S’en aller

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Sophie d’Aubreby signe avec S’en aller un roman époustouflant de maîtrise, d’autant plus impressionnant que c’est son premier. On sait peu de choses sur cette Belge, trentenaire, travaillant dans le secteur social, tout comme on a l’impression d’en savoir peu sur son héroïne, Carmen, que l’on découvre par bribes, par les sensations que celle-ci ressent. On comprend que Carmen se fait passer pour un homme, qu’elle a rejoint un bateau de pêche pour y travailler, qu’il faut tout apprendre et tout dissimuler. Elle cache ses blessures, change ce qui pourrait la distinguer, comme sa voix, ou sa manière d’uriner: debout, avec un cône métallique, “une sensation inédite dans les sillons de la paume”. En fuyant le milieu favorisé et le mariage qui l’attendait, elle se transforme, se découvre autre. Et c’est un trajet sans retour. Plus tard, elle découvrira la danse, aimera une femme, partira pour Java. Et plus tard encore, elle sera résistante et emprisonnée pour cela. Une vie qui traverse avec grâce un siècle violent et porteur d’espoir.

Sophie d’Aubreby, S’en aller, Inculte, 288 pages, 18,90 euros.

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