Pittsburgh, de l’ombre à la lumière

Du haut du Mount Washington, que l'on atteint en empruntant le Duquesne Incline - un funiculaire datant de 1877 - on découvre un spectaculaire panorama sur la ville aux 446 ponts. © RICHARD NOWITZ/ PG

A l’évocation de Pittsburgh, seconde ville de l’Etat de Pennsylvanie, au nord-est des Etats-Unis, de sombres images de ville industrielle viennent immédiatement à l’esprit. C’est que Pittsburgh a longtemps été un haut lieu de la sidérurgie mondiale et des chemins de fer. Une cité longtemps placée sous la houlette des deux magnats de l’acier Henry Clay Frick et Andrew Carnegie. Pour le meilleur et pour le pire…

Steel city (ville de l’acier), comme on la surnomme toujours aujourd’hui, a en effet payé cher son passé industriel. Une des plus importantes grèves ouvrières a ainsi eu lieu le 30 juin 1892. Connue sous le nom de Homestead strike, elle a été réprimée dans le sang et s’est même soldée par une tentative d’assassinat de Henry Clay Frick par un anarchiste new-yorkais.

Cette industrialisation à outrance touchait tous les habitants dans leur vie quotidienne, qui vivaient, de jour comme de nuit, sous un épais ciel noirci de fumée… Il fallut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour qu’une loi passée en 1941 ayant pour but de réduire la production de charbon et d’assainir l’air soit enfin d’application. D’autres facteurs ont aussi amélioré la qualité de l’air, comme l’introduction du gaz naturel, le passage au diesel des locomotives à charbon. Tandis qu’en 1960, Pittsburgh devint la première ville au monde à être alimentée en électricité produite par l’énergie nucléaire.

Avec la récession des années 1970 et la concurrence des pays à main-d’oeuvre bon marché, la plupart des aciéries durent fermer leurs portes dans les années 1980. Toute l’activité économique de la région fut gravement touchée, et Pittsburgh perdit ainsi plus de la moitié de ses habitants.

Les bases du renouveau

A partir des années 1970, et le plan ” Renaissance II “, le nouveau visage de la ville se dessine avec l’érection de deux grattes-ciel emblématiques. Le plus grand d’entre eux, le US Steel Tower, est un building à trois façades de 256 m de haut construit en 1971 ; le PPG Place est, lui, un complexe impressionnant de six constructions terminées en 1984, ressemblant à un gigantesque château de verre avec ses nombreuses tourelles.

Mais ce qui donne à Pittsburgh tout son charme, c’est sa situation géographique. Son centre-ville est situé à la confluence des rivières Allegheny et Monongahela, qui se rejoignent pour former l’Ohio. Du haut du Mount Washington, que l’on atteint en empruntant le Duquesne Incline, un funiculaire datant de 1877, originellement à vapeur, on découvre un spectaculaire panorama sur la ville aux 446 ponts…

Le paysage urbain est également façonné par les nombreux stades édifiés à la fin des années 1990. Comme le PNC Park des Pirates, l’équipe de baseball de Pittsburgh, duquel on a une superbe vue sur Downtown, ou le Heinz Field – Pittsburgh, c’est aussi la ville où est née la fameuse marque de ketchup -, le stade de football américain des Steelers, qui ont gagné pas moins de six Super Bowls en huit participations ! Les jours de match, préparez-vous à voir la déferlante de supporters frénétiques portant le maillot de leur équipe préférée.

Dans les années 1990, Pittsburgh abandonna définitivement son image de ville sale et enfumée pour se reconvertir massivement dans la haute technologie, le secteur bancaire et la santé. Aujourd’hui, Pittsburgh fait d’ailleurs figure de ville modèle aux Etats-Unis, car la métropole régionale a parfaitement réussi sa reconversion, étant même à la pointe dans le secteur des énergies renouvelables. Elle compte aussi de prestigieuses universités dans les domaines de la science, de l’ingénierie et de la médecine et la vie culturelle y est intense.

