Une diversification bon marché

© is

Le résultat net du producteur canadien d’uranium a plongé dans le rouge au troisième trimestre à hauteur de 124 millions de dollars, essentiellement en raison d’une dépréciation de 111 millions de dollars de la valeur de sa filiale Nukem, un négociant en combustible nucléaire. Cette opération n’a d’incidence que sur la valeur comptable. La perte nette ajustée s’est limitée à 50 millions de dollars. Le chiffre d’affaires (CA), à 486 millions de dollars, est quant à lui supérieur aux prévisions. Les conditions de marché demeurent difficiles pour les producteurs d’uranium. On attend toujours un redressement du secteur. Le prix spot (pour livraison immédiate) de l’uranium fluctue autour de 20 dollars la livre. C’est à peine deux dollars de plus qu’il y a un an. En 2007, la livre d’uranium flirtait encore avec les 140 dollars ! Le prix du contrat qui sert de base pour les contrats à long terme fluctue actuellement autour de 30-35 dollars la livre. Dans de telles conditions, il est très difficile pour les producteurs d’uranium de gagner de l’argent. C’est aussi vrai pour Cameco, qui représente 18 % de la production mondiale d’uranium, avec des mines au Canada et au Kazakhstan. Les producteurs ne contrôlent pas les prix de vente ; ils ne peuvent intervenir qu’au niveau de leurs coûts.

La réorganisation de sa division Marketing a coûté au groupe cinq millions de dollars, mais produira annuellement entre 8 et 10 millions de dollars d’économies. Cameco sabre aussi sensiblement dans le budget consacré à l’exploration. Il a ajusté sa prévision en la matière, déjà revue à 175 millions de dollars au début de l’année, à 160 millions. Jusqu’ici, cette année, les coûts sont cependant inférieurs de 10 % à leur niveau de l’an dernier, sur la même période. Le prix de vente moyen de la livre d’uranium a reculé au troisième trimestre de 26 %, à 41,66 dollars canadiens (CAD). Après trois trimestres, le prix de vente moyen est de 21 % inférieur à celui de l’an dernier. Cameco a également abaissé les projections de production pour l’ensemble de l’année, de 25,2 à 24 millions de livres. Mais la mesure n’a aucun effet sur les volumes de vente attendus car Cameco dispose de suffisamment de réserves. Entre janvier et septembre, le groupe a écoulé 21 millions de livres d’uranium, soit 6 % de plus qu’un an plus tôt. Au quatrième trimestre viendront s’y ajouter 11 ou 12 millions de livres, soit au total 32 ou 33 millions de livres, une quantité située dans le haut de la fourchette de prévisions initiale. La direction table sur un prix de vente moyen de 47,5 dollars par livre. Le coût de production se situera entre 35 et 36 dollars, soit 11 % à 13 % de moins que l’an dernier.

Les débats ultimes sont en cours dans le cadre du litige qui oppose Cameco au service fiscal canadien CRA au sujet des revenus de ses filiales étrangères. Au mieux, la conclusion pourrait se faire attendre encore six mois ; au plus tard, un an et demi. Dans le conflit avec le groupe de services d’utilité publique japonais Tepco concernant un contrat conclu en 2009, la procédure d’arbitrage a commencé. Mais on en connaîtra l’issue au plus tôt en 2019.

Conclusion

Cameco ne peut prédire le moment où il renouera avec la croissance et, d’ici à la reprise du marché de l’uranium, le groupe s’évertuera à être le plus efficace possible. Notamment en dépensant moins en marketing, dans l’administration et même l’exploration – au prix actuel de la livre, il est plus intéressant de laisser sous terre les réserves d’uranium. A moins d’une fois la valeur comptable, Cameco offre une diversification bon marché, et le risque de baisse est limité.

Conseil : digne d’achat

Risque : élevé

Rating : 1C

Paru sur initiedelabourse.be le 10 novembre

Les conditions de marché demeurent difficiles pour les producteurs d’uranium.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content