Un sauveteur rentable mais fragilisé

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Avec 13.825 établissements, près de 201.000 salariés, 131 millions de clients et une capitalisation boursière de 93 milliards d’euros, Banco Santander compte parmi les plus grandes banques d’Espagne. Ce leadership a été mis en exergue une fois de plus avec l’opération de sauvetage de Banco Popular. La profonde crise immobilière espagnole a acculé Banco Popular d’un portefeuille de 29,8 milliards d’euros de créances toxiques. Lorsqu’un risque de défaillance a menacé la banque, les autorités sont intervenues et Banco Santander a sauvé sa compatriote en la rachetant pour un euro symbolique. En l’associant dans la foulée à une augmentation de capital afin de renforcer le bilan de la banque en détresse.

Comme souvent avec le CEO Ana Botin, la direction n’est pas restée les bras croisés. C’est courant juillet qu’a eu lieu l’augmentation de capital de 7,07 milliards d’euros (placement d’actions à 4,85 euros ; une nouvelle action pour dix existantes). L’intérêt suscité par l’opération fut énorme : 58 milliards d’euros de souscriptions au total. Le groupe a trouvé un accord avec Blackstone pour lui céder une part majoritaire (51 %) du portefeuille d’actifs immobiliers de Banco Popular. Les fonds Apollo Global Management et Lone Star Funds s’étaient eux aussi portés candidats acquéreurs de la participation majoritaire. Banco Santander conserve le solde des actifs (49 %). Pour réduire encore le risque lié à la reprise, la gestion de ce portefeuille sera assurée indépendamment de Banco Popular. Cette grande banque est très active en Amérique latine (elle est l’une des banques principales en Argentine, au Brésil, au Mexique et au Chili), mais aussi en Amérique du Nord (États-Unis) et dans plusieurs pays européens (outre l’Espagne, le Portugal, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Pologne). L’absorption de la banque entraînera une hausse de la part de l’Espagne de 18 à 25 %, et de celle des marchés matures de 52 à 57 %.

Sur les six premiers mois, le bénéfice de Banco Santander s’est accru de 24 %, à 3,62 milliards d’euros, dont 1,75 milliard au deuxième trimestre. Sur une base semestrielle, cela représente une hausse de pas moins de 24 % ; au deuxième trimestre, la hausse est même ressortie à 37 %. Avec un ratio coût sur revenus de 46,3 millions pour le deuxième trimestre, Banco Santander est l’une des banques européennes les plus rentables. Le rendement de ses capitaux propres (ROE, pour return on equity) s’est élevé à 7,97 % au deuxième trimestre, contre 6,89 % à la même période il y a un an. Dans le monde bancaire, on attache cependant plus d’importance au rendement des fonds propres ” tangibles ” (ROTE). Et là, on constate une nette amélioration : 11,82 % sur les six premiers mois, bien plus que les 10,69 % du premier semestre de l’an dernier et les 11,08 % de l’exercice 2016.

Conclusion

L’action de Banco Santander a beaucoup progressé depuis l’été dernier. Même si elle a réalisé une belle transaction en acquérant Banco Popular, sa valorisation est moins intéressante qu’il y a six ou douze mois, à 12,5 fois le bénéfice 2017 et une fois la valeur comptable. D’où notre abaissement de conseil (temporaire).

Conseil : conserver/attendre

Risque : moyen

Rating : 2B

Paru sur initiedelabourse.be le 9 août

Banco Santander est l’une des banques européennes les plus rentables.

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