Le réseau de Stefaan Decraene, le patron de Dexia Banque

© Image Globe / DIRK WAEM

Avec la crise, le patron de Dexia Banque a vu s’élargir un carnet d’adresses pourtant déjà bien fourni.

Un réseau ? “Celui des salariés ou des indépendants…” Facétieux, Stefaan Decraene n’exagère pas lorsqu’il affirme d’entrée de jeu qu’il dispose d’un carnet d’adresses aux multiples entrées. Le patron de Dexia Banque connaît effectivement beaucoup de monde. Et pas seulement au sein des quelque 800 agences, salariées et indépendantes, qui composent le réseau, bancaire pour le coup, de l’ancien Crédit communal.

A 46 ans, les relations de ce banquier au style direct débordent largement le cadre de cette présence à tous les coins de rue. “Je connaissais déjà pas mal de gens avant la crise, situe-t-il encore. Mais depuis le sauvetage du groupe en 2008, les contacts se sont multipliés tous azimuts.”

Régulateurs, parlementaires, investisseurs…

Tous azimuts, c’est bien entendu d’abord en direction des régulateurs avec lesquels, dit-il, “les contacts se sont à la fois diversifiés et intensifiés”. Mais aussi avec les actionnaires, les gros clients de la banque, différents cabinets ministériels ainsi que divers présidents de parti comme, notamment, celui de l’Open VLD Alexander De Croo. Histoire “de les éclairer sur la restructuration de Dexia et, plus globalement, sur la crise financière”.

C’est que depuis trois ans, ce travailleur infatigable porte aussi la voix du secteur financier belge en tant que président de Febelfin. Une casquette “chronophage” grâce à laquelle il a néanmoins appris à mieux connaître certains homologues comme Luc Versele du Crédit Agricole, Piet Verbrugge de Delta Lloyd, Regnier Haegelsteen chez Degroof ou encore Alain Moreau, le patron de Deutsche Bank Belgique. Ses contacts les plus précieux, Stefaan Decraene ne les a du reste pas forgés au gré de ces nouvelles rencontres. Ceux-ci, bien entendu, sont plus anciens. Logique, cela fait maintenant plus de 20 ans que ce Flamand natif de Waregem évolue dans le monde de la banque belge. Et déjà cinq ans qu’il est à la barre de Dexia Banque.

Economiste sorti de la KUL, Stefaan Decraene débute en effet sa carrière comme analyste crédit chez Bacob, en 1988. Doté d’un bon sens commercial, c’est là qu’il forge ses premiers liens dans le monde économique et financier du pays, orientant sa carrière vers la banque d’affaires. L’homme y devient successivement directeur du corporate banking, puis, lors de la création d’Artesia (fruit du rapprochement entre Paribas Belgique, Bacob et les Assurances Populaires), de l’ investment banking, en 1998.

Il se voit alors confier des dossiers comme les introductions en Bourse de la brasserie Duvel Moortgat ou du spécialiste des génériques Omega Pharma. Des opérations qui élargissent progressivement son tissu de relations et qui lui valent d’ailleurs encore aujourd’hui la confiance personnelle de leurs deux patrons respectifs, Michel Moortgat et Marc Coucke. En plus d’être “deux bons baromètres de la vie des entreprises”, estime Stefaan Decraene. “A travers eux, je peux me faire une idée très précise du climat des affaires.”

Du privé au public

Viendront par après les années Dexia, suite à la fusion entre l’ancien Crédit communal de Belgique et le Crédit Local de France, en 1996. Groupe où il gravit les échelons jusqu’au sommet, poussant la porte du comité exécutif, fin 2008. Ce qui lui ouvre d’autres portes, celles de certaines entreprises publiques clientes de Dexia, comme Belgacom.

