Voilà le printemps

© PG

A l’heure où la vigne se taille et se prépare à de nouveaux bourgeons, les vignerons participent aux plus importants salons de l’année. Quant à la grande distribution, elle relance ses ventes après les fêtes. Nos dernières dégustations ont débouché sur une sélection des pépites déjà disponibles dans les rayons ou chez les cavistes.

Depuis quelques années, Prowein, organisé au mois de mars à Düsseldorf, est le leader incontesté des salons de vin réservés aux professionnels. Avec sa dizaine de gigantesques palais d’exposition, il accueille 7.000 vignerons et négociants et près de 70.000 visiteurs venus du monde entier. C’est le salon que personne ne veut manquer tant le business y est intense.

En nette perte de vitesse, les gros salons français ont fait le choix logique que tout le monde attendait : ils se sont regroupés et ont choisi de mettre le paquet sur la ville lumière. Wine Paris, issu du rapprochement entre Vinisud et Vinovision, est ainsi en cours de fusion avec Vinexpo, le groupe qui gère, entre autres, l’historique salon bordelais. Les deux partenaires organisaient au mois de février leur premier événement commun dans quatre palais de Paris Expo. Un rendez-vous très attendu par la filière française pas très gaillarde ces derniers temps. Singulièrement la bordelaise dont les ventes sont en chute libre. Les vignerons français sont clairement inquiets face à l’incertitude du Brexit, les surtaxes de Trump et la baisse du marché chinois.

Voilà le printemps
© PG

Wine Paris-Vinexpo 2020, malgré des faiblesses évidentes, ne s’en est pas mal tiré : 30.000 visiteurs pour près de 3.000 exposants. Avec la Belgique à la deuxième place dans le classement par nationalité des visiteurs. A l’arrivée, trois jours intenses dont nous avons tiré la majeure partie de cette sélection.

Des Travers bien droits

On vous a déjà très brièvement parlé de Laurent Brusset et de son vaste domaine de 70 hectares répartis sur plusieurs terroirs de la vallée du Rhône et, notamment, de son épatant Gigondas Hauts de Montmirail en vente sur le site grandsvins.colruyt.be (les vins se commandent sur le site et se retirent dans le Colruyt de votre choix). Le premier adjoint au maire de Cairanne poursuit le travail mené par son père et son grand-père qui fut l’un des premiers de la région à quitter la coopérative et à commercialiser ses propres bouteilles. Chez les Brusset, le fruit est central dans toutes les cuvées. Il en résulte des vins très expressifs qui ne laissent pas indifférents. Laurent mène aussi ses propres expériences comme l’élevage sur lies de ses gigondas ou le lancement d’un épatant côtes-du-rhône générique sans sulfites ajoutés. Mais dans les allées de Wine Paris-Vinexpo, nous avons craqué pour son Cairanne blanc Les Travers 2019 pas encore mis en bouteilles et dégusté ” brut de cuve “. Un blanc bien droit à l’attaque nerveuse et tout en souplesse mais qui laisse une impression finale très ample et persistante. Un grand vin pour qui aime les blancs rhodaniens. Ce Cairanne Les Travers est aussi en vente sur le site Grands Vins de Colruyt au prix de 10,79 euros.

Voilà le printemps
© PG

Ne le fuyez pas comme la peste !

On ne quitte pas Gigondas et les dentelles de Montmirail. Tout au pied, se trouvait jadis une source miraculeuse qui protégeait de la peste. La Vierge y serait même apparue au Moyen-Age. Des centaines d’années plus tard, c’est tout naturellement que la famille Roux donna au domaine familial le nom de la chapelle érigée à côté de la source : Notre-Dame des Pallières. Est-ce l’effet du divin ? Mais les cuvées de Claude Roux désormais rejoint par ses enfants, Isabelle et Julien, sont littéralement touchées par la grâce. Si son Sablet Les Olivet est un vrai glouglou de potes, son Gigondas Bois des Mourres, issu de vieilles vignes dont certaines ont été plantées par l’arrière-grand-père, est une vraie merveille. Voilà l’archétype d’un rouge rhodanien ample et puissant mais qui garde une jolie expression du fruit. Notes de café, de cacao et de fruits rouges et noirs bien mûrs. Ce Gigondas Bois des Mourres (et le Sablet) est en vente chez Jean-Luc Vanschepdael chez Vinathitude (Ath – 068 84 20 30) au prix de 18 euros. D’autres cuvées du domaine sont aussi en vente dans les 12 magasins Comptoir des Vins (comptoirdesvins.be – 067 33 33 70).

