Mentalité insulaire

Jonathan Coe, "Un Pays Désuni", Gallimard, 496 pages, 23 euros. © PG

Dans “Un Pays désuni”, roman bien plus personnel qu’il n’y paraît, Jonathan Coe dresse le portrait d’une nation qui ne se réunit qu’autour des grands événements monarchiques et des compétitions de foot…

“Un Pays désuni” retrace l’histoire de l’Angleterre depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale via le destin d’une famille dont le pilier est Mary, personnage inspiré de la propre mère de Jonathan Coe. L’auteur britannique y prend pour marqueurs de grands événements médiatiques, comme le discours du roi George VI annonçant la fin du conflit, le couronnement d’Elizabeth II, la Coupe du monde de foot de 1966, le mariage de Charles et Diana Spencer ou encore la mort de cette dernière. A chaque fois, occasion est donnée au lecteur d’assister à l’évolution de cette famille au gré des mouvements politiques et économiques. Mais c’est surtout pour Jonathan Coe le biais idéal pour tenter de cerner la mentalité des Britanniques. Sont-ils différents parce qu’insulaires? Le complexe qu’ils ont développé par rapport au continent est-il de supériorité ou d’infériorité? La tâche est d’autant plus compliquée qu’une incompréhension profonde marque les relations entre les différentes identités composant ces îles.

Mais la grande question du livre, c’est ce gigantesque paradoxe, cet immense gâchis: comment une nation qui a marqué le monde de son empreinte culturelle, qui nous a donné James Bond, les Beatles, David Bowie et les Rolling Stones, a-t-elle pu clamer sa volonté de divorcer du continent européen par le truchement d’un Brexit confisqué par une vieille génération au détriment des plus jeunes?

Dans un style faussement anodin, Jonathan Coe nous livre son roman sans doute le plus personnel qui, sous des dehors de saga familiale, est sans doute aussi le plus engagé politiquement. Hasard ou pas, d’ailleurs, le pays qu’il décrit possède de nombreux points communs avec une autre monarchie dont les communautés linguistiques se réunissent uniquement autour d’un événement sportif ou lorsqu’un deuil frappe sa famille royale…

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