Au menu de la rencontre entre Marc Ysaye et Philippe Van Troeye: énergie, coronavirus, leadership et musique rock

© Frédéric Sierakowski (Isopix)

Lorsque l’animateur-rockeur rencontre le patron d’Engie Benelux, la passion de la musique devient rapidement communicative. Compte-rendu d’un échange rythmé où s’invitent forcément l’énergie, le Covid et le leadership.

On imagine mal le CEO d’Engie Benelux secouer frénétiquement la tête sur les rythmes musclés d’un morceau de Metallica. Pourtant, Philippe Van Troeye est un vrai fan de rock – tendance heavy metal – et il n’a donc pas fallu longtemps pour qu’il accepte l’invitation à déjeuner avec le musée vivant de l’histoire du rock’n’roll : l’animateur de radio Marc Ysaye, ancien directeur de la chaîne Classic 21 et accessoirement batteur du groupe belge Machiavel. A 66 ans, l’homme des ondes n’a toujours pas pris sa retraite et a d’ailleurs sorti un premier album solo sous son propre nom, tout en continuant à donner des conférences-spectacles sur des thèmes musicaux.

Le rock’n’roll est une affaire extrêmement sérieuse et l’histoire de certains groupes peut inspirer les chefs d’entreprise.

Marc Ysaye

Après avoir écouté le CD Back to Avalon de Marc Ysaye, le patron d’Engie Benelux s’est donc assis à la table de L’Ecailler du Palais Royal à Bruxelles pour un repas gastronomique placé sous les riffs des guitares électriques.

TRENDS-TENDANCES. Vous étiez-vous déjà rencontrés ?

PHILIPPE VAN TROEYE. Jamais ! Enfin, oui, mais Marc Ysaye était sur une scène et moi dans la salle de concert ( rires) ! C’était à l’époque de la sortie de l’album de Machiavel sur lequel il y avait le titre Fly

MARC YSAYE. L’album New lines en 1980. Oh la la…

P.V.T. Effectivement !

M.Y. Là, on vient de commémorer les 40 ans de Fly et c’est amusant parce que Proximus a justement choisi ce titre pour sa dernière campagne de pub. Fly a été remis au goût du jour. C’est fou parce que ce morceau, on a l’a composé en cinq minutes ! Moi, je ne vous ai pas vu sur scène, mais je vous connais de nom…

P.V.T. Je suis sur une autre forme de scène ( rires). Vous êtes un tout petit peu plus âgé que moi, mais je pense que nous partageons beaucoup de choses. Je n’ai pas vécu la grande période des années 1970. Je l’ai découverte un peu plus tard avec Led Zeppelin, Deep Purple ou Genesis que j’écoute toujours aujourd’hui.

Où en est Machiavel à l’heure actuelle ?

M.Y. On a arrêté Machiavel vers 1982-1983, puis cela a tourné au ralenti pendant une dizaine d’années, finalement on est revenu sur le devant de la scène et ça a fonctionné à nouveau…

P.V.T. J’avoue que je vous ai perdu de vue à cette période, même si je sais qu’il y a eu deux ou trois albums depuis, c’est ça ?

M.Y. Oh, un peu plus, il y en a eu cinq ou six, je pense. Et puis, malheureusement, Mario, notre chanteur, est mort en janvier 2018. Il était très malade et on lui avait clairement posé la question sur l’avenir de Machiavel. Il faut savoir que j’étais le premier chanteur du groupe – c’est moi qui chante sur le premier album – et Mario nous a répondu : ” Je ne veux pas que quelqu’un d’autre me remplace, sauf si c’est toi, Marc “. Et donc, depuis deux ans, j’ai repris le chant pour les tournées de Machiavel. Mais là, je pense qu’il y a prescription et on en est train de se dire qu’on reprendrait bien un autre chanteur si jamais on refait quelque chose…

Au menu de la rencontre entre Marc Ysaye et Philippe Van Troeye: énergie, coronavirus, leadership et musique rock
© Frédéric Sierakowski (Isopix)

P.V.T. Par contre, j’ai découvert, grâce à Trends-Tendances, que vous vous étiez lancé dans une nouvelle carrière solo avec un tout premier album à votre nom. Je l’ai écouté et j’ai bien aimé. C’est différent de Machiavel…

M.Y. Effectivement, l’idée était de faire quelque chose de différent. C’est un album qui me correspond davantage…

P.V.T. Mais qui est très diversifié !

