“Pour un petit commerçant, fermer une journée en cette période, c’est très difficile”

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Jérémie Lempereur Journaliste Trends-Tendances - retail, distribution, luxe

Le président de l’UCM Pierre-Frédéric Nyst évoque un certain ras-le-bol des commerçants quant aux dérives des gilets jaunes, même s’il assure recevoir des messages d’affiliés solidaires de leurs revendications.

Quels sont les secteurs les plus touchés ?

A ma connaissance, il s’agit essentiellement du petit commerce – principalement à Bruxelles – se trouvant sur le chemin des manifestations. Mais à terme, d’autres secteurs pourraient être impactés. Lors des attentats, le secteur hôtelier avait connu une diminution de son activité dans la mesure où les gens réfléchissaient à deux fois avant de faire un mini-trip à Bruxelles. Imaginons que demain, il y ait une manifestation des gilets jaunes tous les week-ends et que cela soit suffisamment gênant pour que les touristes se disent que Bruxelles n’est finalement pas la ville à visiter en 2019… C’est tout l’horeca qui risquerait d’être fortement touché.

Peut-on à ce stade quantifier l’impact des manifestations sur le chiffre d’affaires des commerçants ?

Je ne peux pas vous donner de chiffre, mais on peut certainement parler de demi-journées, voire de journées entières de fermeture. Pour un petit commerçant qui doit fermer une journée en cette période, c’est très difficile. Il ne faut pas oublier que les frais fixes, eux, sont toujours là. Vous devez payer votre personnel, éclairer, chauffer, etc. Parfois, vous ne fermez pas, mais il n’y a pas de clients car ces derniers se disent que ce n’est peut-être pas le moment d’aller en ville. Or, on se rapproche des fêtes. Ce vendredi 14, des actions, syndicales cette fois, sont encore prévues. Cela ne va pas être très bon pour le commerce en général. Au-delà des fermetures imposées ou des commerçants qui décident de se barricader, il y a également un impact en termes de dégradations. J’ai eu connaissance de quelques cas : des tables qui ont volé et des vitrines qui ont été abîmées. A Charleroi, lors des premières manifestions, une porte a été cassée dans le centre commercial Rive Gauche. Cela étant, je voudrais préciser que les dégradations sont nettement moins importantes que celles qui ont été constatées en France.

En France justement, des mesures de soutien ont été annoncées. Avez-vous des demandes particulières en ce sens ?

Ce qu’on pourrait imaginer pour les commerces directement impactés, c’est tout d’abord un traitement par les assurances le plus rapide possible. Ensuite, nous avons, en Belgique, des mesures qui sont prises pour indemniser les commerçants lorsqu’il y a des chantiers. Peut-être qu’il y aurait une piste à creuser à ce niveau-là. Le problème, c’est que ce serait à l’Etat d’indemniser alors que ce n’est pas lui qui est responsable des dégradations et des fermetures. Enfin, il existe encore une troisième série de mesures que nous pourrions demander, identiques à celles prises, notamment, par le ministre Daniel Ducarme au moment de la crise du fipronil. Lors de cette crise, des agriculteurs se sont retrouvés avec des frais à payer alors qu’ils n’avaient quasiment plus de revenus. Des mesures ont été prises au niveau des facilités de paiement des impôts, de délais de paiement aménagés pour les cotisations sociales, etc. Si des affiliés se tournent vers nous en réclamant ce genre de mesures, nous pourrions bien évidemment appuyer leurs demandes.

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