Cédric Halin, lanceur d’alerte dans l’affaire Publifin: “Quand on ne comprend pas, on ne vote pas!”

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Lanceur d’alerte dans l’affaire Publifin, inspecteur des finances et désormais bourgmestre d’Olne, Cédric Halin ne mâche pas ses mots à propos de la gouvernance dans les intercommunales.

Après tout ce qui a pu être dit et écrit sur Publifin, n’est-ce pas un peu désespérant d’apprendre qu’une autre intercommunale (Idelux) envisageait de créer une ASBL pour contourner les règles wallonnes de rémunération ?

C’est hallucinant. Rien que le fait que des mandataires se posent encore la question et sollicitent une étude pour imaginer un tel montage juridique, cela nous montre que le mal est vraiment profond. Il est quand même navrant qu’après deux années tonitruantes, certains essaient toujours de trouver des solutions ” alternatives “. Je l’ai posté sur Twitter : ce ne sont pas des ASBL mais des ALSB, des associations lucratives sans but. Les partis politiques ont encore un fameux travail d’introspection à mener.

Ne faudrait-il pas carrément interdire ces ASBL, ces filiales avec le même actionnariat public ?

Cela nous vient de la loi de 1991 sur les entreprises publiques autonomes. Elle a été amendée peu après pour permettre la création de filiales. Le scandale ABX, à l’époque filiale de la SNCB, c’était déjà cela ! Si on estime qu’une structure juridique distincte est nécessaire pour une activité, qu’on la crée directement, sans empiler des filiales comme des poupées russes. Avec les régies, les intercommunales, les associations de projets et autres, on dispose d’outils à suffisance.

Si je dois donner un conseil aux personnes qui vont siéger demain dans les intercommunales ( les CA seront renouvelés prochainement sur la base des résultats des élections locales, Ndlr), c’est d’avoir l’humilité de prendre conscience des responsabilités que cela implique et de se former aux éléments financiers et de gestion de base. Quand on ne comprend pas quelque chose, on demande des explications. Et si on ne comprend toujours pas, c’est simple, on ne vote pas. Je ne voterai jamais un texte que je ne comprends pas.

Le plafond de rémunération empêche-t-il, selon vous, de recruter les compétences dont les intercommunales et autres structures publiques ont besoin ?

Nous parlons d’un montant de 245.000 euros bruts indexés, nous sommes bien éloignés du salaire médian ou du salaire moyen. Il existe des personnes de grande qualité qui font le choix de la fonction publique et qui accomplissent un boulot remarquable avec une rémunération bien en dessous de ce plafond. Donc, non, cela ne prive pas le secteur public des talents nécessaires. Il faut s’aligner sur le marché, dit-on. La question devient alors quasi philosophique : l’Etat doit-il gérer lui-même des activités par nature concurrentielle ? Ne faut-il pas les laisser au marché ? Si on estime qu’une intervention publique est opportune, elle peut parfaitement se réaliser par le biais d’une participation via la SRIW ou autre. Dès le moment où l’Etat intervient, il y a des règles qui doivent s’appliquer de façon plus stricte.

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