M.Y. Oui et ça me fait plaisir que vous ayez apprécié. Avec cet album, je voulais m’imposer un challenge et voir si je pouvais réussir. J’ai quand même travaillé dessus pendant trois ou quatre ans et, pour tout vous dire, il y en a même eu un avant que personne n’entendra jamais parce que je l’ai jeté à la poubelle. Je n’en étais pas fier. J’ai donc recommencé, avec d’autres personnes, et là, on y est ! Le problème, c’est que cet album est sorti le 20 février, juste avant le Covid. J’ai quand même eu le temps de faire quatre concerts, notamment au Botanique et au Spirit of 66 à Verviers, et puis tout s’est arrêté. J’avais pourtant des festivals à mon agenda comme les Francos de Spa, mais voilà…

P.V.T. C’est terrible pour le secteur musical, ce Covid !

M.Y. Effectivement, c’est un secteur qui a bien souffert et qui souffre encore terriblement. Alors, ça reprend tout doucement, mais avec un nombre limité de personnes qui, en plus, sont masquées. C’est d’une tristesse ! En ce moment, je donne une conférence-spectacle sur John Lennon au Théâtre de la Toison d’or à Bruxelles…

P.V.T. Ah bon ?

M.Y. Oui, c’est une autre de mes passions : raconter des histoires. J’ai déjà donné quelques conférences-spectacles au TTO dont une qui s’appelle Rock et management justement, mais ici, je raconte les dernières heures de John Lennon à l’occasion des 40 ans de sa mort que l’on commémorera bientôt. Tout ça pour vous dire que les spectateurs sont masqués, clairsemés et que, pour moi, sur scène, c’est vraiment très spécial. C’est même un peu dur…

P.V.T. Oui, je comprends. Les spectacles comme les concerts, c’est avant tout une communion. On doit vivre l’ambiance les uns collés aux autres. Pour l’instant, avec le Covid, c’est un peu compliqué et je n’ai donc pas de concert prévu, mais l’année dernière, je suis allé voir Metallica. C’était fantastique ! Des amis m’avaient offert deux places et j’y suis allé avec mon épouse. La toute première fois que je l’ai emmenée voir un concert, c’était Peter Gabriel à Forest National, en 1983, je crois…

M.Y. Ah, formidable !

P.V.T. Oui, formidable. Nous étions scotchés, ça m’a marqué…

M.Y. C’est un de mes grands héros. J’ai eu la chance de l’interviewer plusieurs fois. C’est l’homme le plus charmant que j’ai rencontré. Ce type rayonne, vraiment ! Si je fais la somme des concerts de Peter Gabriel et de Genesis auxquels j’ai assistés, je les ai vus 33 fois.

P.V.T. Woaw ! Je retournerai le voir, c’est sûr.

M.Y. Eh bien, nous irons ensemble ( rires) ! Mais je vais vous faire une confidence : je suis perclus d’acouphènes dus au fait que j’ai écouté trop de musique, trop fort, trop longtemps. J’en souffre beaucoup et donc je ne vais plus au concert, mais je dis souvent que le seul concert où j’irais à nouveau, quitte à me faire très mal aux oreilles, c’est Peter Gabriel. Et je ne dis pas ça parce que vous êtes là ( rires) !

Et vous Monsieur Van Troeye, quel est l’impact du Covid sur votre métier ?

P.V.T. Le Covid a modifié énormément de choses. Chez Engie, nous avons dû placer, du jour au lendemain, des milliers de personnes en télétravail.

M.Y. Et ça fonctionne ?

P.V.T. Oui, ça fonctionne ! Professionnellement, tout fonctionne, mais il faut malgré tout essayer de garder le lien entre les collaborateurs et l’entreprise. C’est notamment pour cette raison que nous avons lancé cet été un challenge à nos employés qui consiste à atteindre ensemble un million de kilomètres à pied ou à vélo. Concrètement, il s’agit d’une plateforme où chaque collaborateur peut s’inscrire pour parcourir une distance en individuel ou en groupe afin d’arriver à ce million de kilomètres parcourus ensemble à la fin du mois de septembre. L’idée, c’est donc de mobiliser les employés autour d’un objectif commun pour garder le lien.

Au menu de la rencontre entre Marc Ysaye et Philippe Van Troeye: énergie, coronavirus, leadership et musique rock
© Frédéric Sierakowski (Isopix)

M.Y. Vous allez communiquer là-dessus ?

P.V.T. Non, ça se passe en interne, mais du coup, il faut montrer l’exemple. Donc, avec mon épouse, on a fait nos 250 km de randonnée et puis, on s’est remis à faire du vélo.

