Schwarzenegger a-t-il été un bon Governator ?

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Après sept ans à la tête de la Californie, l’ancien super-héros d’Hollywood laisse derrière lui un Etat lourdement endetté et englué dans une crise économique interminable.

Arnold Schwarzenegger a quitté lundi ses fonctions de gouverneur de la Californie après sept ans à la tête du plus peuplé et du plus riche des Etats des Etats-Unis. Le démocrate Jerry Brown lui a succédé.

L’ancien Monsieur Univers a-t-il convaincu dans le rôle de “Governator” ? Dans son dernier discours radiophonique, ce week-end, l’ancien super-héros d’Hollywood s’est contenté de déclarer: “L’Histoire sera la juge ultime du travail de mon administration. Mais à l’heure de quitter mon poste, je suis fier du travail accompli”. En attendant, sa cote de popularité, qui atteignait des sommets à son arrivée, est au plus bas, avec seulement 23% d’approbation, relève la radio publique NPR.

Il faut dire qu'”Arnie” avait mis la barre haut à son arrivée : “je ne me reposerai pas tant que le budget ne sera pas en ordre. Je ne me reposerai pas tant que la Californie ne sera pas une machine à créer des emplois”, avait-il déclaré. Avec un déficit budgétaire de 28 milliards de dollars et un taux de chômage avoisinant les 13%, on peut difficilement dire qu’il a tenu ses promesses. Pour ne rien arranger, le nombre des saisies immobilières en Californie est parmi les plus élevés du pays.

Pour ce qui est des questions budgétaires, les démocrates l’accusent notamment d’avoir accordé, conformément à sa pormesse électorale, de coûteux cadeaux fiscaux, comme la suppression de la taxe automobile. Taxe qu’il a dû réintroduire quelques années après. Si Schwarzenegger reconnaît aujourd’hui ses erreurs, il aime rappeler que si l’économie nationale n’avait pas sombré dans une récession en 2008, il aurait été plus facile d’améliorer les finances publiques de la Californie, huitième économie du globe et foyer mondial de la haute technologie et de l’industrie du divertissement.

Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas lui reprocher d’être resté les bras croisés. En bon pragmatique, il a tenté tout et son contraire en matière de politique budgétaire, sans s’encombrer de dogmatisme idéologique : il a baissé des taxes sur les bénéfices mais augmenté les impôts sur les revenus. Il a sabré dans les dépenses de santé et d’éducation mais a essayé, en vain, d’instaurer une couverture santé universelle. Il a investi dans l’infrastructure publique tout en privatisant des immeubles publics…

Pour Joe Mathews, du New America Foundation, le problème est plutôt à chercher du côté du système législatif californien, qui exige une majorité des deux tiers pour faire passer des mesures budgétaires. Or les démocrates et les syndicats se sont opposés à de nombreuses coupes dans les dépenses, pendant que les républicains refusaient des hausses d’impôts. Pour Joe Mathews, “le gouverneur n’a finalement pas pu faire grand-chose”, tout simplement parce que “le système de gouvernement est cassé”. Résultat, les dépenses et baisses d’impôts n’ont fait que creuser le déficit tandis que ses emprunts pour boucler en dernier recours le budget n’ont fait qu’alourdir la dette.

Le Los Angeles Times nuance également l’échec de son mandat, en rappelant qu’il avait hérité d’une Californie en bien pire état. “Le gouvernement de l’Etat était en échec sur tous les plans: crise de l’électricité, crise de l’eau, crise pénitentiaire. Les taxes automobiles avaient triplé. Les contrats publics étaient entachés par la corruption. La ruine financière menaçait”.

Si Schwarzenegger n’a pas pu réparer les finances publiques, il a néanmoins marqué quelques points dans le domaine écologique. Grâce à lui, la Californie sera le premier Etat américain à instaurer, dès 2012, un marché des droits d’émissions de CO2, sur le modèle du dispositif existant depuis plusieurs années dans l’Union européenne. Le système consiste à attribuer aux industries des quotas d’émissions de CO2, tout en leur permettant d’acheter sur un marché financier des droits d’émission à celles qui polluent moins.

Quant à ses projets d’avenir, il n’a pour l’instant rien dévoilé. Beaucoup d’observateurs spéculent sur la poursuite de sa carrière politique. Certains penchent pour le Congrès à Washington, d’autres sur un poste dans l’administration Obama, en lien avec l’environnement. Une chose est sûre: il ne briguera pas la Maison Blanche face à Obama en 2012, la fonction suprême étant réservée aux personnes nées aux Etats-Unis, alors que naturalisé américain il est originaire d’une petite ville près de Graz, en Autriche.

L’Expansion.com

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