Vers l’infini et au-delà

ROSALIND FRANKLIN. Ce " rover " de l'Esa sera envoyé sur mars afin d'y chercher une potentielle forme de vie. © BELGAIMAGE

Les missions spatiales prévues pour 2020 vont de l’exploration de Mars à la défense de la Terre.

Pour les fans de chroniques martiennes, l’année 2020 s’annonce palpitante. Profitant du rapprochement biennal des orbites de la Terre et de la planète rouge, quatre agences spatiales (Etats-Unis, Chine, Europe et Emirats arabes unis) prévoient de lancer autant de sondes vers Mars. Chacune de ces missions est motivée par la soif de connaissance. Mais aussi par des ambitions de nature plus terrestre.

La Nasa, l’agence spatiale américaine, pilote déjà des robots sur Mars. Mais son rover Mars 2025 embarquera un drone hélicoptère. Un envol réussi dans une atmosphère martienne particulièrement ténue pourrait valoir au pays qui a inventé l’avion l’honneur supplémentaire d’être le premier à avoir fait voler un aéronef extraterrestre. Question image, ce n’est pas rien…

L’Agence spatiale européenne (Esa) doit toujours atterrir sur Mars. Sa première tentative, avec un appareil nommé Schiaparelli, s’est écrasée en 2016. Le cratère noirci du crash a été photographié par un engin de la Nasa qui orbitait autour de la planète. L’Esa a cette fois bénéficié de l’assistance des Etats-Unis et la Russie, mais compte bien gérer elle-même l’atterrissage de son rover Rosalind Franklin, du nom d’une scientifique britannique qui a fait oeuvre de pionnière dans la découverte de la structure de l’ADN.

Une première pour le monde arabe

En 2010, la première mission martienne de la Chine a fait long feu quand l’engin spatial russe sur lequel avait été arrimée la sonde a échoué à quitter l’orbite terrestre. C’est pourquoi Pékin veut aujourd’hui prendre en charge le lancement du HX-1.

La mission martienne des Emirats arabes unis a été développée avec des partenaires américains et fera appel à un lanceur japonais. Mais ce sera une première interplanétaire pour le monde arabe. Côté mérites scientifiques, la sonde des Emirats baptisée Hope fera appel à la spectrométrie par ultraviolet pour étudier l’atmosphère martienne et comprendre comment et pourquoi l’hydrogène et l’oxygène s’échappent dans l’espace. Embarqué sur le rover de la Nasa, un gadget qui ” respire comme un arbre ” convertira le dioxyde de carbone, très abondant sur Mars, en un oxygène beaucoup plus rare, que les futurs astronautes pourront respirer ou utiliser pour produire du carburant pour fusée. Une foreuse embarquée sur le rover de l’Esa percera la roche à une profondeur sans précédent de 2 mètres sous la surface du delta d’une ancienne rivière. Les échantillons seront ensuite broyés et chauffés dans un carrousel de fours afin de produire des gaz qui pourraient révéler des signes de vie microbienne actuelle ou ancienne. Le rover chinois utilisera un géoradar pour rechercher des poches de glace sous le sol.

Le programme spatial 2020 pourrait également inclure le lancement inaugural de SLS, la plus grande fusée au monde, conçue par la Nasa. Et Virgin Galactic et Blue Origin pourraient proposer les premiers vols suborbitaux commerciaux aux amateurs de sensations fortes les plus fortunés. Mais l’événement le plus important pour nous, Terriens, pourrait être le lancement d’un satellite solaire par l’Esa, programmé pour février 2020.

Défense planétaire

Solar Orbiter sera placé sur une orbite allongée qui se rapprochera au plus près du soleil tous les cinq mois. Les instruments cachés derrière les ouvertures qui parsèment son bouclier thermique chercheront des corrélations entre les grondements internes de l’étoile et ses projections périodiques violentes de particules chargées. Celles-ci sont susceptibles de mettre hors service des réseaux électriques et ordinateurs sur notre planète, voire plonger des continents entiers dans le chaos et le conflit.

Solar Orbiter doit être considéré comme une espèce de ” défense planétaire “. Les données qu’il va collecter nous aideront à développer des modèles qui pourraient permettre de prévoir l’arrivée de rafales de particules capables de détruire des appareils électroniques quelques jours avant qu’elles ne frappent la Terre. Il sera alors possible de déconnecter ou de protéger autrement les réseaux électriques et autres équipements. C’est vrai, cette mission n’a pas le glamour de l’exploration martienne, mais elle pourrait être la plus noble de 2020.

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