Voilà le printemps
© PG

Le Luberon dans toute sa splendeur

Pour sûr, le Luberon, lieu emblématique de la Provence, évoque surtout les vacances ensoleillées : des roues à aubes et des galeries d’art d’Isle-sur-la-Sorgue au village perché de Gordes. Mais le Luberon, rattaché aux vins de la vallée du Rhône, est aussi une terre viticole fertile. Comme à Ménerbes où Yves Rousset-Rouard, député-maire UDF (jusqu’en 2014) et producteur de cinéma ( Les Bronzés, Emmanuelle, etc.) conduit en bio un très chouette Domaine de la Citadelle et y expose sa collection de tire-bouchons (plus de 1.000 pièces). Mais aussi, un poil plus au sud, à Lourmarin, l’un des plus beaux villages de France. Au milieu du siècle dernier, Olivier Monod, le maire (décidément !), rachète une vieille propriété appelée le Château Fonvert. Il y a 20 ans, ses descendants décident de se passer de la coopérative, de vinifier et de commercialiser eux-mêmes. Un travail de fond bien ancré sur la défense de ce terroir magnifique qui a débouché sur une certification bio en 2008 et un label Demeter (biodynamie) en 2014 pour les vins rouges, trois ans plus tard pour les blancs et les rosés. On serait bien en peine de vous citer une cuvée du Château Fontvert qui ne nous ait pas plu. Les rouges, tous très juteux, sont marqués par une étonnante tension et fraîcheur (avec des pH bas) qui n’excluent ni la profondeur ni la suavité. On épinglera le Château Fontvert rouge sous l’appellation Souleu e Terraire (le soleil et la terre en provençal), Le Collet, une sélection parcellaire de vieilles vignes de syrah, et Le Mourre Nègre, un épatant 100 % mourvèdre qui en remet aux stars de l’appellation Bandol. Les vins du Château se trouvent, en ordre dispersé, chez Gelin Vins à Uccle et Braine-le-Château (gelinvins.be) et chez Autrement Dit Vins à Namur (autrementditvins.be – 081 20 00 20).

Voilà le printemps
© PG

Des vins qui ont de la gueule

Le gueules, en héraldique, désigne une couleur rouge. D’Or et de Gueules, le nom du Château tenu dans les Costières de Nîmes par Diane de Puymorin, Mathieu Chatain et leurs enfants, trouve son origine dans le blason de la famille de Diane. Situé à Saint-Gilles, au bord du parc naturel régional de la Camargue, il offre une expérience complète à ses visiteurs : des vins de très haute qualité, trois gîtes avec piscine, des salles de séminaire et un parcours oenologique pédestre de trois kilomètres. Le couple est résolument tourné vers la durabilité et le respect de la biodiversité : plantation de haies, réserve ornithologique dans le domaine, production d’énergie solaire, amendements organiques naturels, confusion sexuelle pour remplacer des produits phytosanitaires, musicologie dans les vignes pour une pousse harmonieuse, etc. Rien d’étonnant dès lors que les 35 hectares de vignes soient certifiés en bio et en biodynamie (Demeter). Et les vins dans tout cela ? E-pa-tants ! La plus belle découverte de Wine Paris-Vinexpo 2020. Diane et Mathieu nous sortent quelques solides pépites. Comme Le Fût entre deux chaises, un objet liquide non identifié à la couleur orangée. En fait, un cépage blanc, le rolle, vinifié en rouge. C’est complexe, ample et terrible juteux. Ou le Cimel blanc, un assemblage de rolle et de grenache blanc, magnifique de tension et de fraîcheur. Un pas supplémentaire est encore franchi avec les cuvées haut de gamme qui trouvent aisément leur place sur les tables étoilées : le Qu’es aquo, un 100 % carignan réalisé sans fermentation malolactique mais avec une macération carbonique de trois semaines ou la Bolida, un 100 % mourvèdre issu de deux clones du cépage qui murissent à des moments différents. Des vins à découvrir sans traîner chez Melchior Vins à Mons (melchior-vins.be – 065 84 26 32) et, dans une offre plus restreinte, au Wine Not de Pascal Courel à Ixelles (wine-not.be – 02 513 47 74).

