Un changement dans la continuité de la Fed

Ce n’est pas une surprise : le président Donald Trump a nommé Jerome Powell nouveau président de la Banque centrale américaine (Fed). On prévoit de manière générale qu’il poursuivra la politique de l’actuelle présidente Janet Yellen, moyennant quelques inflexions ici et là.

Jerome – alias Jay – Powell (64 ans) est connu pour être un homme pragmatique. Déjà administrateur de la Fed, il connaît parfaitement les rouages de l’institution. Sa politique ne devrait pas différer fondamentalement de celle mise en place par Janet Yellen, qui restera en fonction jusqu’à fin février prochain.

Fidèle à lui-même, Trump alterne louanges et critiques à l’égard de l’actuelle présidente de la Fed. Pour reprendre ses termes, Janet Yellen est ” magnifique et fait un excellent boulot “. Or elle est priée de partir, alors qu’elle ambitionnait un nouveau mandat. Il est très exceptionnel qu’un président de la Fed en fonction ne se voie pas proposer un nouveau mandat de quatre ans. Trump rompt ainsi avec la tradition. Les critiques de Madame Yellen à son encontre, durant la campagne électorale, ne sont probablement pas tombées dans l’oreille d’un sourd. Leur relation, depuis, était froide.

Donald Trump rompt également avec une autre tradition. A la présidence de la Fed, l’on avait jusqu’ici été habitué à un économiste. Powell est un politologue et un juriste. Il se chuchote que depuis longtemps, on n’avait plus mis à la tête de cette institution une personne aussi nantie. Il aurait bâti sa fortune en travaillant au sein de différentes sociétés d’investissement, dont The Carlyle Group. Sans doute Trump entend-il également façonner davantage à sa main le conseil d’administration de la Fed. Il doit/peut en effet rechercher quatre nouveaux membres. Le nom d’un autre ancien dirigeant de Carlyle, Randal Quarles, a d’ailleurs déjà été évoqué.

La même chose, autrement

Que faut-il attendre de Powell ? Certainement pas un changement de cap brutal. Mais il va, pour sûr, imprimer sa propre marque. Car si Powell aime travailler dans l’ombre, il n’est pas un inconnu. C’est en effet l’ancien président (démocrate) Barack Obama qui avait fait monter le républicain Powell à bord de la Fed il y a cinq ans. Depuis, il n’a voté contre aucune des propositions du comité de la Fed chargé de la politique de taux. En d’autres termes, il priorise la croissance économique et les taux bas, non l’inflation. A l’instar de l’actuelle présidente de la Fed. Il ne faut donc pas s’attendre à un relèvement significatif des taux à brève échéance. Un dollar fort ne l’intéresse pas outre mesure.

D’autre part et à la différence de Yellen, Powell est un grand partisan de la dérégulation. Il compte par exemple assouplir les stress tests périodiques auxquels sont soumises les grandes banques. Nous nous attendons à une suppression progressive des incitants économiques. Jerome Powell a déjà déclaré qu’il s’investirait pleinement pour réaliser les objectifs de la Fed : la stabilité des prix et le plein emploi.

Redressement du dollar

L’annonce du nom du futur patron de la Fed par Donald Trump a provoqué un léger recul du dollar américain. C’est singulier, car Powell était pressenti au poste depuis longtemps. Mais ce petit accès de faiblesse est déjà oublié. Le dollar s’est redressé, et Wall Street a d’emblée repris confiance.

L’actuel gouverneur de la banque centrale américaine a annoncé qu’il sera procédé à un léger relèvement des taux en décembre. Janet Yellen ne veut pas attendre que l’inflation atteigne ou dépasse les 2 %. La décision a donné des ailes au billet vert. Début août, l’euro valait encore 1,20 dollar ; aujourd’hui, il en vaut 1,15. Une hausse des taux accroît bien entendu l’attrait de la monnaie auprès des investisseurs étrangers. Le taux de l’obligation publique américaine à 10 ans de référence s’élève aujourd’hui à 2,31 %. Une légère hausse des taux pourrait sans doute peser sur le cours des obligations à long terme.

Concrètement

La nouvelle obligation de Kia Motors est assortie d’une excellente note (A-). Elle vient à échéance dans six ans, à savoir le 25 avril 2023. A un cours de 98,75 % et un coupon de 3 %, le rendement est appréciable, à 3,25 %. Les coupures sont élevées (200.000 USD). Ceux pour qui l’investissement est trop lourd peuvent se tourner vers l’émission de Netflix Inc. La note est nettement moins élevée (B+), mais le rendement est à l’avenant. Avec un coupon de 4,75 % et un cours de 99,25 %, le rendement s’établit à 4,97 %. Les coupures de 2.000 dollars sont ” démocratiques “. L’obligation échoit le 15 avril 2028.

Les amateurs d’obligations à haut rendement, généralement assorties d’une note (nettement) inférieure, n’ont pas toujours tort d’opter pour celles-ci. Des études récentes ont à nouveau démontré qu’un portefeuille bien diversifié de junk bonds (obligations de pacotille), peut se révéler un bon choix, à terme. Nous leur proposons deux obligations de l’enseigne de supermarché JC Penney (rating B). La première porte un coupon semestriel de 5,65 % et arrive déjà à échéance le 1er juin 2028. A un cours de 91,6 %, le rendement s’établit à 9,41 %. Coupures à partir de 1.000 dollars. Nous la reprenons dans notre sélection.

La deuxième obligation de Penney offre un rendement vertigineux de 12,27 %. Elle arrive à échéance en 2037 et est disponible à 64,26 %. Son cours est bas en raison du récent avertissement sur bénéfice qu’a émis la chaîne.

Jerome Powell n’apportera certes pas de brusque changement, mais il imprimera sa marque.

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