FMI : Lagarde au c½ur d’un “conflit d’intérêt” avec l’UE ?

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Le FMI n’a retenu que deux candidatures à la succession de Dominique Strauss-Kahn : celle du Mexicain Agustin Carstens et celle de la Française Christine Lagarde. En cas de victoire de l’Européenne, cependant, “nous aurions une situation où les emprunteurs domineraient une institution créancière”, a prévenu le premier.

Le Fonds monétaire international a annoncé lundi, dans un communiqué, avoir retenu deux candidatures au poste de directeur général : celle du Mexicain Agustin Carstens et celle de la Française Christine Lagarde, tandis que celle de l’Israélo-Américain Stanley Fischer était écartée.

Le Mexique avait annoncé la candidature du gouverneur de sa banque centrale dès le 22 mai, soit cinq jours après la démission du Français Dominique Strauss-Kahn. La ministre française de l’Economie, dont le nom avait été avancé plus tôt encore, alors même que DSK était incarcéré dans une affaire de crimes sexuels et n’avait pas quitté son poste, avait confirmé le 25 mai qu’elle serait candidate. Quant à Stanley Fischer, gouverneur de la Banque d’Israël, il avait annoncé son entrée en lice dans un communiqué samedi, au lendemain de la clôture officielle des candidatures.

Le FMI fait valoir que les candidatures de Carstens et Lagarde ont été retenues “conformément à la décision adoptée par son conseil d’administration le 20 mai, et qui détaille la procédure de sélection de son prochain directeur général, et en accord avec le règlement du FMI”, qui fixe l’âge limite pour le diriger à 65 ans. Stanley Fischer est âgé de 67 ans.

Le conseil d’administration du FMI, instance composée des représentants de 24 pays ou groupes de pays, s’est fixé pour objectif de désigner un nouveau directeur général d’ici au 30 juin.

FMI : les chances de Lagarde “très élevées” d’après Agustin Carstens…

“Les chances pour Christine Lagarde de se faire élire sont très élevées, a estimé le candidat mexicain à la direction du FMI lors d’une conférence au Peterson Institute, un centre de recherches sur l’économie internationale de Washington. Je suis sûr qu’elle fera une bonne directrice générale.”

“C’est comme de commencer un match de football avec un score de 5 à 0 !”, a-t-il ajouté, évoquant le soutien unanime de l’Union européenne à Christine Lagarde. L’UE contrôle sept des 24 sièges du conseil d’administration du FMI. “Mais il aurait mieux valu qu’elle soit élue lors d’un processus transparent”, a déploré Agustin Carstens, pour qui “les Européens n’ont pas joué le jeu”.

Interrogé pour savoir si, lors de sa rencontre avec lui dans la matinée, Timothy Geithner secrétaire américain au Trésor, avait soutenu sa candidature, celle de Christine Lagarde ou celle de Stanley Fischer, Agustin Carstens a répondu : “Il ne s’est engagé ni dans un sens ni dans un autre.”

… Qui voit un éventuel “conflit d’intérêt” entre FMI et UE avec Lagarde

Le FMI “doit être légitime dans le sens où l’impartialité entre Etats membres prévaut, où il n’y a pas de faveurs faites à certaines régions, et où la représentation des pays est bien équilibrée”, a cependant affirmé Agustin Carstens lors d’une conférence à Washington. Le gouverneur de la Banque du Mexique a argumenté contre la perpétuation de la mainmise de l’Europe sur le poste, qui dure depuis 1946, notant que, “depuis 2005 au moins”, il était convenu qu’il fallait mettre un terme à l’accord entre Etats-Unis et Europe pour se partager les postes de président de la Banque mondiale et de directeur général du FMI.

“Je pense aussi qu’il pourrait y avoir un conflit d’intérêt” entre l’Union européenne et le FMI, a-t-il avancé : “Nous aurions une situation où les emprunteurs domineraient une institution créancière. Je pense que c’est un problème qu’il faut examiner.” Il faut dire que les pays européens, dont la Grèce, l’Irlande et le Portugal, sont aujourd’hui – et de loin – les plus grands emprunteurs au FMI.

Trends.be, avec Belga

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