M.Y. C’est très gai ! Je m’y suis remis aussi et je redécouvre mon environnement immédiat : les petits villages du Brabant wallon qui sont magnifiques, alors que j’y suis passé 100.000 fois en voiture et que je n’ai jamais rien vu. Mais une des conséquences du Covid-19, c’est que, moi aussi, je télétravaille : depuis six mois, mes émissions du dimanche matin, je les fais depuis chez moi. Personne ne l’a encore remarqué parce que j’ai un très bon micro, un Neumann U87, qui a une cinquantaine d’années et qui est la Rolls des micros. On croit que je suis en studio…

P.V.T. Le télétravail rompt avec une espèce de traditionalisme. Cela va sans doute modifier l’utilisation des bureaux, le paysage des villes, etc.

M.Y. Oui, ça va peut-être les désengorger !

P.V.T. Oui, mais aussi avec d’autres conséquences comme moins de personnes dans les restaurants à Bruxelles, par exemple.

M.Y. Oui, c’est vrai.

P.V.T. Mais, même sans Covid, on ne retournera probablement plus aux mêmes méthodes de travail.

M.Y. Je suis convaincu qu’on ne reviendra plus jamais exactement comme avant.

En tant que manager, ça bouscule les certitudes ?

P.V.T. Bien sûr ! Parce que même si j’essaie de rester agile, l’expérience est aussi un énorme frein au changement. On a des croyances qui s’inscrivent avec le temps, pas toujours vérifiables d’ailleurs, donc, oui, ça bouscule. Mais je suis quelqu’un qui accepte, à un moment donné, de remettre les choses en question.

M.Y. Loin de moi l’idée de me comparer à vous, mais j’ai eu une petite expérience de directeur à la RTBF. Je dirigeais 40 personnes chez Classic 21…

P.V.T. Ce n’est déjà pas mal !

M.Y. Oui, c’est une PME que j’ai eu la chance de fonder. Alors, à la base, je n’ai évidemment pas appris le métier de manager. Je n’ai pas fait d’école de business, mais j’ai eu la chance de pouvoir créer cette radio et de diriger une équipe. Une des plus grandes difficultés que j’ai eues au début, c’était la délégation. Mon projet était tellement important à mes yeux que j’étais incapable de déléguer. On m’a reproché d’être un peu autoritaire et j’ai finalement appris à déléguer et à faire confiance.

P.V.T. C’est normal. Moi non plus, je n’ai pas fait une école de business. Je suis ingénieur de formation et j’ai aussi ressenti cela quand j’ai dû diriger une équipe pour la première fois. C’est un vrai apprentissage. Si je devais faire le parallèle avec le monde de la musique, je dirais que c’est un peu comme celui qui a toujours joué seul de son instrument et qui, tout d’un coup, se retrouve dans un groupe ou dans un orchestre. Quand on joue en solo, on sait ce qu’on peut apporter en matière de connaissances, mais si l’on est appelé à diriger un groupe ou une équipe, on peut alors le faire de deux manières. Soit, on se voit comme le chef et on ne joue plus du tout de musique. Ça, ce n’est pas moi ! Soit on se voit plutôt comme un membre de cette équipe qui apporte sa contribution et qui participe surtout à l’harmonie du groupe. C’est le plus difficile parce que chaque individu est différent. Chacun a son expertise et il faut avoir la capacité d’écouter tout le monde, mais en réussissant quand même à jouer quelque chose d’harmonieux tous ensemble. Comme CEO, j’ai appris qu’on est complètement dépendant des autres et il faut d’ailleurs un peu aimer cela, même si c’est aussi parfois une forme de stress.

On peut être un très bon manager et un très mauvais leader. Le leadership, c’est l’écoute et le respect de ses collaborateurs.” Philippe Van Troeye

M.Y. A la RTBF, nous avons eu quelques cours de management, parce qu’il y avait d’autres animateurs radio qui, comme moi, sont devenus directeurs d’une chaîne : Jean-Pierre Hautier à La Première, Rudy Léonet à Pure FM, etc. Et donc, nous avons suivi quelques sérieux séminaires à l’initiative de Jean-Paul Philippot, notre administrateur général. Nous avons appris les bases du management et cela m’a bien servi au final pour diriger Classic 21.

P.V.T. C’est une chaîne qui est devenue une radio de référence. C’est un peu comme une bibliothèque qu’on écoute. On y apprend plein de choses sur le rock. Vous pouvez en être fier !

