Le réseau de Johan Vande Lanotte

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Revenu voici un mois à l’avant-scène politique, “L’Ostendais” ne ménage pas ses efforts pour “rabibocher” les sept partis pressentis pour mener à bien une grande réforme de l’Etat.

On a affublé Johan Vande Lanotte de tous les sobriquets possibles et imaginables. Au mieux, “VDL”, “Le Professeur” ou “L’Ostendais”. Au pire, “le gitan”, “de aangespoelde” (littéralement “l’échoué”, qualifiant généralement ainsi ceux qui quittent leur région natale pour s’installer à la côte) et autres “Keiser”. Mais demain, s’il finit par mener à bien sa mission de “réconciliateur royal”, c’est peut-être en “sauveur du pays” que cette ex-figure de proue du mouvement socialiste flamand inscrira son nom en toutes lettres dans les manuels d’histoire belge contemporaine.

Depuis le 21 novembre, date à laquelle sa délicate mission a débuté, Johan Vande Lanotte affiche délibérément un profil bas vis-à-vis de l’extérieur, à commencer par les médias. Mais à l’intérieur du cénacle politique, cet hyperkinétique est loin d’être en reste. Au point d’ailleurs que certains se demandent aujourd’hui s’il ne se verrait pas bien chausser demain les bottes de Premier ministre.

Homme de pouvoir et de réseau

Remarqué par les instances du parti socialiste flamand, on le pressentait a priori comme conseiller de Luc Van Den Bossche, alors ministre flamand de l’Enseignement. Mais c’est comme chef de cabinet de Louis Tobback qu’il a pour la première fois goûté au pouvoir. Il avait la tutelle sur la toute puissante gendarmerie de l’époque. A l’âge de 39 ans, VDL remplace son mentor – emporté par les pales de l’affaire Agusta – à l’Intérieur et assied peu à peu son autorité et son pouvoir. Pour y arriver, il veut absolument tout contrôler. Nulle surprise donc de le voir briguer par la suite – et obtenir en 1999 – le poste de ministre fédéral du Budget, une fonction qui le rend plus incontournable que jamais au sein du gouvernement de Guy Verhofstadt. Cumulant un moment cette fonction avec celle de ministre en charge des Entreprises publiques, VDL pose là aussi ses jalons au point, par exemple, de placer Jannie Haek, son chef de cabinet de l’époque, à la tête de la SNCB-Holding…

Sur ses terres d’adoption, Ostende, Vande Lanotte règne en maître absolu, même s’il n’apparaît que très peu aux avant-postes. A l’hôtel de ville, il a placé Jean Vandecasteele, un fidèle, comme bourgmestre, lequel occupe aussi un strapontin au Holding Communal. Il peut aussi compter sur l’appui de l’avocat Bart Bronders, échevin en charge, entre autres, de la “chirurgie plastique” de la cité côtière, bref de la rénovation de la ville. A la régie communale portuaire de la Reine des plages, si Paul Gérard est effectivement à l’opérationnel, VDL n’est jamais bien loin. Idem au club de basket local, où il s’est finalement imposé comme le vrai patron, écartant au passage l’emblématique fondateur de Sunair Rudolf Van Moerkerke mais s’entourant d’Arthur Goethals – à l’époque directeur général de Delhaize – qu’il a placé à la vice-présidence.

Carnet d’adresses francophone garni

Homme de pouvoir mais aussi de réseau, Johan Vande Lanotte sait mobiliser autour de lui les forces vives et sait trouver l’argent nécessaire pour mener à bien les projets qui lui tiennent à c£ur. Un exemple avec Amandine Fund, portée sur les fonts baptismaux pour cofinancer des start-up s’installant sur le zoning de Plassendale. Pour arriver à ses fins, avec le lobbyiste Paul Van de Perre, il fédère ainsi de nombreuses personnalités comme Patrick De Maeseneire (à l’époque CEO de Barry-Callebaut) ou, à nouveau, Arthur Goethals (Delhaize).

Dans les négociations politiques qu’il mène à présent, Johan Vande Lanotte est loin d’être en terres inconnues et peut certainement se targuer d’être un des Flamands autour de la table au carnet d’adresses francophone le mieux fourni, en quantité et en qualité. Y figurent en très bonne place Laurette Onkelinx, Didier Reynders, Elio Di Rupo, Joëlle Milquet mais aussi, et de longue date, Jean-Claude Marcourt. En travaillant de près avec Melchior Wathelet Sr, il a forcément connu, tôt, son fils Melchior Jr – dit “Kinou” – qu’il retrouve aujourd’hui, coiffé d’une casquette de secrétaire d’Etat en charge du Budget et négociateur cdH.

Côté flamand, en dehors du sp.a, il connaît assez bien Yves Leterme (CD&V) qu’il côtoie de longue date, ne serait-ce déjà que sur les questions west-flandriennes. Par contre, il ne connaît pas très bien Wouter Beke. A la N-VA, outre Geert Bourgeois qu’il connaît dans les faits mieux que Bart De Wever, soulignons ici que VDL a jadis cosigné un livre – België voor beginners – avec l’ex-journaliste Siegfried Bracke. Indubitablement, cela crée des liens…

Jean-Marc Damry

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