Daan Killemaes

“2016 peut donner naissance à beaucoup choses positives”

Daan Killemaes Economiste en chef de Trends Magazine (NL)

L’économie est parfois qualifiée de science obscure. Récession, déflation, dettes, déficits, … les économistes parlent généralement de ce qui ne va pas. Le rédacteur en chef du magazine néerlandophone Trends tente de trouver 10 lueurs d’espoir pour l’an prochain. 2016 verra-t-elle leur concrétisation ?

1. L’occident continue son rétablissement

L’économie américaine continue de garder le cap dans sa septième année de rétablissement, alors que l’économie européenne reprend des couleurs, avec quelques années de retard, soutenue par un euro faible, un pétrole bon marché et des taux d’intérêt bas. Ce n’est pas encore tout-à-fait convaincant, mais le consommateur a suffisamment confiance pour desserrer les cordons de la bourse, le dirigeant d’entreprise a suffisamment de courage pour investir et les gouvernements ne sont plus contraints d’économiser de manière néfaste pour l’économie.

2. La probabilité de garder votre emploi ou d’en trouver un nouveau augmente

Grâce au tax shift, qui donne un coup de pouce à la compétitivité des entreprises et rend possible la création de quelques milliers d’emplois supplémentaires. L’augmentation de votre pouvoir d’achat restera longtemps limitée à un pourcentage dérisoire de 1%, mais fin de cette année, votre salaire sera à nouveau indexé.

3. Le prix du pétrole reste bas

Si la diminution de l’impôt intérieur s’enclenche doucement, la pression fiscale étrangère continuera à diminuer, sous la forme de faibles coûts d’importation pour l’énergie et les matières premières. Une offre excédentaire et une guerre féroce pour les parts de marché garantissent un prix du pétrole qui sera, en 2016 aussi, en moyenne plus bas que l’an dernier.

4. La Chine fait un atterrissage en douceur

Le secteur industriel reste en mauvaise santé, mais un secteur des services dynamique fait beaucoup de bien. En Chine, comptez sur une croissance de 6 à 7%, sous réserve d’une forte dévaluation ou d’une prise de pouvoir des groupes d’intérêt qui défendent le vieux modèle de croissance. La plupart des marchés émergents paieront encore pour les fautes du passé en 2016, du fait qu’ils ont vécu sur des matières premières chères et un capital étranger bon marché. Il est encore trop tôt pour une reprise en 2016, mais le fond est atteint. Pour la cinquième année successive, l’économie mondiale va croître en 2016. Mais plus lentement que la croissance moyenne des trente dernières années.

5. Janet Yelle reste douce

L’année financière 2016 a démarré le 16 décembre 2015, quand la banque centrale américaine a, pour la première fois depuis 2006, remonté son taux directeur. C’est un signal d’amélioration et non pas un signe avant-coureur de malheur financier. En outre, Yellen promet de normaliser la politique monétaire de manière très progressive, pour ne pas faire obstacle à la poursuite de la reprise. La combinaison d’une expansion douce et de faibles taux d’intérêt promet aux investisseurs une année boursière décente.

6. Mario Draghi reste encore plus doux

Alors que Yellen retire le pied de la pédale d’accélérateur monétaire, le président de la BCE Mario Draghi ajoute encore un cran. Cela génère la persistance d’un euro relativement faible. Si un euro faible est bon pour les exportations européennes et la création d’emploi, il érode notre pouvoir d’achat. C’est donc un aveu de faiblesse, mais ne nous laissons pas gagner pas le côté sombre. Quoique pour les épargnants qui optent pour la sécurité, 2016 soit peu prometteuse d’embellie.

7. Le démon déflation s’en va

L’inflation sort doucement de l’abîme pour se diriger vers les 2%. Nous devons pourtant faire attention à ce que nous souhaitons. Une hausse inattendue de l’inflation obligerait les banques centrales à choisir entre leur crédibilité et la reprise économique. Mais ça, ce sont des soucis pour après 2016.

8. Ni Brexit ni Grexit

Les électeurs et les politiciens ont fort débattu du projet européen cette année, mais ils arriveront en 2016 à la conclusion que la destruction de l’Europe n’est pas la solution. Les Britanniques s’exprimeront contre une sortie de l’Union Européenne dans un referendum, car beaucoup trop chère. La polarisation politique diminue dans l’ensemble de l’Europe, la question grecque continue à être traitée, et la crise de l’euro continue à rester sous le tapis. Et si nous devenons très optimistes: la crise de la migration fait croître la prise de conscience que l’Europe doit serrer les rangs.

9. Calme géopolitique

C’est un voeu sensible pour beaucoup d’entre nous. Une solution pour la Syrie sera-t-elle trouvée et l’Etat islamique sera-t-il détruit ? Ou les choses empireront-elles ? Une nouvelle vague de terreur en Europe signifierait un choc particulièrement malvenu pour l’économie européenne.

10. La taxe sur la spéculation est retirée

A cause d’une surcharge administrative excessive pour un rendement trop faible. Pour le reste, le gouvernement Michel reçoit du répit. Avec de bonnes surprises et des interventions politiques digérables, le budget parviendra à maintenir le cap. Le choix entre un équilibre budgétaire et le tax shift ne devra pas être fait en 2016.

En bref, 2016 peut engendrer pas mal de choses positives, mais pas encore de solutions structurelles.

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