M.Y. Oui, on a commencé avec 5% de part de marché et lorsque j’ai terminé ma carrière de directeur radio, elle était à 12%. Mais ça, c’est surtout grâce à l’équipe qui travaillait autour de moi, aussi bien l’équipe de Classic 21 que ma propre direction. C’est un bonheur de travailler avec des gens comme ça. D’ailleurs, ce que je retiens surtout de cette expérience, c’est l’importance de pouvoir fédérer une équipe autour d’un projet commun et d’incarner le rôle de leader plutôt que simplement celui de chef. Si on peut faire cela, on a déjà fait la moitié du chemin.

P.V.T. Je suis d’accord avec vous. Il ne faut pas confondre les deux mots. Ce sont deux rôles très différents. On peut être un très bon manager et être un très mauvais leader. Le leadership, c’est aussi l’écoute et le respect de ses collaborateurs. C’est arriver à adapter son projet aux gens et à l’environnement pour le faire réussir.

M.Y. Tout à fait.

P.V.T. J’aimerais bien, comme vous, m’imposer un nouveau challenge après avoir tourné la page du métier de directeur. Par exemple, je me vois bien redonner des cours. J’ai déjà donné des cours en début de carrière et puis, cela m’a toujours intéressé de transmettre mon savoir. Je trouve que la transmission donne une certaine satisfaction. Cela m’a toujours motivé.

M.Y. En tant qu’animateur radio depuis… ( il hésite) 38 ans maintenant – c’est quand même dingue, hein ! – c’est ce qui m’a toujours porté : transmettre. Alors, ce n’est pas nécessairement transmettre un savoir, mais surtout transmettre une passion et finalement du bonheur.

P.V.T. Et aussi de l’envie pour ceux qui suivent !

M.Y. C’est le plus important : aider à faire éclore les talents.

P.V.T. C’est toujours quelque chose d’extrêmement gratifiant.

M.Y. J’aime bien transmettre et c’est pour ça aussi que je donne des conférences. Comme je vous le disais, j’en ai une qui s’appelle Rock et management où j’explique que le rock’n’roll est une affaire extrêmement sérieuse et que l’histoire de certains groupes peut inspirer les chefs d’entreprise. Je parle notamment des groupes qui ont pris des risques.

P.V.T. Un groupe de rock, c’est une forme d’entrepreneuriat, quelque part.

M.Y. Exactement ! Et le rock peut être inspirant. Je vous vais donner un exemple parmi d’autres : c’est Genesis. Quand le chanteur Peter Gabriel décide de s’en aller, les autres membres du groupe auditionnent 150 chanteurs avant de se rendre compte que la perle rare se trouve au sein même de Genesis. C’est Phil Collins, le batteur qui devient chanteur et c’est un choix qui se révélera payant. C’est un exemple inspirant parce qu’en entreprise aussi, on cherche parfois la solution à l’extérieur avec des chasseurs de tête alors qu’elle se trouve tout simplement en interne.

P.V.T. C’est très intéressant.

M.Y. Oui et, pour moi, donner des conférences est devenu un nouveau métier. Il m’est même arrivé d’en faire quelques-unes avec l’économiste Bruno Colmant. Il est fan de rock et il en connaît un bout.

P.V.T. Ah bon ?

M.Y. Oui, je vous assure ! Tout comme le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort, d’ailleurs. C’est un grand fan de rock.

P.V.T. C’est comme moi, quoi ! En me voyant, les gens ne penseraient jamais que je suis un grand fan de rock, simplement parce que je suis CEO.

On a beaucoup parlé de musique, mais pas encore d’énergie…

P.V.T. Mais la musique, c’est de l’énergie ( sourire) ! C’est vrai que j’écoute souvent de la musique pour me détendre, mais aussi pour retrouver de l’énergie, justement. La musique, ce n’est pas une énergie plate. Il y a des phases, des variations… C’est comme la vie ! Et c’est pour ça que j’aime beaucoup le rock symphonique qui, lui, est marqué par ces variations de tempos extrêmes. Queen, par exemple.

M.Y. Les ballades de Metallica aussi !

P.V.T. Oui. Et les ballades de UFO.

M.Y. ( Stupéfait) Vous connaissez UFO ? Incroyable.

P.V.T. Oui. J’aime beaucoup !

M.Y. Je suis vraiment très surpris parce que UFO est un groupe qui n’est vraiment pas connu. Bravo ! Alors, si vous voulez parler d’énergie, sachez que j’ai fait installer des panneaux solaires sur le toit de ma maison il y a une dizaine d’années déjà ( sourire). Cela a contribué à diminuer fortement ma facture d’électricité, mais ce n’est pas pour cela je suis forcément opposé aux centrales nucléaires. Tant qu’elles fonctionnent bien et que l’on assure vraiment la sécurité de la population, je ne vois pas pourquoi il faudrait s’en passer. En fait, je suis pour le mix énergétique.

