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L’écrivain Emmanuel Carrère a suivi le procès des attentats du 13 novembre 2015, à Paris. Dans V13, sa subjectivité fait oeuvre et transcende le récit des minutes ici retranscrites, ouvrant un dialogue entre les différents témoignages. Face à l’insondable noirceur, il évoque Dostoïevski, tout en s’autorisant parfois un peu d’humour pour se protéger. Souvent, dans un procès, c’est la figure de l’assassin qui fascine ; pourtant, ici, ce sont les victimes qui enflamment les passions. Celles qui furent héroïques, mais aussi celles qui ont “poussé, écrasé, piétiné” pour se sauver, submergées aujourd’hui par la honte. L’antagoniste principal, c’est Salah Abdeslam, celui qui n’a pas explosé. L’auteur s’interroge sur cette “tête à claques” qui, peut-être malgré elle, pose un enjeu crucial: “tout ce que vous dites sur nous, les djihadistes, c’est comme si vous lisiez la dernière page d’un livre. Ce qu’il faudrait, c’est lire le livre depuis le début”. L’autre parole phare est celle d’un survivant: “j’attends que ce qui nous est arrivé devienne un récit collectif”.

Emmanuel Carrère, “V13”, P.O.L., 363 pages, 22 euros.

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