Un marché semé d’interrogations

Xavier Attout

Publier un Guide immobilier en pleine crisedu Covid-19 peut sembler quelque peu à contre-courant. Le petit monde de l’immobilier et de la construction vit au ralenti depuis ces dernières semaines. Tant les acheteurs que les vendeurs sont dans l’expectative. La plupart des grands chantiers sont à l’arrêt. Les agents immobiliers ne peuvent même plus effectuer de visites virtuelles. Et le traitement des demandes de permis par l’administration est mis entre parenthèses. Un coup d’arrêt brutal pour un secteur dont l’activité battait son plein ces dernières années. Et dont la plupart des indicateurs étaient encore au vert jusqu’au 17 mars.

L’immobilier belge dispose de garde-fous qui lui permettent, le plus souvent, de passer à travers les gouttes.

Pourquoi publierun tel Guide immobilier alors ? Car si personne ne sait encore prédire quand se matérialisera la reprise économique, il y a peu de doutes que l’immobilier résidentiel ne s’en relève pas. La plupart des observateurs que nous avons interrogés en sont convaincus. Tant l’éventuel (léger) recul des prix que le ralentissement des transactions auquel nous assisterons dans les prochains mois ne devraient être que des épiphénomènes quand on analysera les conséquences de cette crise sur une plus longue période. L’immobilier belge dispose de garde-fous (taux d’endettement faible, taux de propriété élevé, épargne des ménages, stabilité des régimes fiscaux, confiance dans la brique) qui lui permettent, le plus souvent, de passer à travers les gouttes. Même si, cette fois, les capacités d’emprunt de certains candidats acquéreurs seront davantage impactées.

Comme vous le lirezdans ce Guide, le fil rouge des interviews effectuées dans les différentes provinces belges visait surtout à s’interroger sur les mesures qui accompagnent la densification de notre territoire. Un enjeu essentiel. Car si l’idée de densifier le logement aux alentours des gares et des lieux de service de manière à diminuer l’étalement urbain et les déplacements ne fait plus débat, adjoindre une qualité de vie suffisante dans ces nouveaux immeubles ou quartiers fait encore le plus souvent défaut. Tant les pouvoirs publics que les promoteurs ont le devoir d’accompagner ces nouvelles constructions d’espaces publics de qualité, d’espaces verts ou de services en tous genres. Une obligation pour rendre attractive cette nouvelle manière d’habiter.

Ce constat doit d’autant plus interpeller dans le contexte actuel. La manière dont chacun ressortira de ce confinement forcé est un élément à suivre de près. Il est évident que passer ses journées dans sa villa quatre façades et son grand jardin entraîne une perception différente de la situation que lorsque l’on est coincé dans un étroit appartement sans balcon. De là à faire évoluer les réflexions sur la densification du bâti dans les villes et sur les modes d’habitat ? Et pousser certains à délaisser les centres urbains pour profiter d’une maison à la campagne ? S’il s’agit d’un pas qu’il est encore prématuré de franchir, tant la lame de fond de la densification mêle également des contingences financières et sociales, ces questions pourraient toutefois alimenter les débats à l’avenir. Et faire quelque peu bouger le curseur de l’habitabilité.

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