Au menu de la rencontre entre Marc Ysaye et Philippe Van Troeye: énergie, coronavirus, leadership et musique rock
© Frédéric Sierakowski (Isopix)

P.V.T. Je suis partisan d’un mix aussi.

M.Y. Je n’imagine pas aujourd’hui qu’une personne qui fait construire une maison puisse le faire sans intégrer des panneaux photovoltaïques. Mais j’avais une question à vous poser. Si ma mémoire est bonne, Electrabel ou Engie a longtemps été impliquée dans le sponsoring de grands festivals…

P.V.T. Oui, c’est vrai. On a bien soutenu les Francofolies de Spa par exemple.

M.Y. Je suppose que les budgets se sont réduits ?

P.V.T. Oui, fortement. Ce n’est pas un secret : Electrabel a passé quelques années difficiles en termes de résultats et puis, il faut dire aussi que nous avons décidé de changer de stratégie à ce niveau-là. Nous avons arrêté le sponsoring dans la musique pour soutenir davantage des activités à vocation sociale comme, par exemple, le sponsoring d’activités de handisport ou d’intégration de personnes défavorisées. On s’est rendu compte qu’il valait peut-être mieux mettre cet argent dans des causes sociétales. Je suis assez favorable à cela. Je pense qu’une entreprise ne doit pas faire que de la publicité et être simplement une affiche dans un stade de football. Elle doit être aussi un acteur dans la société et je pense que nos collaborateurs sont d’ailleurs plus sensibles à ce type d’investissement. C’est une question de sens.

M.Y. Je comprends. Rien à voir : je suis tombé sur un article à votre sujet où vous parliez des livres de votre bibliothèque. C’est vraiment impressionnant !

P.V.T. Oui, il y a beaucoup de livres qui touchent à la physique et aux mathématiques, même s’il n’y a pas que ça. C’est une forme d’échappatoire. Moi qui ai une certaine dynamique sociale et qui aime vivre dans l’entreprise, j’ai parfois besoin de repli personnel et ce repli, je vais le chercher dans certaines choses que je ne partage à la limite avec personne. C’est un moyen de lâcher prise avec le monde professionnel. Alors, ça peut être un traité de mathématiques, mais ça peut être aussi parfois un bon Iron Maiden dans les oreilles ! The Number of the beast, c’est quand même exceptionnel…

M.Y. Vous êtes décidément surprenant !

P.V.T. Mais j’écoute de la musique classique aussi !

M.Y. Je m’y suis mis également. Je suis d’ailleurs devenu un auditeur assidu de Musiq3, même si j’écoute encore Classic 21. En revanche, dans ma bibliothèque, je n’ai quasiment que des biographies de rock stars.

P.V.T. Je dois avouer que je n’en lis pas car j’ai plutôt tendance à faire une espèce de scission entre l’écoute de la musique et l’histoire qui l’accompagne. C’est peut-être un tort, mais cela ne m’a jamais passionné.

M.Y. En tout cas, j’ai été ravi de vous rencontrer.

P.V.T. Moi de même !

M.Y. Donc, si jamais Peter Gabriel revient en Belgique, je vous appelle…

P.V.T. Avec plaisir !

Marc Ysaye

  • Né le 3 janvier 1954.
  • Cofondateur du groupe rock Machiavel en 1975.
  • Il rejoint la RTBF en 1982 comme assistant radio et devient animateur de l’émission Les Classiques sur Radio 21 en 1988.
  • Directeur de Classic 21 de 2004 à 2019.
  • Auteur d’un premier album solo Back to Avalon en 2020.
  • Animateur de conférences- spectacles dont Lennon : the last day qu’il présente au TTO à Bruxelles jusqu’au 3 octobre et qu’il reprendra du 2 au 8 décembre prochain.

Philippe Van Troeye

  • Né le 25 juin 1962.
  • Diplômé de la Faculté polytechnique de Mons en 1985.
  • Il débute sa carrière chez Phillips en 1986 avant de rejoindre le groupe GDF Suez en 1988 où il exerce différentes fonctions au sein de la production chez Electrabel.
  • En 2014, il devient directeur général d’Electrabel, puis directeur général d’Engie Benelux en 2016.
  • Depuis avril 2018, il préside Febeg, la fédération belge des entreprises électriques et gazières.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content