Un détecteur de prospects ” B to B “

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Malgré une activité fortement touchée par le coronavirus, la start-up liégeoise de ” business intelligence ” progresse doucement mais sûrement, dans un domaine où la concurrence ne se bouscule pas encore. En contact avec de grands acteurs économiques, Inoopa en profite pour perfectionner ses algorithmes, optimiser son modèle et immuniser son chiffre d’affaires.

Une expérience intense. Soixante pour cent du personnel a contracté le Covid chez Inoopa. ” Cela nous a unis comme jamais au sein de l’équipe et nous avons pu bénéficier d’un soutien inconditionnel de la part du conseil d’administration et des clients “, confie le fondateur et actuel patron de la start-up, Jean-Pol Boone.

Impossible d’ailleurs de nier un ralentissement du chiffre d’affaires depuis le confinement. Pourtant, même s’il est préférable de ne pas tenter de pronostic précis, après avoir terminé un exercice 2019 un peu en dessous du million d’euros, la barre symbolique devrait être franchie cette année.

Inoopa a pour spécialité de déterminer à partir de la data ” l’ADN économique ” de n’importe quelle entreprise. En termes simples, la start-up parvient grâce à l’analyse sémantique de langage et d’images issus de diverses publications à préciser l’activité, l’organigramme, les décideurs d’une entreprise donnée.

Mais, compte tenu des circonstances inédites, Inoopa a adopté une approche dite cafard, c’est-à-dire une stratégie de développement progressif centrée sur la rentabilité : les coûts doivent être couverts par le chiffre d’affaires régulier. ” Nous avons ralenti la croissance pour pouvoir traverser cette période d’incertitudes et nous focaliser principalement sur la qualité de nos données, nos algorithmes et nos produits. Et maintenant que la reprise apparaît doucement, nous réinvestissons dans nos solutions “, remet en contexte Jean-Pol Boone.

Inoopa a ainsi repris sa phase d’expansion internationale. Après les Pays-Bas, la start-up ouvre en ce moment le marché français. Pour l’occasion, une levée de fonds se prépare, une série A qui sera vraisemblablement clôturée début de l’année prochaine si tout suit son cours. Autrement dit, en fonction de l’évolution sanitaire. L’objectif a été fixé entre deux et trois millions d’euros et Inoopa bénéficie déjà d’un accord de principe.

Une arme secrète ?

En interne, les équipes d’Inoopa croisent de plus en plus de données intéressantes, telles que les publications officielles de la Banque-Carrefour des entreprises avec celles issues des différents réseaux sociaux.

Sur cette base, la jeune firme a développé l’équivalent d’une barre Google dans laquelle, au départ d’un terme de recherche, il est possible de trouver toutes les entreprises qui sont soit l’exact match, à l’identique du terme recherché, soit le broad match, un nuage de termes qui gravitent autour de la recherche.

” Là où Inoopa se démarque du marché, c’est la granularité, la capacité de retrouver sur la base d’un seul terme tout le listing des indépendants et des entreprises actives. Notre couverture a atteint 100% de la population belge, et la qualité du rendu des données est désormais ultra-pointue. Le niveau de précision est de minimum 93% “, revendique Jean-Pol Boone.

Les données mises en forme par Inoopa permettent alors de guider la prospection, de réaliser des baromètres, d’enrichir des bases de données. Parmi sa clientèle, l’énergéticien Engie envoie à la start-up liégeoise un fichier qu’elle va enrichir avec des données à l’instar des meilleurs codes NACE (nomenclature statistique des activités économiques), les preneurs de décision, etc.

” Nous avons travaillé sur ces aspects de manière scalable, donc tout ce qui était valable pour la Belgique, on peut aujourd’hui le sortir à une échelle internationale. C’est dans ce cadre-là qu’on a repris la levée de fonds “, explique le fondateur.

Plus marketing que financier

Ressemblant au fruit de la rencontre entre Google et Graydon, Inoopa compte de plus en plus de sociétés de marketing direct. Il faut dire que les solutions de la start-up se montrent beaucoup plus efficaces pour de la prospection commerciale. ” Comme nous nous efforçons de fournir de la qualité plutôt que de la quantité, nos utilisateurs réalisent énormément d’économies au niveau des ressources nécessaires pour pouvoir activer un client “, résume Jean-Pol Boone.

Approchée par des Bouygues Telecom, Veepee, Saint-Gobin, l’entreprise de Liège se dit chanceuse. Ces grands acteurs de l’économie ont les capacités de faire de l’outbound calling, de démarcher des prospects. Seulement voilà, ils ont un problème : la data. ” C’est là que nous sommes complémentaires. Eux, ils sont plutôt sur l’actionnable, et nous la data qui actionne “, nuance le CEO d’Inoopa.

Aujourd’hui, la start-up constitue une société de back-end. Elle fournit des API et des fichiers de données. Mais l’ambition est d’offrir la possibilité à un petit acteur, comme une PME, qui cherche à adresser des termes hyper spécifiques en ciblant des sociétés qui se créent ou des secteurs, de le faire en mode self- service sur une boutique en ligne.

” Aujourd’hui, les gros acteurs qui brassent énormément de données B to B sont très peu structurés. Ils viennent alors chercher deux choses. La première, ils ont envie d’organiser leurs bases de données, souvent fort incomplètes et difficiles à segmenter. La deuxième, c’est notre produit phare, celui sur les starters qui permet de détecter en temps réel toutes les sociétés qui se créent en fonction d’un secteur visé “, indique Jean-Pol Boone.

Selon les dires de son fondateur, Inoopa disposerait de la rapidité et de la qualité. Les autres acteurs de la prospection interviendraient, eux, davantage au niveau de la volumétrie des données. Fort de cette expertise, Inoopa se dirige vers des modèles à la performance. ” Pour ne pas être payé à la ligne des listings mais aux résultats, dès qu’un prospect décroche, qu’un client repéré par nos soins signe. Un peu comme le coût par clic de Google Ads “, compare-t-il.

Pour l’heure, pas de concurrence frontale. Sur les radars de la jeune firme liégeoise, deux entreprises respectivement basées au Royaume-Uni et en Finlande. ” Mais ça commence à bouger “, sourit Jean-Pol Boone.

Business case

Inoopa signale en temps réel au géant de la critique touristique TripAdvisor toutes les sociétés qui se créent dans le secteur de la restauration. ” Il faut savoir que dans les codes NACE des restaurants, il y a aussi les bars et les snacks. Grâce au monitoring, nous recevons une notification lors de la création d’une nouvelle entreprise et la suivons automatiquement. Et le jour où ce fameux restaurant crée sa page Facebook ou sa fiche Google My Business, dès qu’une publication démontre qu’il s’agit bien d’un restaurant, nous en informons TripAdvisor “, décrit Jean-Pol Boone. La force commerciale de la plateforme américaine va directement contacter ce nouveau restaurant pour proposer ses services B to B. ” Et TripAdvisor enregistre des taux de conversion de plus de 50% ! “, se félicite le CEO d’Inoopa.

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