Voilà le printemps
© PG

Et dans la grande distribution ?

La plupart des enseignes de notre grande distribution proposent ces jours-ci leur traditionnelle foire des vins du printemps. Qu’y découvrir ? Chez Delhaize (jusqu’au 11 mars), tout d’abord, le premier Malbec blanc de l’histoire argentine (2+1 gratuite, soit 4,66 euros la bouteille). Trivento travaille ce cépage rouge emblématique en pressage pour éviter la macération pelliculaire. A l’arrivée, un vin blanc, dont les bénéfices sont redistribués à une fondation qui permet à de jeunes Argentins de faire des études et qui ressemble plus à un rosé gris. C’est plutôt ample et aromatique. A servir avec un plateau de fromages. Notre coup de coeur absolu de la foire Delhaize, c’est le Château Cap de Faugères (11,18 euros en promotion jusqu’au 11 mars). Un très joli côtes-de-castillon dont le terroir jouxte celui de St-Emilion. Le domaine appartient à Sylvio Denz, un homme d’affaires suisse propriétaire de la cristallerie Lalique. Il a aussi racheté le Château Lafaurie-Peyraguey, un premier grand cru classé de Sauternes. Il y a installé un magnifique Relais & Châteaux (cinq étoiles) et ouvert un restaurant immédiatement récompensé d’une étoile Michelin. L’homme ne fait pas les choses à moitié même pour son ” petit ” Cap de Faugères, un vin rond, souple mais plein de caractère.

Voilà le printemps
© PG

Chez Colruyt (jusqu’au 11 mars), on a craqué pour un vin portugais. Le Rio Belo 2017 (4,99 euros) dispose de l’appellation AOP Douro. Il est produit par la famille Symington, l’un des plus grands et plus anciens (200 ans) producteurs de porto (Graham’s, Dow, etc.). Le Rio Belo est produit à partir de vignes que la famille possède dans la Cima Corgo et le Douro Supérieur. Des régions terriblement chaudes en été. Mais comme pour ses autres rouges, Charles Symington, le winemaker, parvient à conserver une épatante fraîcheur et énormément de fruit. A ce prix-là, c’est donné. Signalons, que dans le même groupe, les magasins Spar proposent aussi une foire des vins (du 12 mars au 8 avril). Un autre vin portugais, l’ Aliado (5,95 euros – 2+1 gratuite), issu de l’appellation Alentejano, y est un tout bon rapport qualité/prix.

Voilà le printemps
© PG

Enfin, chez Cora (foire du 10 mars au 6 avril), Alain Renier a rentré la très qualitative collection Signature des Vignerons Catalans dans son bel habillage noir et or. Elle fait la part belle aux appellations (Latour de France, Lesquerde, Les Aspres, etc.) de l’AOC Côtes du Roussillon Village. Une bonne pioche à prix doux (6,79 euros). On se ruera aussi sans hésiter sur un épatant côtes-du-rhône générique bio, le Château Rochecolombe 2017 (7,69 euros). Une propriété qui, à l’origine, appartenait aux Herberigs, une famille belge originaire d’Audenaerde. Un excellent rapport qualité/prix pour une cuvée très juteuse et gourmande.

Voilà le printemps
© PG
Voilà le printemps
© PG

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content