“Buy American”: Trump tente de donner corps à son slogan dans la high-tech

Donald Trump © REUTERS

“Acheter américain, embaucher américain”: Donald Trump a tenté mardi de donner corps à son slogan emblématique en signant un décret qui vise à réformer l’attribution de visas pour les secteurs technologiques, mais sa marge de manoeuvre reste limitée.

“Ensemble, nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous assurer que plus de produits soient estampillés de ces mots merveilleux: Made in the USA”, a-t-il lancé depuis Kenosha dans le Wisconsin, Etat du Midwest où il l’a emporté lors de l’élection présidentielle du 8 novembre.

Comme la plupart des décrets signés jusqu’ici par le président républicain, il s’agit plus – au-delà de l’effet d’annonce – de lancer un appel à propositions des différents ministères que de changements concrets dans la vie économique du pays.

Donald Trump veut lutter contre la “fraude et les abus” dans l’attribution des célèbres visas H-1B, très prisés par les sociétés spécialisées dans les nouvelles technologies, mais aussi ébaucher leur réforme.

Ces permis de travail destinés aux scientifiques, ingénieurs et programmateurs informatiques, sont en particulier une passerelle pour de nombreux Indiens attirés par la Silicon Valley. Les Etats-Unis en délivrent quelque 85.000 par an.

La Maison Blanche estime que ce programme a été néfaste pour les travailleurs américains dans la mesure où il a aussi, selon elle, entraîné l’arrivée d’une vague de travailleurs relativement peu qualifiés.

Le décret ordonne aux ministères concernés (Travail, Justice, Sécurité intérieure, département d’Etat) de proposer des réformes pour que le programme H-1B “revienne à son objectif initial: donner des visas aux postulants les plus diplômés sur les postes les mieux payés”.

“Nous pensons que les emplois doivent être offerts d’abord à des travailleurs américains”, a martelé le président américain.

La Chambre de commerce américaine a immédiatement fait part de ses réserves: si elle a jugé que le programme H-1B pouvait être amélioré, elle a mis en garde contre la tentation de le saborder.

“Ce serait une erreur de fermer la porte aux travailleurs qualifiés du monde entier qui peuvent contribuer à la croissance des entreprises américaines et rendre les Etats-Unis plus compétitifs”, a-t-elle souligné.

Retard sur la réforme fiscale

Pour l’exécutif américain, ce décret est une “étape transitoire” vers une refonte du système d’immigration qu’il appelle de ses voeux mais qui doit passer par la case du Congrès.

Dans son premier discours devant les élus le 1er mars, M. Trump avait cité en exemple le Canada et l’Australie, martelant sa volonté d’orienter le système américain vers un système “basé sur le mérite”.

Le décret signé par Donald Trump comporte également un volet “Buy American”, réclamant une application plus stricte des lois existantes poussant à l’utilisation de biens fabriqués aux Etats-Unis dans les contrats publics.

Sans faire d’annonces spécifiques, le président républicain a une nouvelle fois montré du doigt l’Accord de libre échange nord-américain (Aléna) qui fut, selon lui, “un désastre complet pour les Etats-Unis”. “Nous allons faire de grands changements, ou alors nous nous débarrasserons de l’Aléna pour toujours”, a-t-il menacé.

A l’approche du cap des 100 jours au pouvoir, le président septuagénaire tente de reprendre la main, conscient que son bilan en interne est maigre après les revers en justice sur l’immigration et la gifle infligée par le Congrès sur la réforme de l’assurance-maladie.

Sa grande réforme fiscale, promesse centrale de sa campagne qui se traduirait notamment par une réduction de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, peine à se concrétiser.

“Nous sommes très bien partis sur la réforme fiscale”, a-t-il assuré mardi dans le Wisconsin.

Un peu plus tôt, le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin avait pourtant reconnu, dans un entretien au Financial Times, qu’elle serait probablement retardée. L’objectif initial de faire adopter par le Congrès un texte sur le sujet avant août “est très optimiste, voire pas réaliste actuellement”.

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