d’autant que Donald Trump a décidé de retirer son pays des accords de Paris : alors que les Etats-Unis avaient réussi à réduire d’environ 1,6% par an leurs émission entre 2005 et 2017, les émissions sont reparties à la hausse en 2018 (+3,7%), malgré la poursuite de la fermeture de centrales électrique au charbon. Car ces fermetures ont été plus que compensées par l’ouverture de nouvelles centrales au gaz, moins polluantes certes, mais plus nombreuses pour répondre à la demande croissante d’énergie…

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