” Normal “

A force d’avoir trop regardé l’abîme, Adam Dearden se retrouve à Normal Head, institut psychiatrique isolé dans l’Oregon d’un futur proche. Comme lui, ils sont des dizaines d’ingénieurs, de veilleurs stratégiques, de bio-techniciens, à être devenus fous à force de percevoir un avenir tout aussi cinglé que l’humanité est en train de se préparer. Dans ce lieu de paix, littéralement déconnecté, les pensionnaires tentent d’y retrouver une stabilité mentale, à coup de pilules et de confessions psychologiques. Mais un soir, une disparition survient. A la place du corps du malheureux, un tas d’insectes dans son lit. Est-ce l’annonce d’une apocalypse proche, le signal d’alarme d’une nature qui veut reprendre ses droits ?

Ce court récit du Britannique Warren Ellis se lit comme l’errance paranoïaque du protagoniste dans les couloirs d’une maison où les fous sont les victimes d’une société hyper surveillée. Les rencontres que fait Dearden sont autant d’oracles et de pythies qui se dressaient sur les chemins de l’Antiquité. Sauf qu’ici la tragédie se décline en 2.0 et que le cerveau de notre héros est tortueux, pour ne pas dire labyrinthique. Le scénariste passé par l’écurie à super-héros Marvel et aussi romancier grinçant décuple le Big Brother d’Orwell et étale en moins de 200 pages un cynisme aussi délectable que terrifiant. Une fois terminé, ce livre prouve par son paradoxal titre – brouillé sur la couverture – que notre société numérique (où le big data est roi) est de moins en moins réelle.

Warren Ellis, ” Normal “, éditions Au diable vauvert, 192 pages, 18 euros.

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