Le réseau de Jean-Pascal Labille

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Le nouveau ministre fédéral en charge des entreprises publiques, de la coopération au développement et des grandes villes était jusqu’ici le n°1 des mutualités socialistes. Introduit dans d’innombrables cénacles, doté d’un épais carnet d’adresses, son influence dans les coulisses du pouvoir est énorme…

Diplômé de HEC Liège, Jean-Pascal Labille entame sa carrière comme assistant des professeurs José Minsart et Jacques Marenne. Nous sommes alors en 1985. Aux HEC, il côtoie un de ses anciens professeurs, Michel Daerden. Entre les deux hommes, le courant passe bien, très bien même, au point que Michel Daerden finit vite par l’engager dans son bureau de révisorat. Et quand, en 1994, l’homme fort d’Ans devient ministre, c’est à deux de ses poulains – dont Jean-Pascal Labille – qu’il confie les rênes de son bureau. En tandem avec Marc Renouprez, Jean-Pascal Labille tiendra ainsi “la boutique” des années durant.

En 2001, approché par l’ancien député et homme fort des mutualités socialistes Michel Dighneef, il quitte en très bons termes son mentor – et le révisorat – pour rejoindre la Fédération des Mutualités Socialistes et Syndicales (aujourd’hui Solidaris) de la province de Liège. En 2009, il “monte” à Bruxelles pour prendre la tête de l’Union Nationale des Mutualités Socialistes, un mandat qu’il exerce en tandem avec Guy Peeters (l’ex-président de la VRT). Dans la galaxie mutualiste et/ou le sillon socialiste, cet homme de chiffres s’avère vite être un administrateur précieux. On ne compte plus les structures où il a occupé ou occupe encore un strapontin, quand il ne s’agit pas de surcroît d’occuper la place de président ou de vice-président du conseil, nouant, entretenant ou consolidant au passage des contacts allant parfois jusqu’à une très grande amitié. Cumuléo nous apprend ainsi qu’il exerçait en 2011 pas moins de 44 mandats, venant de 58 un an plus tôt. Ainsi, s’il n’est plus aujourd’hui au CA de la RTBF, Jean-Pascal Labille a néanmoins gardé d’excellentes relations avec Jean-Paul Philippot et Laurence Bovy. Il préside Wallimage, dirigée par Philippe Reynaert (l’ex-Monsieur cinéma de la RTBF) et siège au board de P&V. Dans le monde médical aussi, comme vice-président du CHU et du CHR de Liège… Aujourd’hui ministre, le nombre de ses mandats va fondre plus vite que neige au soleil !

La mutualité étant un des piliers de la grande famille socialiste, il a forcément des contacts suivis avec le syndicat et le parti. À la FGTB, ses meilleurs contacts sont Thierry Bodson (qui est aussi un de ses grands amis) , Marc Goblet et Francis Gomez. Pas sectaire pour un sou, il entretient aussi d’excellentes relations avec Marc Becker (CSC). Au PS, mis à l’étrier par Guy Mathot, François Pirot et Michel Daerden, siégeant au bureau du parti, il connaît et fréquente forcément beaucoup de monde dans la galaxie du boulevard de l’Empereur. Dans son premier cercle, on y retrouve ainsi pêle-mêle Anne Poutrain (IEV), Alain Mathot, Laurence Bovy (chef de cabinet de Laurette Onkelinx et présidente de la SNCB), Karl-Heinz Lambertz, Paul Furlan, et, surtout, Jean-Claude Marcourt avec qui il se dit en parfaite symbiose. “Avec Roger Ramaekers (Ndlr, l’ancien grand patron des magasins “La Coopérative” aujourd’hui décédé) et Michel Jadot, il est pour moi à la fois un mentor, un frère, un ami”, explique-t-il. D’ailleurs, depuis que Jean-Claude Marcourt est ministre, bref depuis 2004, Jean-Pascal Labille le remplace notamment au CA de la SRIW, dont il a par ailleurs pris la présidence. De quoi ainsi le rapprocher, par exemple, d’un Eric Domb (Pairi Daiza), lui aussi administrateur du holding basé à Liège, ou de Jacques Galloy (XDC). Dans les milieux patronaux, Jean-Pascal Labille connaît surtout, de longue date, Jean-Louis Six (administrateur à la BERD) et Bernard Thiry (Ethias) qui, avant de succéder à Guy Burton à la tête de la compagnie d’assurances, était également impliqué dans la mutualité. Sinon, de par ses fonctions à la SRIW, il côtoie beaucoup Libert Froidmont (Sogepa) et Jean-Pierre Di Bartholomeo (Sowalfin ).

Repères

Né le 23 février 1961
Ingénieur commercial HEC
1985 : assistant aux HEC Liège
1986-2001 : stagiaire, réviseur, associé puis cogérant du cabinet de Michel Daerden
2001-2009 : secrétaire général FMSS Liège
Depuis 2009 : secrétaire général de l’Union nationale des Mutualités socialistes
Président de la SRIW et de Wallimage
Ancien président du comité de gestion du Forem
Vice-président du CHU et du CHR (Liège)
Administrateur de diverses filiales de la SRIW, de Socofe, de Multipharma, de P&V et de HDP

SES MENTORS : Michel Daerden, Michel Dighneef, François Pirot

“J’ai connu François Pirot (Ndlr, ex-grand argentier du PS, inculpé dans l’affaire Dassault) sur le tard, à une époque où il souffrait beaucoup de ce qu’il vivait alors. Il m’a appris à relativiser les choses et à décoder bien des choses, notamment dans le fonctionnement des milieux politiques ou dans le sens de la relation aux autres.”

DANS LES MILIEUX PATRONAUX : Eric Domb, Bernard Thiry, Jacques Galloy

L’ex-président de l’Union wallonne des entreprises est administrateur d’une SRIW qui, à son tour, est présente dans son capital. D’aucuns diront là qu’on est en plein dans le “je te tiens, tu me tiens par la barbichette”… Jean-Pascal Labille ne voit pas les choses comme ça, heureux de côtoyer un homme avec qui on sait discuter et construire…

DANS LE MONDE SYNDICAL : Thierry Bodson, Marc Goblet, Marc Becker

Au-delà de leurs relations professionnelles, Jean-Pascal Labille et l’homme fort de la FGTB wallonne – et président de l’Awex – sont aussi deux grands amis dans la vie.

Au PS : Alain Mathot, Karl Heinz-Lambertz, Anne Poutrain

Peu le savent mais l’actuel ministre-président de la Communauté germanophone est en fait un cadre de la SRIW en congé politique… Bref, on pourrait presque dire que Karl-Heinz Lambertz est un employé de Jean-Pascal Labille. Au-delà de l’anecdote, ces deux hommes sont en fait humainement et intellectuellement très proches..

SES AMIS : Jean-Claude Marcourt, Michel Jadot

Difficile de parler du PS liégeois sans évoquer la “guerre des clans”. Pour Jean-Pascal Labille, de longue date très proche de Jean-Claude Marcourt, le déchirement avec “papa” fut humainement difficile. “C’est vrai que Michel fut mon mentor, c’est un homme de fond, intellectuellement brillant doté d’un don d’analyse prospective hors du commun. Mais au fil du temps, ce n’était plus le même homme. Il est allé trop loin…”

JEAN-MARC DAMRY

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