Les dernières bouffées

© raphaël demaret

Dans la région de la Semois, les quelques vieux hangars à la toiture rouillée toujours debout témoignent du passé enfumé de la région. Autrefois porteuse, la production de tabac est désormais presque éteinte dans notre pays. Ils ne sont plus que trois en Ardenne. Vincent Manil est l’un de ces résistants. Et si sa production est minime, sa réputation a, elle, traversé les continents.

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Une réputation mondiale grâce au ” New York Times ”

Actif depuis plus de 25 ans, Vincent Manil est l’un des derniers producteurs belges de tabac. Et son travail est reconnu dans le monde des fumeurs. Outre ses classiques paquets, il a également développé la production de ” bouchons à pipe “, de petits cônes de tabac à insérer directement dans la pipe et recherchés par certains puristes. Un concept unique en Belgique. Mais son aura, Vincent Manil ne la doit pas qu’à l’originalité de ce travail. Depuis trois ans, le petit producteur belge peut se targuer d’une réputation qui dépasse largement nos contrées. Un succès qu’il doit pour beaucoup à un journaliste américain, complètement fan de tabac de la Semois. ” Il m’a appelé pour savoir s’il pouvait venir voir la production, explique Vincent. J’ai d’abord cru à une blague avant de lui dire que ça ne valait vraiment pas la peine de venir des Etats-Unis pour me voir. C’est tout petit chez moi. Mais cela ne l’a pas découragé et il est finalement resté une semaine pour son reportage. ” Quelques mois plus tard, une double page sur le producteur et la région était publiée dans le New York Times. Le journaliste y présentait la production belge tout simplement comme l’une des meilleures au monde. Une visibilité inespérée qui ne tarda pas à avoir des conséquences. ” Dès la nuit qui a suivi la publication de l’article, j’avais plus de 80 mails d’Américains voulant m’acheter du tabac. Aujourd’hui, trois ans plus tard, j’ai encore des demandes “, sourit l’artisan, visiblement un peu dépassé. Plusieurs importateurs se sont également intéressés à son travail, de quoi permettre à Vincent Manil d’exporter vers l’Oncle Sam de façon un peu plus organisée. Aujourd’hui, le tabac du petit producteur ardennais se vend partout dans le monde et plus d’un journaliste étranger a fait le déplacement pour visiter son atelier.

1. Les ballots - Pour réaliser son tabac
1. Les ballots – Pour réaliser son tabac “Pur Semois”, Vincent Manil, producteur à Corbion, près de Bouillon, utilise une variété cultivée dans la région mais également à Wervik, en Flandre. Le tabac arrive chez lui en ballots de feuilles séchées de 8 à 15 kg. Chaque année, Vincent en commande quelques dizaines qu’il laisse ensuite reposer deux ans. ” J’ai toujours peur de l’humidité, je préfère donc les conserver un peu. J’ai déjà fait des tests en conservant des ballots plus longtemps mais cela n’apporte rien en termes de goût “, explique l’artisan.© raphaël demaret
2. L'humidification - Pour être travaillé, le tabac doit d'abord être mouillé.
2. L’humidification – Pour être travaillé, le tabac doit d’abord être mouillé. ” Sec, il n’est tout simplement pas manipulable “, précise Vincent. Avant chaque production, l’artisan trempe donc ses ballots dans une grande bassine d’eau. Ils y reposeront durant 24 heures, le temps que le tabac soit humide jusqu’au coeur même du ballot.© raphaël demaret
3. La coupe - Les feuilles, enfin manipulables, sont disposées dans une sorte de hachoir qui coupera le tabac.
3. La coupe – Les feuilles, enfin manipulables, sont disposées dans une sorte de hachoir qui coupera le tabac. ” La machine date des années 1930 “, sourit Vincent Manil. L’artisan peut adapter la vitesse du tapis amenant les feuilles à la trancheuse. Une opération qui permet de modifier la taille de la découpe. “Cette différence d’épaisseur aura une influence lors de la consommation.”© raphaël demaret
4. La torréfaction - Une fois découpé, le tabac  est placé dans un torréfacteur datant lui aussi d'une autre époque.
4. La torréfaction – Une fois découpé, le tabac est placé dans un torréfacteur datant lui aussi d’une autre époque. ” Il fonctionne au feu de bois, évidemment sans thermostat. Je vérifie donc la température avec ma main”, sourit Vincent Manil. La première fournée prendra environ une heure trente, le temps pour le torréfacteur de monter en température. Les fournées suivantes ne prendront environ qu’une trentaine de minutes. “C’est une étape assez importante, précise le producteur. Cela se joue à quelques minutes près. “© raphaël demaret
5. Le refroidissement - Etape suivante de la production: le refroidissement. A cette fin,  Vincent Manil utilise un grand tamis sur lequel il dispose  le tabac sorti du torréfacteur.  En dessous, un ventilateur aspire le tabac.
5. Le refroidissement – Etape suivante de la production: le refroidissement. A cette fin, Vincent Manil utilise un grand tamis sur lequel il dispose le tabac sorti du torréfacteur. En dessous, un ventilateur aspire le tabac. ” Dans l’autre sens, cela volerait partout “, explique l’artisan.© raphaël demaret
6. L'empaquetage - Enfin prêt à être fumé, le tabac est ensuite empaqueté. Une étape également réalisée sur place.  Les emballages sont d'abord pliés manuellement, un par un. Ils sont ensuite placés dans une empaqueteuse, tout aussi old school que le reste de l'équipement. Vincent Manil pèse manuellement la quantité de tabac qui sera insérée dans chaque paquet.  Il lui faudra une heure pour en réaliser 300, d'officiellement 90 grammes.
6. L’empaquetage – Enfin prêt à être fumé, le tabac est ensuite empaqueté. Une étape également réalisée sur place. Les emballages sont d’abord pliés manuellement, un par un. Ils sont ensuite placés dans une empaqueteuse, tout aussi old school que le reste de l’équipement. Vincent Manil pèse manuellement la quantité de tabac qui sera insérée dans chaque paquet. Il lui faudra une heure pour en réaliser 300, d’officiellement 90 grammes. ” Mais en réalité, on doit être plus proche des 100 grammes .” L’artisan dispose également d’une machine comparable pour la réalisation de paquet de 200 grammes.© raphaël demaret
7. L'emballage - Les paquets dorés sont désormais fermés. Ne reste plus à l'artisan qu'à appliquer son étiquette. Une opération également réalisée à la main,  à l'aide d'un pinceau et de colle. Enfin, puisque la vente du tabac est l'objet d'une taxation spécifique, une bandelette fiscale est également apposée  sur les paquets destinés au marché belge.
7. L’emballage – Les paquets dorés sont désormais fermés. Ne reste plus à l’artisan qu’à appliquer son étiquette. Une opération également réalisée à la main, à l’aide d’un pinceau et de colle. Enfin, puisque la vente du tabac est l’objet d’une taxation spécifique, une bandelette fiscale est également apposée sur les paquets destinés au marché belge.© raphaël demaret
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