Plus fort que le variant sud-africain, le variant… fiscal belge!

Amid Faljaoui

En lisant “La Libre” du week-end dernier, les Belges ont pu découvrir avec effroi qu’il y avait sans doute un variant encore plus effroyable que le variant sud-africain: le variant fiscal belge! Je vise la réforme fiscale que nous concocte en catimini le ministre des Finances avec son équipe. Oui, j’écris “en catimini” car ladite réforme se fait en dehors de toute transparence et de toute concertation. Pour l’heure, nous devons nous contenter du fait que le ministre des Finances Vincent Van Peteghem(CD&V) nous a promis – fort virilement – qu’il n’y aura pas de tabou. Ah bon? Plutôt maigre comme programme. Au lieu de susciter l’adhésion, ce genre de déclaration fait en réalité peur inutilement aux contribuables.

Ce que le citoyen découvre aujourd’hui et surtout demain, c’est que notre dette publique n’est qu’un gigantesque stock d’impôts.

Entretemps, le Conseil supérieur des finances, qui contrairement à ce que laisse transparaître son nom est d’abord un organe politique, vient de publier ses pistes pour cette fameuse réforme fiscale mentionnée par mes confrères de La Libre. Je vous livre en vrac ce qu’elle contient: augmentation du taux de TVA de 21% à 22%. Si c’est vrai, ce sont les classes moyennes et populaires qui en feront les frais, merci pour eux. Ensuite, il y a la suppression de l’épargne-pension. Là encore, merci d’encourager les plus de 3 millions de Belges qui mettent péniblement de côté chaque mois pour pallier la maigre pension de l’Etat.

Mais ce n’est pas tout, parmi les autres pistes envisagées, il y a aussi la taxation des revenus locatifs réels. Au-delà du fait que la taxation des biens loués a déjà été renforcée, il faudra s’assurer que ce ne seront pas les locataires qui, au final, devront payer un loyer encore plus cher pour compenser cette taxation. Un comble, alors que les communes n’arrivent pas à procurer des logements aux plus défavorisés. Puis ce n’est pas fini: il y a aussi la volonté de taxer les plus-values immobilières sans doute à un taux de 30%, selon la lecture qu’en fait l’économiste Bruno Colmant. En clair, si c’est le cas, lorsque vous vendrez un immeuble, il sera taxé mais sans tenir compte du fait que le prix de vente comprend aussi l’inflation. Comme l’écrit à raison Bruno Colmant, cet impôt taxerait l’inflation, c’est-à-dire un enrichissement “purement fictif”.

Faute de place, je ne pourrai pas évoquer la taxation sur les plus-values sur actions ou la volonté de taxer les sociétés unipersonnelles. Mais arrêtons la complainte. Elle ne sert qu’à simplement nous souvenir, comme je vous l’avais signalé dès que cette pandémie avait éclaté, qu’il n’y a pas d’argent magique. Tout l’argent qui s’est déversé sur nos économies durant la pandémie et nous a permis de rester à flot, l’Etat ne l’a pas, ne l’avait pas, ne l’a jamais eu! Eh oui, c’était juste de l’endettement… Je rappelle également que l’Etat ne gagne pas d’argent, que ce n’est pas son rôle. Et d’ailleurs, il ne sait pas le faire. En cas de doute, pensez à Cuba, à la Corée du Nord, à l’URSS, à l’Allemagne de l’Est ou au Venezuela.

En fait, cet article de “La Libre” nous rappelle que lorsqu’en tant que citoyen, nous demandons quelque chose de plus à l’Etat, il va falloir le payer. Sous forme d’impôt. Ce que le citoyen découvre aujourd’hui et surtout demain, c’est que notre dette publique n’est qu’un gigantesque stock d’impôts. La dette publique, c’est un arriéré d’impôt qui ne dit pas son nom! Le vrai défi du gouvernement sera de ne pas démotiver la classe moyenne ni de décourager ceux et celles qui osent entreprendre et lisent chaque semaine ce magazine. Encore un mot: techniquement, “l’impôt – lorsqu’il n’est pas consenti – est un vol qui utilise la force légale”, écrit joliment Simone Wapler ( La rage de l’impôt, éditions Larousse). Evitons le vol et favorisons le débat.

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