Que sont ces “hard seltzers”, ces eaux alcoolisées qui ont débarqué sur le marché belge?

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Non, nous ne lançons pas une seconde tournée minérale. C’est plutôt le contraire : deux entrepreneurs de la région de Herve proposent de trinquer à l’eau aromatisée et légèrement alcoolisée. Ces “hard seltzers”, comme on les appelle aux Etats-Unis, ont débarqué sur le marché belge il y a quelques jours et ont bien l’intention de s’imposer comme une nouvelle tendance.

La boisson qui fait le buzz aux Etats-Unis

A mi-chemin entre une bière fruitée, une eau et un cocktail, les hard seltzerssont une boisson d’un genre nouveau. Il s’agit en réalité d’eaux aromatisées, alcoolisées à hauteur de 5%, sans sucre ni gluten, tout droit venues des Etats-Unis. Commercialisées tout d’abord sous la marque White Claw, ces “eaux gazeuses” y font un tabac. Face à ce succès, de nombreuses autres marques américaines se sont engouffrées dans le créneau. Alors que l’an dernier, le marché ne pesait “que” 550 millions de dollars, les chiffres de vente devraient atteindre 3,5 milliards de dollars cette année, selon les analystes de la banque Goldman Sachs. Ce succès inspire de ce côté-ci de l’Atlantique : en France, par exemple, la marque Natz vient d’être lancée.

Un “hard seltzer” 100% wallon

Des entrepreneurs belges ont également repris l’idée. Pour commercialiser les hard seltzers en Belgique, Philippe Bonsang, co-concepteur du produit, s’est associé à Olivier Meurens, propriétaire d’une usine de fermentation et d’embouteillage dans la région de Charleroi. “Dès le début, nous avons fait le choix de ne pas nous contenter d’importer des produits existants, mais de créer nos propres recettes 100% belges.”

De la sélection des goûts par un oenologue à la production et à la mise en bouteille, tout se déroule dans notre plat pays. Au terme d’une année de travail, les premiers hard seltzers belges ont été commercialisés, sous la marque Hïvy pour le grand public, sous la marque Nysa pour les professionnels de l’horeca. Six goûts sont actuellement disponibles : berries, kiwi et exotic pour la marque Hïvy ; Sydney, Ibiza et Dubaï pour les produits Nysa. Le public cible est large : hommes et femmes de 20 à 50 ans.

Philippe Bonsang présente sa production 100 % belge.
Philippe Bonsang présente sa production 100 % belge.© PG

Un potentiel de croissance ambitieux

Les deux entrepreneurs belges se sont fixé un objectif ambitieux : obtenir un chiffre d’affaires de quelque 5 millions d’euros dès la première année. Actuellement, près de 13.000 bouteilles sont produites à l’heure. “Mais nous pourrions accroître la capacité en fonction des besoins, assure Philippe Bonsang. Les premiers résultats sont très encourageants alors que nous n’avons même pas encore lancé nos campagnes publicitaires. ” Les deux associés travaillent d’ailleurs déjà sur un plan d’exportation des deux marques et des contacts avancés ont été pris en Italie, en Espagne, en France et au Danemark.

Un produit qui répond aux attentes des consommateurs

Pour Geert van Lerberghe, président de Vinum et Spiritus, la fédération belge du secteur des vins et spiritueux, ces hard seltzers répondent à une vraie demande des consommateurs. “Depuis quelques années déjà, on sensibilise les gens à ne pas boire trop d’alcool, pour leur santé. Le secteur doit donc se montrer créatif, comme avec ces hard seltzers. Le fait que ces eaux soient prêtes à l’emploi et conditionnées en petites bouteilles les rendent pratiques pour les consommateurs. Le produit est bien réfléchi et, selon moi, d’autres groupes ne tarderont pas à incorporer ce type de boissons dans leur gamme.”

Attention au côté traître !

Martin de Duve, alcoologue et président de l’ASBL Univers Santé, met toutefois les consommateurs en garde contre le côté un peu “traître” de ces boissons. “Avec des termes tels que ‘rafraîchissantes’, ‘naturelles’, ‘fruitées’, ‘sans sucre ajouté’, etc., le marketing qui tourne autour de ces produits tend à nous faire croire qu’il s’agit d’alternatives plus saines que d’autres. Le risque est que cela altère la perception qu’ont les consommateurs de ces boissons et qu’ils minimisent la quantité l’alcool réellement ingérée et les risques associés. On parle d’eau… mais ces hard seltzers sont bien des produits alcoolisés. Même si ces hard seltzers sont moins forts en alcool, il convient de les consommer avec modération.”

Gaëlle Hoogsteyn

2,39 euros

Le prix d’une bouteille Hïvy de 33 cl.

30 calories

par 100 ml de boisson, soit moitié moins qu’une coupe de champagne.

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