Toujours au registre “public”, cet ami de longue date d’Herman Van Rompuy a su développer une certaine complicité avec nombre de bourgmestres. Normal, “ce sont mes actionnaires mais aussi mes clients”, rappelle-t-il. C’est ainsi que le courant passe bien avec Stefaan De Clerck à Courtrai ou Patrick Moenaert à Bruges. De manière étonnante, il se dit assez complice du bourgmestre de Gand, le socialiste Daniel Termonde, lequel pourtant ne mâche pas ses mots à l’égard des difficultés actuelles de Dexia. Mais que Stefaan Decraene apprécie (voire consulte) pour sa maîtrise des dossiers liés au secteur de l’énergie… tandis que de l’autre côté de la frontière linguistique, il s’entend bien avec le bourgmestre de Liège Willy Demeyer. De multiples facettes, vous disait-on.

LA SCÈNE BANCAIRE

A la fois président d’une des quatre principales enseignes bancaires du pays et de la fédération du secteur financier (Febelfin), Stefaan Decraene peut se targuer d’être en contact avec la plupart des banquiers de la place. De Max Jadot (BNP Paribas Fortis) à Jan Vanhevel (KBC) en passant par Ralph Haemers (ING) ou Regnier Haegelsteen (Banque Degroof). Le délicat dossier de la taxe bancaire l’amène à davantage côtoyer Luc Versele (Crédit Agricole) et Piet Verbrugge (Delta Lloyd), représentant des “petites” banques au sein de Febelfin. Quant à Alain Moreau, CEO de Deutsche Bank Belgium, il ne le connaissait pas avant que la banque ne redevienne membre de Febelfin.

LA GALAXIE DES BOURGMESTRES En bon responsable d’une banque des pouvoirs publics ou “communale”, Stefaan Decraene a su développer une certaine complicité avec divers bourgmestres de grandes villes. Ménageant les susceptibilités, il s’entend aussi bien avec Stefaan De Clerck (Courtrai) et Patrick Moenaert (Bruges), tous deux CD&V, qu’avec le Gantois Daniel Termonde ou le Liégeois Willy Demeyer, qui arborent le dossard socialiste. Figurent également en bonne place dans son carnet d’adresses, les noms de Jean-Jacques Viseur (Charleroi) et Serge Kubla (Waterloo), siégeant par ailleurs tous les deux au sein du groupe en tant qu’administrateurs.

DANS LE MONDE DES AFFAIRES Stefaan Decraene ne fait pas mystère des contacts privilégiés qu’il entretient avec certains hommes d’affaires de sa génération, surtout au nord du pays. Au premier rang de ceux-ci figurent Michel Moortgat, patron de la brasserie éponyme, ainsi que Marc Coucke, le fondateur d’Omega Pharma. Mais aussi Fernand Huts, patron de Katoen Natie, et Philippe Van de Vyvere, CEO du groupe portuaire gantois Sea-Invest. Côté francophone, il voit les frères Mestdagh, Didier Bellens (Belgacom), Eric Domb (Pairi Daiza), Alain Wirtz (Zetes), Serge Fautré (Cofinimmo), Daniel Dobbeni (Elia), Gaëtan Piret (Immobel) ou Renaud Bentégeat (CFE).

DEUX POINTURES POLITIQUES Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, est une vieille connaissance avec laquelle il est resté en contact. Quant à Jean-Luc Dehaene, il le connaissait bien avant qu’il ne devienne président du conseil de Dexia. Et ce par l’entremise du club de foot de Bruges, dont l’ex-Premier ministre est un fervent supporter comme lui.

SES CONTACTS “SPORT” En tant que sponsor principal des “Blauw en Zwart” (FC Bruges) mais aussi citoyen de Loppem, petite bourgade près de la Venise du Nord, on le verra en compagnie du nouveau président du club de Bruges Bart Verhaeghe (Uplace), un ami. De la même manière qu’en temps que sponsor du COIB, il côtoie son président, Pierre- Olivier Beckers (Delhaize).

SÉBASTIEN BURON

REPÈRES

1964. Naissance à Waregem.

1988. Licencié en sciences économiques appliquées de la KUL, il débute sa carrière chez Bacob.

2000. Fait son entrée au comité de direction de Dexia Banque Belgique, en charge des activités à destination du secteur public.

2006. Succède à Axel Miller à la présidence de Dexia Banque Belgique, fonction qu’il occupe toujours aujourd’hui.

2008. Intègre le comité executif du groupe Dexia, sous l’impulsion de son nouveau CEO, Pierre Mariani.

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