Gymlib, cette société qui veut lutter contre l’absentéisme et l’attractivité de l’employeur grâce au sport

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Bastien Pechon Journaliste

la société française Gymlib est un “ticket restaurant du sport” qui donne accès aux infrastructures de 250 partenaires en Belgique. Bien que proposant une offre à la carte aux particuliers, la plateforme cible avant tout le segment “B to B”.

Gymlib, un réseau français de salles de sport, s’étend en Belgique. Mais à la différence de chaînes comme Basic-Fit ou JIMS, la société française n’exploite pas ses propres salles. Gymlib est en réalité une plateforme qui référence plus de 2.500 infrastructures en France et en Belgique. Et elle ne propose pas que du fitness. A Bruxelles par exemple, il est aussi possible de faire de la boxe thaïe, de la danse, du systema – un art martial russe -, du yoga, de l’escalade, du squash, et même de l’électrostimulation musculaire. Il est ainsi proposer de tester 250 activités différentes en optant pour des pass ou un abonnement illimité de trois mois. Néanmoins, seuls les pass une entrée sont disponibles en Belgique. Comptez 10 euros pour une séance de boxe, 17 euros pour un cours de yoga, ou 40 euros pour une séance d’électrostimulation. Dans cette offre adressée aux particuliers, le site perçoit une commission sur les entrées et les abonnements.

En Belgique, la plateforme peut compter sur 250 partenaires, comme les salles de sport JIMS, les centres de bien-être Aspria ou la chaîne hôtelière Martin’s Hotel.

Mais le B to C n’est pas le principal marché de Gymlib. Lancée en France en 2013, la start-up cible d’abord le grand public avant de prendre un virage important en 2016 vers le B to B. ” Nous nous sommes rendu compte qu’il y avait un réel intérêt des entreprises pour améliorer le quotidien de leurs salariés, notamment en se préoccupant de leur santé physique et mentale “, explique Sébastien Bequart, cofondateur de Gymlib. La start-up propose alors d’accompagner et de conseiller les entreprises qui souhaitent intégrer le sport dans leur politique de ressources humaines. En échange, les salariés accèdent au réseau mis en place par Gymlib.

” Le système repose sur un cofinancement de l’entreprise, ce qui permet de proposer un prix compétitif à ses salariés, poursuit Sébastien Bequart. Le prix de notre service pour l’employeur va de 1 à 20 euros par personne et par mois en fonction de la taille de l’entreprise. ” Un coût qui reste fixe d’un mois à l’autre : il ne dépend pas du nombre de salariés ayant opté pour un abonnement. Une PME de 50 employés, par exemple, paiera 50 euros par mois pour cet accompagnement. Et ce même si 30 salariés utilisent leur abonnement au mois de septembre, contre 15 le mois suivant. La société qui opte pour les services de Gymlib a donc tout intérêt à motiver la plus grande partie de ses troupes pour voir son investissement rentabilisé. ” Pour les salariés, l’abonnement va de 10 à 40 euros par mois en fonction de la gamme ( standard, avancé, voire premium, Ndlr) “, ajoute Sébastien Bequart. Une fois l’abonnement contracté, l’employé a un accès illimité aux salles de sport prévues dans la formule choisie.

Améliorer “la marque employeur”

Gymlib présente effectivement son service comme étant un investissement plutôt qu’un coût pour l’employeur. Pratiquer une activité sportive régulière permet en effet de lutter contre le stress, le burn-out ou l’anxiété. La start-up met en avant plusieurs chiffres. Selon l’Institut national belge d’assurance maladie invalidité (Inami), l’incapacité de travail aurait coûté 7,1 milliards d’euros en 2017 en Belgique, soit 1.010 euros par travailleur à temps plein. Cet absentéisme est souvent dû au stress, à l’anxiété, voire au burn-out. A un point tel que des happiness managers s’installent peu à peu dans les départements de ressources humaines afin d’améliorer le quotidien des employés. Au-delà, c’est l’attractivité de l’employeur qui se voit renforcée. Proposer à ses salariés de faire du sport à moindre coût, leur donner la possibilité de varier et de découvrir de nouvelles activités permet aussi de renforcer la ” marque de l’employeur “, et donc de limiter le risque d’un ” débauchage “, même à salaire plus élevé. Selon un sondage réalisé par Market Audit pour le compte de Decathlon auprès de 1.013 salariés français, seules 7 % des entreprises incitent leurs employés à faire du sport, alors que 78 % des personnes interrogées se disent prêtes à pratiquer une activité sportive grâce à leur entreprise si les conditions sont réunies.

