Les blessures d’une mère

Edouard Louis, Combats et Métamorphoses d'une femme, éditions du Seuil, 128 pages, 14 euros. © PG

Edouard Louis consacre “Combats et métamorphoses d’une femme” aux souffrances et à la libération de sa mère.

La littérature pour comprendre et expliquer. Pour dire la violence. Toutes les violences. Pour parler de ces absentes de la littérature. Comme Monique. Un “être qui a lutté pour devenir une femme”. La maman du narrateur.

Depuis son premier roman, Pour en finir avec Eddy Bellegueule en 2014, Edouard Louis creuse le même sillon. A partir de son histoire familiale, il aborde les violences qui ont traversé sa vie et celles de ses proches: la violence subie parce qu’homosexuel dans un milieu qui le rejette, la violence de l’agression sexuelle dont il a été victime, la violence des élites sur les plus fragiles…

Dans son quatrième roman, c’est à la figure maternelle qu’il s’attache. Une femme à qui on a volé non seulement les rêves mais aussi l’histoire. Une femme objet de violence et d’humiliation pendant plus de 20 ans. Victime d’un homme mais aussi d’une entreprise de domination masculine que l’auteur se reproche d’avoir lui-même entretenue. Sans savoir, sans le vouloir. Car cette courte autofiction ne se contente pas de raconter la mère. Elle dit aussi les tourments du narrateur, qui lutte pour ne pas devenir le fils de cette femme-là, la honte, l’incompréhension mutuelle, la fracture sociale et intellectuelle. Cette violence, encore elle, qui surgit quand le fils prend son envol au moment d’entamer des études supérieures, comme s’il tournait le dos à la misère dans laquelle il a grandi. Mais aussi les rares moments de sourires, parenthèses où mère et fils se retrouvent brièvement. Et puis il y a la libération tardive de cette femme qui a décidé de ne pas mourir avant d’avoir un peu vécu.

Le style d’Edouard Louis consiste à créer, à partir de mots simples, une littérature d’une grande densité. Un texte qui, même s’il raconte son histoire, éveille le regard de tout lecteur sur la violence d’un monde, le nôtre, où tout est fait pour diviser.

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