Mon traître

Profession du père nous l’avait confirmé : les romans de Sorj Chalandon sont hantés par le lien paternel. Dans Mon traître (2008), l’auteur racontait la relation ” filiale ” entre Antoine, un jeune Parisien et un militant irlandais de l’IRA, Tyrone Meehan, qui s’est révélé être une taupe pour le MI5, les services de renseignement britanniques. Journaliste à l’époque, le romancier évoquait ainsi sa propre amitié avec Denis Donaldson. C’est cette histoire d’hommes, sur fond de politique thatchérienne des années 1970 et 1980, qui a séduit le dessinateur Pierre Alary, pourtant habitué à des univers plus mouvementés (auteur de Silas Corey, il s’attaquera bientôt à un nouveau Conan). Pour la première fois seul au scénario, l’adaptateur ” remonte ” ici le roman. Avec bonheur, il reste toutefois accroché au style de Sorj Chalandon avec un récitatif assez présent, voix d’Antoine, et un chapitrage rythmé par l’interrogatoire de Meehan par ses anciens amis républicains. Son utilisation des couleurs confère à chaque scène une ambiance spécifique soulignée par une teinte dominante. De la violence d’un conflit qui reste en décor, il reste l’essentiel : le questionnement d’Antoine face à la figure paternelle qui lui manquait tant. La suite, l’adaptation de Retour à Killybegs, qui donne la parole au traître, est déjà dans les cartons.

Pierre Allary d’après Sorj Chalandon, ” Mon traître “, éditions Rue de Sèvres, 144 pages, 20 euros.

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