Le réseau de Bart De Wever

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Bart De Wever, homme le plus populaire de Flandre, le plus cité dans les médias en 2010 et Anversois de souche, a fait le choix (de tenter) d’écrire l’Histoire plutôt que de l’étudier ou de l’enseigner.

Bart De Wever peut se targuer d’être non seulement l’homme le plus populaire de Flandre mais aussi le président du parti (la N-VA) le plus important du nord du pays, avec près de 30 % des voix le 13 juin 2010. L’homme et son parti sont de facto devenus incontournables dans les négociations autour d’une réforme en profondeur de l’Etat. Cette revendication est même une condition sine qua non – il aime les locutions latines – à la formation d’une nouvelle majorité à l’échelon fédéral.

Equipe restreinte

Un dicton dit que, derrière la réussite de tout homme, il y a une femme. Pour ce qui est de Bart De Wever, c’est assurément Liesbeth Homans qui tient ce rôle. Elle est véritablement sa personne de confiance dans le cénacle politique. Ils se sont connus sur les bancs de la KUL et partagent une même vision du mouvement flamand.

Elu au Parlement flamand en 2004, Bart De Wever a fait d’elle son assistante parlementaire. En 2009, elle est entrée à son tour au Parlement flamand et l’an dernier au Sénat, où elle est chef de groupe du parti. Elle continue cependant, dans les faits, à être le soutien indéfectible de son mentor et à incarner à elle seule son tout premier “premier cercle”.

Son “deuxième cercle”, c’est sa garde rapprochée. Quatre personnes en font partie : Jeroen Overmeer, son porte-parole, Valerie Van Peel, une ancienne journaliste d’Actua TV et du très populaire hebdomadaire Dag Allemaal, Piet De Zager, directeur du parti depuis 2004, et Bart Van Camp, chargé des questions de coordination interne au sein du parti.

Son “troisième cercle” est ce que l’on appelle communément le groupe Stratego, un nom qui n’est pas sans rappeler celui d’un célèbre jeu de société dont le but est non seulement de défendre son drapeau mais aussi de capturer celui de l’autre camp. Plus officiellement, ce groupe Stratego est celui par lequel tout doit “percoler”, celui qui avalise – et qui rejette – chaque pas dans les âpres négociations en cours.

Il est composé, outre les quatre “sherpas” évoqués plus haut, des six têtes de liste des dernières élections fédérales. Citons en premier lieu les deux vieux compagnons de route de Bart De Wever dans l’ex-Volksunie : Geert Bourgeois (tête de liste en Flandre-Occidentale) et Frida Brepoels (Limbourg). Viennent ensuite l’ex-journaliste politique de la VRT Siegfried Bracke (Flandre-Orientale), Jan Jambon (Anvers), Théo Francken (Louvain) et Ben Weyts (Bruxelles-Hal-Vilvorde).

Complètent le tour de table de ce groupe Stratego Philippe Muyters, ex-figure de proue du patronat flamand (Voka) et aujourd’hui ministre flamand en charge du Budget, des Finances et de l’Emploi, ainsi que Jan Peumans, actuel président du Parlement flamand.

Peu de relais

“La N-VA, parti jeune, reste plutôt étrangère aux cercles du pouvoir, économique, social, financier ou politique, qui forment la toile de l’establishment belge, expliquait récemment Alain Eraly, professeur de sociologie à l’ULB et spécialiste du management public, à nos confrères du Vif/L’Express. Il lui manque cette logique de réseau qui transperce les cloisons des partis, des instances, des niveaux de pouvoirs, des idéologies pour relier entre eux les décideurs.”

Le seul véritable vivier de relais extérieurs de Bart De Wever serait en fait le Voka, le pendant flamand de l’Union wallonne des entreprises. A défaut de véritable bureau d’études interne au sein de la N-VA, c’est d’ailleurs celui du patronat flamand qui est régulièrement mis à contribution.Bart De Wever fait souvent appel à Jan Van Doren, directeur adjoint du centre d’études du Voka, pour les questions et orientations économiques.

Son éminence grise

Cofondateur de la N-VA, Eric Defoort, ancien professeur d’université – encore un historien ! – est l’actuel président de l’Alliance libre européenne (ALE), une fédération à l’échelon de l’Europe de partis politiques régionalistes et minoritaires. Il est très souvent consulté par Bart De Wever.

Dans d’autres partis

La N-VA n’a jamais caché son envie de voir arriver les libéraux autour de la table de négociations fédérales. Mais il semble plus difficile d’y amener Didier Reynders, président du MR, que de le retrouver à la table gastronomique de Bruneau. Même s’il en est moins proche depuis qu’il a rejoint le gouvernement flamand, il garde en grande estime Jo Vandeurzen (CD&V), l’homme avec lequel il avait travaillé d’arrache-pied à la confection du “cartel” CD&V/N-VA.

Jean-Marc Damry

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