Macron, bis repetita?

Emmanuel Macron © BELGAIMAGE

Les élections présidentielles et législatives en France augurent une année politique quelque peu mouvementée.

Si Emmanuel Macron est élu pour un second mandat à l’issue du scrutin à deux tours des 10 et 24 avril 2022, il deviendra le premier président français à être réélu depuis 20 ans. Mais il ne devra pas ménager ses efforts pour y parvenir.

En effet, la France a plutôt bien résisté à la pandémie de 2021: les écoles n’ont pratiquement pas été fermées, les entreprises et les salaires ont été bien protégés et les vaccins, largement distribués. Au cours de l’année qui vient, le rebond économique continuera à stimuler la création d’emplois. Le pays est moins taxé, plus à l’aise avec les technologies et plus favorable aux entreprises qu’il y a cinq ans. Sur le papier, tout cela est de bon augure pour Emmanuel Macron. Encore doit-il montrer qu’il n’est pas seulement compétent, mais qu’il sait aussi écouter.

La course au mandat présidentiel sera disputée, âpre et clivante. Les Français n’aiment rien de moins qu’un scénario prévisible. Les sondages vont fluctuer et les électeurs joueront avec les nerfs des candidats. Ils ne voudront pas assister à une répétition de 2017, qui opposerait Emmanuel Macron à Marine Le Pen. La leader du Rassemblement national s’adressera principalement aux gilets jaunes anti-Macron. La dirigeante de l’extrême droite empruntera des slogans du Brexit, tels que “Reprenons le contrôle”, bien qu’elle n’appellera plus à un référendum sur le “Frexit”, ni à un retrait de l’euro. Mais pour sa troisième tentative à la présidence, elle ne bénéficiera plus de l’élément de nouveauté.

Les partis pèseront bien moins que les personnalités et les sondages. Il n’est pas à exclure qu’un populiste perturbateur bouleverse la donne, comme on a pu le voir en Amérique et au Brésil. La version française s’appelle Eric Zemmour, un polémiste anti-immigrés et islamophobe de 63 ans, qui décrit Marine Le Pen comme trop timorée et entraîne le débat sur un terrain encore plus toxique. Il pourrait diviser le vote d’extrême droite et empêcher celle-ci d’accéder au second tour. Les Républicains de centre droit représenteront l’alternative la plus crédible à Macron, avec leur candidate Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France dont fait partie la capitale, une joueuse d’équipe axée sur les politiques publiques. Elle promettra de “respecter” davantage les Français – une allusion à la réputation d’arrogance d’Emmanuel Macron.

VALÉRIE PÉCRESSE, candidate des Républicains, est présentée comme l'alternative la plus plausible à Emmanuel Macron.
VALÉRIE PÉCRESSE, candidate des Républicains, est présentée comme l’alternative la plus plausible à Emmanuel Macron.© BELGA IMAGE

Les perspectives de la gauche, en revanche, semblent minces, à moins que les adversaires ne parviennent à s’unir derrière une candidature unitaire. La socialiste Anne Hidalgo (maire de Paris) et le candidat des Verts, Yannick Jadot, attirent les électeurs citadins qui se déplacent à vélo, mais ils ne parviennent pas à capter l’électorat plus large. Les candidats de la gauche radicale, dont Jean-Luc Mélenchon, diviseront encore plus le vote.

A la tête de l’Europe

En janvier, la France prendra la présidence du Conseil de l’Union européenne pour une période de six mois. L’Europe sera ainsi au coeur de la campagne de Macron. Il faut s’attendre à ce qu’il mette en avant la “souveraineté européenne”, pour répondre à la montée en puissance de la Chine et au désengagement des Etats-Unis. Mis à mal par les anglophones dans la région indopacifique, Macron souhaitera, plus que jamais, renforcer les liens stratégiques de la France et s’ériger en figure de proue de l’Europe dans l’ère post-Merkel.

Une victoire de Macron est encore fort probable. Mais il sera confronté à un adversaire de taille au centre droit. Même s’il gagne, il aura vraisemblablement du mal à obtenir une majorité aux élections législatives de juin. Il aura besoin de l’aide d’Edouard Philippe, son ex- Premier ministre, qui utilisera son nouveau parti, Horizons, pour gagner des sièges et de l’influence. Un nouveau gouvernement tentera de limiter les dépenses publiques après les budgets extraordinaires de la pandémie, et de relever l’âge de la retraite. Ce qui ne manquera pas d’entraîner des manifestations vigoureuses et des grèves. Même s’il est réélu, le président français aura du mal à calmer les divisions après une année fébrile et turbulente.

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