Pittsburgh verte et culturelle

Dès que l’on atterrit à Pittsburgh et que l’on parcourt les 30 km qui séparent l’aéroport du centre-ville, on s’étonne de découvrir un paysage vert et vallonné. Impression qui se prolonge jusque dans le centre urbain, émaillé de nombreux espaces verts, comme les parcs Frick ou Schenley. Lesquels accueillent certaines attractions majeures de la ville, souvent héritées des industriels qui ont marqué la cité au fer rouge en étant aussi de grands mécènes.

Henry Clay Frick légua ainsi un domaine de 60 hectares à Pittsburgh, qui en fit un parc public. Et si la grande majorité des chefs-d’oeuvre de sa collection de peintures se trouvent à la formidable Frick Collection de New York, quelques oeuvres sont exposées au Frick Art & Historical Center, qui accueille surtout d’intéressantes expos temporaires. Au sein de celui-ci, la visite de la Clayton House, la demeure achetée par la famille Frick en 1882 et habitée jusqu’en 1905, date de leur déménagement pour New York, vaut le détour. Helen Frick, sa fille, y reviendra en 1981 et y séjournera jusqu’à sa mort en 1984, à l’âge de 96 ans. Cette magnifique maison, qui a conservé objets et mobiliers de la famille, permet de remonter littéralement le temps jusqu’en 1900.

Dans le Schenley Park, le conservatoire et le jardin botanique Phipps cachent une magnifique serre victorienne datant de 1893. On la doit ici encore à un industriel, Henry Phipps. Depuis 2003, l’ensemble du jardin botanique a été étendu et est devenu bien plus grandiose, les plantes exotiques jouant avec de superbes oeuvres de l’artiste verrier américain Dale Chihuly. Au nord du parc, Andrew Carnegie a fait construire en 1895, de son vivant, un grand musée. Spécialisé dans l’art contemporain, il contient plus de 30.000 pièces, embrassant tous les supports.

Plus besoin d’aller à New York…

Vous croyiez l’artiste Andy Warhol originaire de Brooklyn ? Eh bien non ! S’il aimait mentir sur ses origines, Andrew Warhola est bien né à Pittsburgh le 6 août 1928, dans une famille d’immigrants d’Europe de l’Est. Inauguré en 1994, le musée Warhol de Pittsburgh est le plus grand musée des Etats-Unis dédié à un seul artiste, réunissant toiles, objets et photos réalisés pendant toute la carrière du chantre du pop art.

D’un premier autoportrait datant de 1943, où l’artiste n’a pas encore la main très assurée, aux pochoirs nécessaires à ses premières compositions en série, en passant par les polaroïds de stars qu’il utilisait pour réaliser leur portrait – beaucoup n’ayant jamais été peints, dont un jeune Schwarzenegger tout en muscles. Sans oublier la toute dernière oeuvre de Warhol, inachevée, inscrite dans un cycle sur le thème de la Dernière Cène. Dans The Last Supper (The Big C), Warhol reprend le thème de la célèbre oeuvre de Léonard de Vinci, en se jouant de l’image du Christ selon les codes du pop art, en lui conférant une dimension plus profonde, plus forte, sorte de memento mori à la veille de sa mort. Autre rendez-vous artistique à ne pas manquer, la Mattress Factory a, comme son nom l’indique, été créée il y a 40 ans dans une ancienne usine de matelas. Centre d’art et résidence d’artistes, l’ensemble s’est étendu au fil des ans en occupant quelques maisons aux alentours. oeuvre totale, A Second Home de Dennis Maher est une installation occupant une maison à plusieurs étages s’inspirant d’Alice au Pays des Merveilles, qui agrège jouets et antiquités et invite le visiteur à la découverte.

Comme quoi, Pittsburgh se révèle bien plus surprenante qu’on ne l’attendait…

Laura Centrella

Aujourd’hui, Pittsburgh fait figure de ville modèle aux Etats-Unis, car la métropole régionale a parfaitement réussi sa reconversion, étant même à la pointe dans le secteur des énergies renouvelables.

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