Une compétition exacerbée

Un marché serait donc à prendre. Avec peut-être un bémol : Gymlib n’est pas le premier à proposer des offres destinées aux entreprises. Beaucoup d’offres low cost existent aussi pour les particuliers, notamment auprès des exploitants de salle de fitness comme Basic-Fit. Il faut donc non seulement convaincre l’employeur du réel retour sur investissement qu’il peut espérer, mais aussi ses salariés alors que certains d’entre eux sont déjà clients auprès d’autres prestataires. ” Nous ressentons effectivement cette présence très forte de Basic-Fit en Belgique, admet Sébastien Bequart. Mais nous constatons aussi que les gens n’ont plus envie de s’engager, qu’ils souhaitent varier leurs expériences. ” Avec Gymlib, le salarié peut en effet résilier son abonnement à tout moment. Il ne s’engage donc pas sur un contrat d’un an comme c’est souvent le cas pour les formules à prix cassés des exploitants de salle de sport. Cette diversité d’activités est aussi un des arguments de vente du site français face cette concurrence exacerbée. Cependant, ces autres prestataires ne sont pas toujours des rivaux pour Gymlib. En Belgique, la plateforme peut compter sur 250 partenaires, comme les salles de sport JIMS, les centres de bien-être Aspria ou la chaîne hôtelière Martin’s Hotel. Contrairement à la formule B to C, Gymlib ne prend pas de commission lorsqu’un salarié se rend à la salle de sport. Il rémunère le prestataire en fonction de la fréquence d’utilisation. Une rémunération qu’il a cependant négociée avec les clubs pour proposer un tarif préférentiel.

Une partie de l'équipe de Gymlib avec le cofondateur Sébastien Bequart à gauche.
Une partie de l’équipe de Gymlib avec le cofondateur Sébastien Bequart à gauche.© PG

Sodexo dans le capital

L’ambition de Sébastien Bequart et Mohamed Tazi, anciens de chez Deloitte et fondateurs de la société, est de faire de Gymlib ” le ticket restaurant du sport “. Pour y parvenir, ils ont levé un capital de 14 millions d’euros, notamment grâce à une importante levée de fonds de 10 millions d’euros en avril 2018. Parmi les nouveaux actionnaires : Sodexo. Le CEO de Gymlib reste cependant évasif sur la participation exacte de la multinationale française, mais assure qu’il s’agit d’une participation minoritaire. Le reste du capital est partagé entre trois fonds d’investissements : Breega Capital, Alyan Group, FA DIESE ; et des investisseurs privés.

Installée depuis septembre 2017 en Belgique, la société française a d’abord construit son réseau d’infrastructures sportives durant six mois, avant de démarcher ses premiers clients B to B début 2018. La start-up Wemanity, l’entreprise Otakeys, la FEB, ou encore la zone de police de Nivelles se sont laissées convaincre. La plupart des infrastructures disponibles sont situées à Bruxelles, Liège, Namur, Mons et dans le Brabant wallon. La start-up française est cependant encore peu développée en Flandre. Cela devrait changer dans les prochains mois. Aujourd’hui, l’entreprise compte sept employés dans notre pays et envisage d’engager une dizaine de personnes avant la fin de l’année, essentiellement des commerciaux, pour poursuivre son développement.

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