Laurent Vanat: “Les nouvelles générations sont moins assidues au ski”

© PG / NATHALIE RENDU

Tous les ans, le consultant suisse Laurent Vanat publie une étude très fouillée sur le marché du ski dans le monde. Il couvre 67 marchés, y compris la Belgique.

Comment se porte le business du ski en Europe occidentale ? Votre rapport parle d’un marché arrivé à maturité.

Depuis deux ans, l’évolution de ce marché est redevenue positive. Cet hiver devrait se terminer sur de bons chiffres grâce à un bon enneigement. Cela ne change pas la tendance générale : le marché du ski est, dans les pays occidentaux, arrivé à maturité. Il a connu la prospérité grâce à la génération des baby-boomers qui sont souvent venus en famille, même avec leurs enfants adolescents, alors que ceux-ci ne les suivaient plus pendant l’été. Le grand défi du ski, aujourd’hui, est le renouvellement du public. Les nouvelles générations sont moins assidues. Beaucoup de facteurs font que l’intérêt pour le ski a reculé : les vols low cost, les jeux vidéos, la stagnation des classes moyennes. Et aussi l’évolution des familles : il y a davantage de familles recomposées, et tous les membres ne sont pas forcément intéressés par le ski.

Que font les stations de ski face à cette évolution ? Elles se diversifient, améliorent leur activité durant l’été… ?

Oui, elles se diversifient. Autant pour occuper les gens lors de Noëls sans neige que pour distraire ceux qui ne sont pas intéressés par le ski. Avec des piscines, des randonnées en raquettes, etc. L’été prend aussi de l’importance. Trop de stations sont mortes durant cette saison, alors qu’historiquement, les vacances à la montagne se déroulaient en été. Ce n’est pas simple car si vous accueillez 10.000 à 20.000 personnes sur les pistes de ski, vous ne pouvez espérer attirer le même nombre dans une piscine en été ! Il faut beaucoup d’activités différentes. Certaines stations y arrivent, comme celle de Tremblant, au Québec, qui a développé des activités estivales, dont le golf et des sports nautiques sur un lac. En Suisse, Moléson est autant fréquentée en été qu’en hiver. Le succès de l’été est important pour rentabiliser les stations.

Vous indiquez aussi que la culture du ski n’est pas aisée à populariser dans les pays où cette pratique est inconnue. Comment se fait-il que la Chine soit devenue le troisième pays du ski, en nombre de skieurs ?

Parce que la Chine est un berceau du ski. Les Chinois recouraient à des skis avec des peaux depuis des millénaires dans l’Altaï (massif montagneux à l’intersection de la Chine, de la Mongolie et de la Russie, Ndlr). Parce que l’hiver est très rigoureux dans certaines parties du pays. A Harbin, il y a un festival de sculptures de glace. Le public est donc accoutumé au froid. C’est un élément clef pour le ski. Les Jeux olympiques d’hiver de Pékin de 2022 provoquent un engouement visible. La Chine compte 26 ski domes (pistes de ski en intérieur, Ndlr), soit près de la moitié des installations dans le monde. Le vrai défi est celui de l’apprentissage du sport. Le pays compte beaucoup de petites stations où l’encadrement n’est pas parfait. Il y a donc un risque que beaucoup de ceux qui viennent s’initier ne reviennent pas.

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