Pari sur la dette émergente chez BrandyWine

Patrick Bradley, senior vice president de Brandywine" Les fonds de Brandywine doivent profiter des opportunités sur le marché lorsqu'elles se présentent. Il faut rester flexible. " © PG

Dans ses diverses stratégies obligataires, le gestionnaire américain fait résolument le pari de la dette émergente, en privilégiant des pays comme le Mexique, l’Indonésie, l’Afrique du Sud ou la Pologne.

Selon le dernier baromètre des investisseurs publié récemment par ING Belgique (et portant sur le mois d’avril 2018), les particuliers désireux de s’exposer sur les marchés obligataires représentent encore plus de 25 % des répondants, en progression par rapport au mois de mars. Le retour de la volatilité sur les marchés financiers explique en grande partie ce regain d’intérêt de la part des particuliers pour des produits plus défensifs. Dans ce domaine, Brandywine représente une option solide, le gestionnaire (qui fait partie de la constellation de sociétés appartenant à Legg Mason) a la réputation d’être une référence sur les fonds obligataires, qui constituent la totalité de l’offre disponible en Belgique, avec des notations Morningstar qui dépassent quatre étoiles pour la plupart des produits. Nous avons eu l’occasion de rencontrer cette semaine Patrick Bradley, senior vice president de Brandywine, pour qu’il nous détaille les attentes macroéconomiques du gestionnaire, ainsi que le positionnement qui en découle dans les différents produits du groupe.

Pari sur la dette émergente chez BrandyWine

Contexte favorable

Dans le contexte actuel, ce dernier souligne s’attendre à un scénario qui reste relativement favorable au niveau global, tant pour la croissance que pour les exportations. ” Pour autant, nous continuons d’éviter dans une grande mesure les marchés des obligations souveraines des pays développés qui sont encore très largement impactés par des politiques monétaires non conventionnelles. L’inflation est de retour aux Etats-Unis, et la Fed devrait encore relever son taux directeur deux ou trois fois cette année. Je suis par contre assez surpris que les tensions inflationnistes soient restées tellement modérées en Allemagne. ”

Il ne sera donc pas exposé sur la dette des principaux pays européens ou sur le Japon. ” Lorsque la Banque centrale européenne va commencer à normaliser sa politique, l’impact sur les obligations souveraines risque d’être douloureux, et nous préférons donc rester à l’écart de cette zone du marché le temps que cet ajustement ce soit terminé. ” De la même manière, dans les produits qui le peuvent en fonction de leur mandat de gestion, les fonds de Brandywine seront également très peu exposés sur la dette d’entreprise, un segment où les rendements sont également très faibles en raison des rachats de titres orchestrés par les banques centrales.

US et UK

A l’inverse, le portefeuille du fonds le plus large (Legg Mason Brandywine Fixed Income) est largement exposé sur la dette américaine (44 % des actifs sous gestion), notamment en raison du redressement des rendements observés ces derniers mois qui a constitué une aubaine pour retrouver des rendements attractifs dans le papier émis par un pays développé. Les stratégies obligataires sont également positionnées sur la devise britannique, en soulignant que les valorisations sont tombées à des niveaux très attractifs en raison des incertitudes entourant la sortie de l’Union européenne. Patrick Bradley apprécie également la devise australienne, en estimant notamment que la banque centrale devrait augmenter rapidement ses taux d’intérêt.

Pari sur la dette émergente chez BrandyWine

Mais ce seront surtout les pays émergents qui sont très largement surpondérés dans le plus grand fonds de Brandywine commercialisé en Belgique, avec 13 % des actifs sous gestion dans la dette mexicaine, 7 % en Afrique du Sud ; 7 % en Malaisie, 5 % en Pologne et 4 % au Brésil ; alors que le poids de ces pays pris ensemble dans l’indice de référence global ne dépasse pas 3 %.

Matières premières

” Ce positionnement correspond également à une approche plus constructive sur les pays exposés sur les matières premières et plus particulièrement sur le prix du pétrole “, souligne Patrick Bradley, même s’il s’attend à ce que la progression du cours du pétrole se modère. ” C’est un facteur qu’il faudra toutefois continuer à observer durant les prochains mois, car l’impact sur la croissance globale et sur certains pays importateurs de pétrole (Indonésie, Inde, Turquie, etc.) pourrait être significatif “.

Dans les autres stratégies obligataires proposées par Legg Mason Brandywine, d’autres pays émergents sont également dans les portefeuilles, et notamment l’Indonésie, la Turquie ou la Colombie. ” Les fonds de Brandywine doivent profiter des opportunités sur le marché lorsqu’elles se présentent. Il faut rester flexible, et c’est un avantage quand le portefeuille peut différer fortement de son indice de référence. ”

Ce positionnement sur les pays émergents provient également de l’analyse que la force récente du billet vert ne sera pas soutenable à moyen terme. ” Un dollar fort est généralement une mauvaise nouvelle pour les pays émergents. La baisse du dollar en 2017 a été trop rapide et trop prononcée, ce qui a provoqué un redressement technique ces derniers mois. ” A plus long terme, Patrick Bradley pense toutefois que la tendance restera baissière pour la devise américaine ; et que les flux vers les pays émergents se rétabliront à la recherche de rendements plus attractifs. Pour les prochains mois, il souligne qu’il privilégie l’exposition en monnaies locales plutôt qu’en dette libellée en devises fortes. L’attente d’une baisse du dollar s’explique également par une politique fiscale américaine qui va entraîner une hausse sensible du déficit de la balance commerciale.

Optimisme européen

Ce positionnement sur les émissions émergentes aura également pour conséquence une duration qui sera beaucoup plus faible que son indice de référence, notamment par l’exposition nulle sur le risque de taux dans les émissions souveraines européennes. ” Nous n’avons rien en Europe, à part une petite position résiduelle sur la dette du Portugal. Nous avons progressivement réduit l’ensemble de cette position constituée en 2012 sur les différents pays de la périphérie européenne. ”

Il souligne toutefois rester optimiste quant à la croissance économique européenne. ” La faiblesse du premier trimestre n’était que temporaire, et nous sommes encore dans les premières phases d’une période prolongée de croissance en Europe, avec la demande domestique et les investissements qui devraient progressivement prendre le relais des exportations dans les chiffres d’activité économique “.

Pays par pays

Malaisie : le pays dispose de rendements attractifs avec des perspectives de croissance tournant entre 5 et 6 % en termes réels.

Pologne : la bonne santé économique est liée au lien fort de cette économie avec le secteur automobile allemand.

Colombie : le climat politique est en voie d’apaisement suite à la paix signée avec les mouvements de guérillas, et l’économie devrait bénéficier d’un contexte plus favorable sur la croissance globale.

Indonésie : la croissance reste vigoureuse, et la banque centrale continue d’avoir une position très forte pour maintenir l’inflation sous contrôle.

Turquie : les autorités monétaires restent convaincues par la lutte contre l’inflation au risque de ralentir la machine économique, ce qui devrait favoriser les investissements futurs.

Afrique du Sud : la situation politique est en train de s’améliorer, tandis que la croissance économique est de retour, une bonne nouvelle pour un pays où le taux de chômage reste très élevé.

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